La Grotte des Perturbés ou le combat d’une femme contre la fatalité

Réalisation Anthony Mandler

" Bum bum be-dum bum bum bum be-dum bum ", ces mots, qui n'ont aucun sens, ont pourtant su devenir l'hymne de toute une génération. Celle des personnes souffrant de troubles mentaux. Mais si leurs voix ont pu s'élever et leur condition enfin acceptée c'est grâce une femme.

Une femme qui a su dire non aux tabous, une femme qui a osé regarder la folie dans les yeux, une femme qui n'a cessé de livrer un combat acharné contre la fatalité, et cette femme c'est Rihanna.

Avec Disturbia Rihanna revient sur un épisode sombre de son existence et décide de dire toute la vérité à ses fans. Elle confiera elle même que cette chanson et ce clip (qu'elle a codirigé) ont été une véritable thérapie et un moyen pour elle de faire la paix avec son passé.

En 2006, Rihanna traverse une longue période de " fatigue émotionnelle ". Ne sachant que faire, la famille de la chanteuse décide alors d'hospitaliser le petit prodige dans un centre psychiatrique connu sous le nom de La Grotte des Perturbés. D'abord résignée à son triste sort la petite princesse du r'n'b passe ses journées assise sur un fauteuil tournant en hurlant sa peine et son désespoir, répétant en boucle " bum bum be-dum bum bum be-dum bum". Après un long moment de perdition et de questionnement (" What's wrong with me ? Why I do feel like this ? I'm going crazy now ") Rihanna découvre finalement un sens à cette mystérieuse incantation et retrouve l'énergie de vivre. Elle abandonne son funeste fauteuil tournant et s'assoit fièrement sur un trône de bois, qui lui, ne tourne pas. Ne se laissant pas impressionner par la folie environnante, la chanteuse se lance dans la contrebande de cigarette et décide de faire de ce lieu de misère humaine sa force.

Bien que hantée par les mots de sa mère qui n'a eu de cesse de lui répéter - " c'est de famille Riri, la folie est dans ton sang, tu ne pourras rien y changer "- Rihanna fait le choix de se battre contre la fatalité. C'est armée de ses talons aiguilles et de son fard à paupière argenté que la chanteuse va lancer une vrai révolution dans le centre hospitalier. Elle entreprend de convaincre Marta la femme à l'éventail qu'elle n'est pas victime de ménopause chronique, elle se montre douce et compréhensive avec Olaf le borgne (qu'elle appelle " mon cyclope en sucre " et avec qui elle est toujours en contact à ce jour), elle n'hésite pas à caresser tendrement les cheveux de Sacha l'homme qu'on ne pouvait pas toucher, mais surtout, elle ose enfin établir un contact avec Giselle sa sœur jumelle internée dans la Grotte depuis l'âge de trois ans (la chanteuse n'a pas voulu révéler la cause qui a poussé la famille à placer Giselle dans ce centre).

Fière de tous ces progrès Rihanna, qui n'a plus froid aux yeux, va jusqu'à enseigner la danse à ses nouveaux amis en vue de concourir à la prochaine saison de " You Can Dance " ! Bien malheureusement cette nouvelle vitalité émergeante n'est pas au goût de la direction de l'asile et c'est une punition sans précédent qui attend notre chanteuse : l'isolement. La belle barbadienne avouera lors de la promotion de l'album que ce fut le moment le plus dur qui lui fut donné de vivre. Dans les affres de la solitude, Rihanna se met à parler à une poutre et tente de trouver du réconfort auprès d'un mannequin en plastique. La chanteuse subit aussi de nombreuses tortures dont celle que l'on appelle " la mygale ", ou " les mains emplâtrées " dans le jargon médical. De cette période d'isolement elle ne garde qu'un seul bon souvenir : Sommerset, le chien-loup empaillé qui fut son seul et vrai confident, " My diamond ear " comme elle l'appelle (la chanson Diamond est d'ailleurs un hommage à son compagnon de fortune).

C'est finalement à la seule force de son esprit et de son ingéniosité que la jolie chanteuse réussi à se sortir du centre (qui à ce jour a fermé ses portes) en crochetant la serrure de ses chaines à l'aide de ses talons aiguilles.

Disturbia est un témoignage poignant de l'enfer caché qu'a été La Grotte des Perturbés. Mais c'est aussi une ode à la liberté et à l'acceptation de soi, et surtout un message d'espoir pour tous les fous de ce monde car " fatal n'est pas la fatalité ". (Telle est la signification de la mystérieuse incantation " bum bum be-dum bum bum be-dum bum ".)

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