L’Argent de la vieille

Par Cinevu @cinevu

Réalisation Luigi Comencini 1977

L’âge d’or du cinéma Italien, entre tragédie et comédie.

Les situations graves sont tournées à la dérision; on hésite entre rire et larme. Un bidonville au pied d’un domaine luxueux appartenant à « La Vieille ». Peppino et Antonia (chiffonniers) l’attendent chaque année pour la défier aux cartes, la vieille est joueuse et ils espèrent bien la plumer. Tout le quartier attend l’évènement et quand la millionnaire arrive, la folie s’empare de chacun, les paris vont bon train du professeur au curé et jusqu’au croque mort. Antonia et Peppino vont-ils, enfin, gagner les parties de cartes endiablées ?

Mais « La Vieille  » n’a pas de limite, elle peut jouer sans fin, c’est pathologique, de plus elle a les moyens de perdre et perdre encore, elle ira jusqu’au bout.

Bette Davis est monstrueuse de méchanceté et de vice, prête à tout elle est  rusée et mauvaise joueuse, mais jamais résignée, une performance à la hauteur de la comédienne.

Antonia, bien plus joueuse que son mari, veut toujours plus, ça peut la perdre, Silvana Mangano est superbe, déterminée, sauvage et passionnée.

Alberto Sordi est le roi des cons, simple, généreux et  nature, un rôle qui lui va à merveille, on ne peut que l’adorer dans sa gentillesse quasi naïve.

Ce qui reste le plus troublant c’est la misère combinée à l’optimisme de ce bidonville, un peuple pauvre et plein d’espoir. La Vieille c’est la porte de sortie, c’est le mat de cocagne et tous semblent y croire avec conviction sauf peut-être la petite de Pepinno, plus lucide mais plus sombre aussi.

Une comédie émouvante par sa sincérité, par sa lucidité sur deux mondes :  les pauvres rêvent et les riches s’amusent mais l’argent gagne la partie.

Luigi Comencini avait le sens du drame et de la comédie, ce film est une réussite sur tous les plans, c’est drôle et c’est bouleversant.

Synopsis Télérama Argent de la vieille : Antonia et Peppino, un couple de chiffonniers, vivent avec leurs cinq enfants dans un bidonville de la banlieue romaine. Ils sont liés par un rituel immuable à une riche vieille dame américaine qui, chaque année, vient passer quelques jours à Rome. Passionnée par le jeu, celle-ci invite Antonia et Peppino dans sa somptueuse villa pour y disputer d’interminables parties de «scopone scientifico», un jeu de cartes où ils excellent. Malgré l’adresse du couple à ce jeu complexe, la vieille dame l’emporte toujours car sa fortune lui permet de miser sans fin. Pourtant, Peppino et Antonia gardent l’espoir d’empocher un jour «l’argent de la vieille»…