genre: science-fiction
année: 1968
durée: 1h52
l'histoire : Egaré dans l'espace-temps, un engin spatial américain s'écrase en 3978 sur une planète inconnue. Les astronautes Taylor, Landon et Dodge découvrent que les hommes primitifs de cette planète mystérieuse sont placés sous le joug de singes très évolués.
La critique :
Franklin J. Schaffner fait partie des grands artisans du cinéma hollywoodien. On lui doit plusieurs films cultes et/ou classiques du cinéma américain, entre autres, Papillon, Patton ou encore Ces garçons qui venaient du Brésil. Vient également s'ajouter La Planète des Singes, sorti en 1968. Le film est évidemment l'adaptation du roman éponyme de Pierre Boulle, publié en 1963.
Cependant, les origines du long-métrage remontent à 1960 lors de la diffusion de La Flèche dans le Ciel, un épisode de la série télévisée La Quatrième Dimension. Cet épisode anxiogène décrit le marasme, la solitude et la folie qui s'emparent de trois astronautes ayant échoué sur un astéroïde désertique et chaotique.
Parallèlement, le producteur Arthur P. Jacobs découvre le roman de Pierre Boulle, qui partage de nombreuses analogies avec La Flèche dans le Ciel. Il engage alors Rod Serling (le créateur de La Quatrième Dimension) pour écrire le script de La Planète des Singes. Arthur P. Jacobs évoque alors le projet à Charlton Heston, promu future vedette de cette adaptation science-fictionnelle.
Néanmoins, les producteurs hollywoodiens se montrent hostiles et rétifs à ce nouveau projet. La Warner Bros accepte malgré tout de financer le film pour un budget de dix millions de dollars. Hormis Charlton Heston, le long-métrage réunit Andy McDowall, Kim Hunter, Maurice Evans, James Whitmore, James Daly et Linda Harrison.
Dans un premier temps, Edward G. Robinson, futur partenaire de Charlton Heston dans Soleil Vert, est envisagé pour interpréter le rôle de Zaius. Hélas, l'acteur souffre de troubles cardiaques et doit décliner l'invitation. D'autres grandes stars de l'époque sont également approchées et contactées, notamment James Brolin et Ingrid Bergman, néanmoins sans succès.
Pour les maquillages des singes du film, le créateur John Chambers passe plusieurs heures au zoo de Los Angeles où il étudie les expressions faciales des primates. Il s'entoure également d'une équipe de 80 personnes pour travailler sur les masques et les costumes des différentes créatures. Au moment de sa sortie, La Planète des Singes est à la fois plébiscité par le public et les critiques cinéma.
Immense succès à sa sortie, le long-métrage se transforme en une véritable saga. Il sera suivi par Le Secret de la Planète des Singes, Les évadés de la planète des singes, La Conquête de la planète des singes et La Bataille de la Planète des Singes. En 2001, le film connaît même un remake homonyme réalisé par les soins de Tim Burton. Dix ans plus tard, les producteurs hollywoodiens décident de relancer la saga avec deux préquelles : La Planète des Snnges : les origines (2011) et La planète des Singes : l'affrontement (2014). Attention, SPOILERS !
Une expédition scientifique américaine atterrit sur une planète inconnue, plus de 2000 ans après son décollage, au bout de 18 mois d'un voyage effectué à une vitesse proche de la lumière.
Le vaisseau s'écrase dans un lac, au milieu d'une région désertique. Les 3 hommes rescapés, Taylor, Landon et Dodge commencent une longue marche pour trouver de la vie. Au bout de plusieurs jours, ils découvrent des hommes à l'état sauvage, semblant muets, et ils deviennent bientôt traqués par des chasseurs montés à cheval, qui ne sont rien d'autres que des gorilles !
Tandis que Dodge est tué, Taylor est capturé (tout comme Landon) et placé sous la responsabilité de la psychologue pour animaux Docteur Zira, chimpanzé aux idées novatrices sur les hommes. Taylor essaie de convaincre les singes que les hommes peuvent réfléchir, mais les orangs-outans, qui dirigent la planète, ne l'entendent pas de cette oreille.
Dans La Planète des Singes, les rôles sont inversés. Les hommes qui descendent du singe sont devenus des esclaves, alors que leurs ancêtres ont repris le contrôle de notre monde. Etrange paradoxe qui permet néanmoins à Franklin J. Schaffner d'aborder de nombreuses thématiques passionnantes : une âme humaine vouée à l'annihilation, la destruction et à la néantisation, la sottise des hommes de notre temps, cette course effrénée à l'armement nucléaire qui nous a finalement conduit à la paupérisation et à la mise en place d'une dictature à caractère simiesque.
En ce sens, La Planète des Singes annonce déjà tous les films de science-fiction et d'anticipation pessimistes qui sortiront durant les années 1970. On peut donc parler d'un film précurseur et particulièrement ambitieux.
La grande force du long-métrage repose essentiellement sur son message politique. En l'occurrence, Franklin J. Schaffner se concentre sur la société érigée par les primates. Cette dernière repose essentiellement sur une oligarchie scientifique et une junte militaire qui maintiennent les survivants humains dans l'esclavage et la servitude. Quant à l'intelligentsia, c'est elle qui détient le savoir et anônne les principes moraux et religieux de cette nouvelle caste omnipotente.
Clairement, malgré leur hégémonie et la mise en place d'une autorité irréfragable, les singes continuent de mépriser les hommes. Le jour où Taylor (Charlton Heston) est fait prisonnier, il suscite à la fois la convoitise de certains primates scientifiques et les craintes de cette même oligarchie.
Indocile et opiniâtre, Taylor ne va pas tarder à comprendre quelles sont les origines de cette peur indicible. Le territoire des singes est divisé en plusieurs zones. En outre, il existe même une zone interdite. C'est aussi dans cet endroit énigmatique et désertique que se trouve la clé de la vérité. Ainsi, Franklin J. Schaffner aborde plusieurs thématiques d'actualité, notamment l'intolérance, la xénophobie, l'Apartheid et la ségrégation raciale, très en vogue à l'époque (et encore hélas aujourd'hui...).
Bref, La Planète des Singes s'inscrit totalement dans nos problématiques modernes et contemporaines. C'est probablement ce dernier point qui explique son énorme succès au cinéma. Par la suite, les épisodes suivants continueront de marteler un message engagé et politisé avant qu'il ne soit échangé et estampillé par les sponsors hollywoodiens avec deux préquelles policées, certes tout à fait honorables, mais dénuées de tout fond idéologique.
Note : 17/20