Une affiche ou apparaissent deux personnages dont on se doute qu'ils ne finiront pas ensemble à la fin du film, voilà de quoi éveiller la curiosité du spectateur un peu lassé des comédies américaines lambda. Menée par le duo inédit formé par Anne Hathaway et Robert De Niro (tous les deux oscarisés, excusez du peu), Le nouveau stagiaire éveillait notre curiosité. Le nouveau film de Nancy Meyers (à qui l'ont doit notamment Ce que veulent les femmes avec un Mel Gibson surprenant ainsi que plusieurs autres comédies romantiques) est une histoire de génération et de confrontation des âges entre un De Niro assumant très bien ses 70 ans et une Anne Hathaway à peine trentenaire. Mais la force du scénario, également écrit par Nancy Meyers, est de ne pas faire reposer tout l'humour du film sur ce décalage. Avec Jules Ostin, le rôle interprété par Anne Hathaway, elle crée ainsi un personnage féminin fort et intéressant, qui vit par lui-même sans devoir être tributaire d'un homme. La réalisatrice nous dépeint ainsi de manière assez réussie une certaine tendance sociétale même si évidemment son propos n'est pas de faire un brûlot sur la société, que ce soit en parlant de la place des femmes dans les sphères dirigeantes ou de celle des retraités dans un monde ou ils finissent par se sentir inutiles. Nancy Meyers comme dans ses derniers long métrages se concentre plutôt sur la rencontre de ses deux personnages et l'impact qu'ils auront l'un pour l'autre. Et c'est à travers ces petites histoires que l'on entrevoit notre époque et ses contradictions.
Très New-Yorkais, le film est attaché à la ville et Nancy Meyers la filme de manière lumineuse et agréable. Chaque décor est attaché à un personnage et raconte à sa manière un pan de celui ci. D'un côté la société de Jules, start-up qui a grossi très vite et son immense loft ou tout le monde se voit mais court parfois sans se parler, des bureaux vitrés ou la patronne est toujours visible et donc ne se repose jamais. Et de l'autre l'appartement de Ben, Bob De Niro, qui raconte mieux que des mots la vie d'un homme de 70 ans, classe, rangé mais terriblement seul. Il y a quelque chose de théâtral dans la mise en scène de Meyers, et elle a d'ailleurs bien souvent situé ses films dans des lieux fixes mais disposant d'entrées et de sorties multiples pour que le mouvement puisse amener une dynamique indispensable. On pense ainsi à la société ou évoluaient Mel Gibson et Helen Hunt dans Ce que Veulent les femmes. Mais parfois elle sait aussi exploiter d'autres lieux dans des séquences très réussies, comme cet hommage à Ocean's Eleven dont on vous laisse la surprise. Au milieu de cette mise en scène assez efficace sans être tape à l'œil, les acteurs ont tout le loisir de s'exprimer. Et la réalisatrice sait diriger ses comédiens et les utiliser. Robert De Niro est ici étonnant tout en sobriété et en retenue. Personnage positif, il joue de son âge avec une intelligence qui confine au raffinement. Anne Hathaway en chef d'entreprise et femme forte est aussi très convaincante et même si on n'échappera pas à quelques larmes un peu trop fréquentes dans le jeu de la comédienne, elle défend un beau personnage. C'est d'ailleurs à travers elle et ses choix que le spectateur se posera les questions clés du film. Les deux têtes d'affiche sont entourés de seconds rôles assez rigolos bien qu'anecdotiques ( Rene Russo, Adam DeVine...) Finalement, Nancy Meyers nous peint un double portrait de personnages profondément lié à leur époque et qui la questionne tout en la vivant avec une force positive qui fait qu'on ressort de la salle avec le sourire. Et même si le film n'est pas inoubliable, les bons moments sont à savourer dès que possible.