genre: horreur, gore, trash (interdit aux - 18 ans)
année: 1994
durée: 32 minutes
l'histoire : Un médecin chirurgien s'amuse à jouer avec ses cadavres : éventration, viol et dissections font partie du menu fretin.
la critique :
En 1990, le réalisateur espagnol, Nacho Cerda, se fait déjà remarquer auprès des fans du cinéma horrifique avec son tout premier court-métrage, The Awakening. Certes, le film ne dure que sept petites minutes, mais le cinéaste montre déjà un certain talent derrière la caméra. Néanmoins, The Awakening ne reste qu'une oeuvre confidentielle et estudantine.
Cependant, certains artistes ont déjà repéré le potentiel de ce futur cinéaste. Dès 1994, Nacho Cerda confirme tous les espoirs placés en lui avec Aftermath. Suivront Genesis (toujours un court-métrage) en 1998 et son tout premier long-métrage, Abandonnée, sorti en 2006. En 2007, les éditions Wild Side profitent de l'occasion pour publier un dvd regroupant à la fois The Awakening, Aftermath et Genesis.
Les fans et la presse exultent et parlent même de la Trilogie de la Mort. Depuis une bonne vingtaine d'années, la nécrophilie s'est développée et presque démocratisée par l'intermédiaire de la vidéo. Ce sous-genre trash et horrifique compte désormais quelques classiques : Nekromantik, Nekromantik 2, Lune Froide, Visitor Q, Where the Dead Go To Die ou encore Deranged.
Dès ses premières minutes, Aftermath frappe très fort et délivre un véritable uppercut en pleine poire. Nacho Cerda plonge nûment le spectateur dans une morgue. Les dépouilles entièrement nues de diverses personnes anonymes sont disposées sur des tables mortuaires pour être lavées, nettoyées, astiquées et débarrassées de leurs éventuelles excoriations, le tout sous un silence de "cathédrale" (si j'ose dire...).
C'est probablement pour cette raison que Nacho Cerda a opté pour un film sans aucun dialogue, donc entièrement muet. Attention, SPOILERS ! Un jeune médecin légiste travaillant dans une morgue en Espagne se prend d'affection pour le cadavre d'une jeune femme morte dans un accident de la route. Il va commettre l'insensé, allant au-delà de la morale et brisant ses pulsions sexuelles en pratiquant un acte complètement amoral. Dans Aftermath, la tension monte crescendo.
Bien sûr, il est question ici de pulsions morbides et sexuelles. Mais pas seulement. A l'instar de Faces of Death (John Alan Schwartz, 1978) en son temps, Aftermath propose une vision très particulière et contemporaine de la Mort, de cette Faucheuse qui vient sonner le glas et le trépas de personnes anonymes.
Dans Aftermath, la mort est appréhendée de façon clinique et viscérale. A aucun moment, Nacho Cerda ne confère le moindre sentiment romanesque ou humain à ce court-métrage, quasiment tourné comme un documentaire. Le film se veut être le plus réaliste possible. Sur ce dernier point, un grand soin a été apporté aux maquillages et aux effets spéciaux du film.
En l'occurrence, les cadavres paraissent plus vrais que nature ! Un vrai paradoxe pour cette vision très nihiliste de la Faucheuse. De surcroît, Nacho Cerda se focalise sur l'étrange relation qui se noue entre un médecin de la morgue et une jeune femme décédée suite à un accident de la route.
Certes, il est difficile de parler réellement d'une "relation", puisque la malheureuse a exhalé son dernier soupir. Désormais, son corps appartient totalement à cet expert du macabre et du scalpel, vêtu d'une longue blouse chirurgicale, une sorte de sarreau protocolaire, conférant à la mort une gravité particulière et presque ineffable. C'est probablement pour cette raison que Nacho Cerda ne propose aucune explication sur les actes sauvages, libidineux et outranciers de son médicastre dément et psychopathe.
Aftermath se démarque par un réalisme cru, une froideur totale et par une plongée dans un monde quasi souterrain, presque inaccessible. Dans le court-métrage, il existe donc une dichotomie entre le monde des vivants et celui des morts, voués à la déréliction, la déshérence, le silence, la solitude et la putréfaction.
Nacho Cerda confère à sa pellicule une ambiance à la fois étouffante, malsaine et anxiogène. L'acte médical devient totalement inhumain et se transforme en toute une série de priapées obscènes et de passages à l'acte particulièrement sanglants et morbides. Désormais, le Docteur Frankenstein n'est plus un mythe. Il n'est plus ce professeur tancé et ridiculisé dans Re-Animator de Stuart Gordon.
Il n'est plus ce sorcier des temps modernes, mais un psychopathe cruel et barbare, refoulant ses pulsions les plus archaïques sur la dépouille d'une jeune femme qu'il mutile et dilapide, se délectant également de ses entrailles. Lorsque le sexe, la luxure et la concupiscence se transforment en pouvoir de domination et de mort... Tel est le message sous-jacent d'Aftermath.
Le court-métrage n'a pas usurpé son interdiction aux moins de 18 ans. Les âmes sensibles sont donc priées de quitter leur siège et d'aller faire un petit tour. Bref, un film choc, gore, barbare et terriblement éprouvant !
Note : ?
Alice In Oliver