Au cinéma : «Les nouvelles aventures d’Aladin»

Si tout laissait envisager le pire pour Les nouvelles aventures d’Aladin, il faut avouer que l’on a définitivement touché le fond. Première réalisation d’Arthur Benzaquen, le film raconte le mythe d’Aladin usé de référence qui, au lieu de nous faire vivre un rêve bleu, s’enfonce dans les abîmes du cauchemar en tentant d’être original. Une originalité qui en fait son principal défaut, tout en poussant le spectateur à bout. Préparez-vous à subir les mille et une nuits les plus difficiles de votre vie …

Synopsis : Sam et son meilleur pote Khalid se déguisent en père Noël afin de dérober tout ce qu’ils peuvent aux Galeries Lafayette. Mais Sam est rapidement coincé par des enfants et doit leur raconter une histoire… L’histoire d’Aladin, sa version de l’histoire précisément. Dans la peau d’Aladin, Sam raconte sa version de l’histoire qui prend place à Bagdad, la ville aux mille et une richesses. Aladin se lance à la découverte de la lampe magique afin de conquérir le cœur de la princesse Shalia !

Autant vous annoncer la couleur, scénaristiquement le film est très pauvre et son scénario ne vole pas très haut. Commençons en insistant sur le fait qu’il y a deux temporalités aux films. Une époque semblable à la nôtre, plus moderne et une autre dédiée au conte d’Aladin. Cette seconde est entièrement racontée par le personnage de Sam, interprété par Kev Adams. Il crée sa vision de l’histoire, du coup, il est vrai que cela peut justifier cet univers un peu décalé par rapport au conte de base. Sur le papier ça peut donner quelque chose de sympa, c’est bien d’y avoir pensé pour justifier le scénario. Malheureusement, cet univers décalé est très pauvre en terme de créativité et de rebondissement. Chaque scène est un détournement de référence sans grande utilité, donnant l’illusion d’un film à sketches sans véritable but. Le fond de l’histoire n’est qu’un prétexte pour avoir une succession de blague mal amenée et pas nécessairement utile au film.

En effet, le récit est ultra-référencé, mais donne lieu à des personnages mal écrits. Les situations auraient pu être drôle, si ces dernières possédaient un fond, une forme, un tout… alors qu’on doit subir des personnages plats, creux et qui donnent lieu à des retournements de situations improbables.  Mais finalement, qu’importe puisque Sam raconte une histoire à des enfants qui ne se soucient que très peu des détails. La seule vraie bonne idée du récit est de faire participer les enfants qui subissent l’histoire. Au point qu’ils prennent parti pour modifier aussi le récit à leurs convenances. Mais c’est seulement deux, voir trois scènes sur un film entier, ce qui n’est pas suffisamment exploité pour rendre Les nouvelles aventures d’Aladin intéressant. Quelques mises en abîme pourraient faire sourire, si elles étaient mieux amenées, mieux écrites et surtout beaucoup mieux filmées. En clair, c’est un mindfuck de l’humour  qui rendra vos blagues plus drôles que la totalité du long-métrage.

Car dans l’ensemble du film, la réalisation est très pauvre, voire pas du tout inspirée et très aseptisée. Les plans sont classiques, insistent sur les maigres blagues du film et ne cherchent pas à se renouveler. Par exemple, une séquence entière du film ressemble à un clip que ce soit en terme de réalisation et de montage. Si elle avait duré moins de 5 minutes pourquoi pas. L’idée était là et servait à une courte satyre de ce qu’il y a de nos jours à la télévision. Il fallait cependant que le réalisateur reproduise à l’identique ce genre de clip au point que ça en devienne anecdotique et ridicule. D’autant que ça ralentit le rythme du film qui était déjà une torture physique et morale. En terme de réalisation, il n’y aura rien à se mettre sous la dent. On pourrait même évoquer les combats beaucoup trop sombres pour y voir une quelconque chorégraphie, les effets spéciaux semblables à des téléfilms du samedi après-midi frôlant le ridicule et un rythme tyrannique qui vous poussera au bout de votre vie. Si d’ici la fin du film vous n’avez pas encore succombé, votre âme pourrait atteindre le septième cercle de l’enfer.

Au niveau des acteurs, ils sont difficilement critiquables puisqu’ils remplissent le cahier des charges. Pour cause, les acteurs font ce qu’on leur demande et restent fidèles à l’humour du film. Alors ce ne sera pas le rôle qui marquera la carrière des acteurs, mais ils restent dans un genre qu’ils côtoient depuis Soda. C’est un style de jeu qui fera rire les fans de Kev Adams.

En somme, Les nouvelles aventures d’Aladin est un très mauvais film qui n’est ni inspiré, ni drôle, mais qui fera un carton au box-office parce qu’il fait ce que demandent les fans de Kev Adams. C’est-à-dire l’impression de se retrouver devant un épisode de Soda avec mille et une références à la seconde. D’autant que certaines d’entre elles s’étendent sur 10 minutes rendant la blague lassante par rapport à ce que souhaite développer le film. S’il développe quelque chose d’autre qu’une morale niaise vue et revue. Dans tous les cas, le film vous emmènera au purgatoire, vidé de tout espoir en l’humain. Les nouvelles aventures d’Aladin est, comme vous l’espériez (ou pas), une catastrophe ambulante qui ne mériterait pas d’exister au sein du cinéma français.

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Les nouvelles aventures d’Aladin. De Arthur Benzaquen. Avec Kev Adams, Jean-Paul Rouve, Vanessa Guide, William Lebghil, Audrey Lamy, Arthur Benzaquen, Eric Judor, Michel Blanc, …

Sortie le 14 octobre 2015.