Jusqu'à maintenant, dans nos Jeudi Com, nous avions abordé plusieurs styles d'articles, entre la stratégie de sortie VOD et la fraude au box-office chinois. Plus généralement, nous sommes attirés par les nouveaux acteurs du divertissement sur le web, que ce soit Netflix ou Amazon. On ne le cache pas, nous nous renseignons beaucoup sur les nouvelles stratégies de diffusion, de distribution, de communication dans un secteur qui sort de plus en plus de productions par an.
Et justement, nous utilisons Netflix quotidiennement depuis sa disponibilité et le catalogue grandit de plus en plus en France avec plus de 1 000 films disponible depuis son ouverture en Septembre 2014. Alors vous imaginez, souvent, le soir, nous avons du mal à choisir quoi regarder. Il faut ainsi chercher dans le système de recommandation en fonction de son humeur ou du genre que l'on veut voir. Bref, il arrive que le choix du film soit aussi long que le film en lui-même car nous sommes compliqués (ou juste le monsieur qui écrit l'article vous dirait Madeline).
Le service de sVOD a tout de même changé notre consommation cinéma ce qui n'est pas une mauvaise chose. Mais depuis fin Septembre, nous avons découvert un nouveau service de streaming qui prend une approche complètement différente de la formule buffet illimité de Netflix/Hulu/Amazon. Une philosophie qui existe depuis sa création en 2007. Oui, je parle bien évidemment de MUBI (c'était pas compliqué, c'était dans le titre).
Découvert à l'occasion de l'acquisition de Junun de Paul Thomas Anderson, MUBI est un service de streaming / curateur de contenu / réseau social. Lancé en 2007 par Efe Cakarel, un entrepreneur turque, l'ancien " The Auteurs " devenu MUBI en 2010 est un service à l'approche complètement différente. A contrario de Netflix, Cakarel a voulu créer un service qui propose à ses abonnés une sélection limitée de classiques et/ou films indépendants récents.
" Pensez à votre expérience avec Netflix et pensez à combien c'est frustrant, combien de temps vous mettez à choisir un film. Ça ne marche pas. "
Efe Cakarel
Vous avez vu, Cakarel nous connaît bien. Le service propose ainsi une sélection de films qui disparaissent au bout de trente jours. En gros, tous les jours, un nouveau film apparaît sur MUBI et un autre disparaît du service. MUBI propose ainsi une sélection de 365 films par an (30 par mois - si c'est pas bien fait -). Le service est maintenant disponible dans 200 pays (et oui, il est disponible en France) sur les différents supports existants : application iPhone et Android, interface web PC et Mac, les télévisions connectées de Sony et la Playstation.
MUBI est ainsi disponible pour un coût inférieur à ses concurrents avec un prix de 4,99€ par mois ou 39,99€ par an. Ce n'est pas grand chose, mais le service ne propose pas autant de contenu que Netflix par exemple. Un modèle qui a du mal à prendre mais qui commence à grandir. Depuis 2007, le site a maintenant 7 millions d'utilisateurs enregistrés (qui peuvent utiliser le réseau social du site) et environ 100 000 abonnés payants. Le rythme d'expansion du site est constant puisque sa base de payants grandit de 2% par semaine selon l'entreprise.
Un business modèle qui n'est pas si bête que ça pour l'entreprise car MUBI a besoin d'obtenir les droits pour seulement 365 films par an, ce qui est inférieur par rapport aux autres services. Sachant que le délai de disponibilité n'est que de 30 jours, cela réduit bien évidemment les coûts de licence. Un modèle curateur dont est très fier Cakarel et dont les ambitions sont mesurées, mais terre à terre :
" Netflix essaie d'être pour tout le monde. Ils veulent 70 % des parts de marché. Nous n'en voulons que 10 %. Et ces 10 % nous satisferaient. "
Des services comme Apple avec Apple Music se lancent dans l'aventure de curateur de contenus. Mais à une échelle aussi grande que Netflix, cela n'est pas possible. " Curateur de contenu humain marche si c'est pour un segment de niche. Le coût est bien plus élevé si le nombre de contenus est énorme " explique Fernando Elizalde, un analyste à la firme Gartner. " Ce qui est important à propos des services de sVOD, c'est que s'ils n'ont pas de contenus spécifiques pour une niche de client comme MUBI, ils ont besoin d'un vaste catalogue de contenus pour être séduisant. "
MUBI propose ainsi à la date du 7 Octobre 2015 une sélection de 30 films plutôt éclectiques dont vous pouvez voir une partie de la sélection ci-après. Après une énorme analyse de notre part (enfin, pas tant que ça), sur les trente films proposés, nous sommes très intéressés pour en voir ou revoir 11, ce qui est plutôt bien. Entre des films de Jodorowsky, d'Akira Kurosawa, Sin City, Discopath,il faut avouer que la sélection donne vraiment envie et permet de découvrir de très bons films.
Un système qui tente de se donner un avenir et dans lequel les investisseurs ont confiance puisque le site a en janvier, levé 15 millions de dollars de fonds, quelques mois après en avoir levé 5.1 millions de dollars. MUBI a aussi depuis peu sécurisé des droits avec des importantes majors comme Paramount et Sony Pictures Distribution et commence des acquisitions externes. L'entreprise a ainsi acquis les droits en Juillet du drame portugais de 6h Arabian Nights (sorti en France en trois parties) et a pour objectif d'acquérir de plus en plus de films venant de grands festivals. Efe Cakarel n'exclut pas de produire du contenu original comme Netflix ou Amazon, mais ne possède pas encore l'expertise ou les ressources.
MUBI est donc un service en marge, pour les cinéphiles, les personnes qui veulent découvrir des pépites anciennes ou non. Un service que nous trouvons très intéressant au vu de son business-model et avec une stratégie intéressante. On espère que cet article vous aura donné, tout comme nous, l'envie de tenter l'aventure et de vous inscrire sur le site.
Cinécomca
L'équipe fondatrice du site, composée de Florent et Madeline. On écrit de temps en temps à deux mains, ou à quatre. On vous propose notre vision des choses !