Pour préparer le terrain à la suite qui se profile pour 2016, les cinémas Pathé-Gaumont ont diffusé, le jeudi 1er Octobre, Top Gun, le film qui a lancé, de front Tony Scott et Tom Cruise (que l’on a vu dans Mission Impossible : Rogue Nation). Transcrit en 3D pour l’occasion, le revoir a été l’occasion de relativiser son statut de film culte. Si l’on peut encore ressentir l’audace formelle de la réalisation, qui a malgré tout pris un sacré coup de vieux depuis 1986, on est étonné du vide et de la romance niaise qui l’habite. Malgré la conversion, on a eu du mal à s’envoler.
Maverick (Tom Cruise), une tête brûlée peu apprécié de sa hiérarchie, acquiert la première place de son escadron pour participer à la coupe Top Gun, après que son principal rival, Cougar (John Stockwell), ait abandonné. Cette coupe, organisée par l’US Navy, récompense le meilleur pilote de chasse. Maverick (Tom Cruise)
Comment Top Gun a-t-il pu acquérir une telle renommée ? Sûrement à cause de ces plans iconiques d’aviateurs plein de sueurs, intercalés par les vues inédites, au style embarquée, de manœuvres aéronavales. Le passage à la 3D reste un artifice peu intéressant. Le film de Tony Scott n’ayant pas était pensé à cet effet, le résultat est loin d’être saisissant. C’est une évidence, le long-métrage fonctionnent surtout grâce à la belle gueule de Tom Cruise qui a dû séduire les midinettes des eighties et son sous-texte homo-érotiques. Top Gun a dû plaire par son casting davantage que par son thème ou son scénario. En dehors de cela, le film est terriblement vide, il ne se passe strictement rien. On n’a pas le droit à l’héroïsme des combats qui sont inexistants ni à une romance enivrante, celle de Maverick et Charlotte Blackwood (Kelly McGillis) flirtant avec le ras des pâquerettes. Charlotte Blackwood (Kelly McGillis) et Maverick (Tom Cruise)
A vrai dire, onze ans avant Starship Troopers de Paul Verhoeven qui le tourne à la dérision, Top Gun est une publicité immonde pour l’US Navy, tentant de rendre chic et glamour ce qui reste une machine de guerre et de mort. Paris réussi, l’US Navy a affirmé qu’après le succès du film, les enrôlements volontaires dans le but de devenir pilote augmentèrent de cinq-cent pourcents. La production tenta même de vendre un encart publicitaire avant le film à l’armée américaine qui refusa estimant qu’il en faisait déjà bien assez. Le minot de 18 ans qui rentrait dans une salle perdu de l’Oregon ressortissait galvanisé, plus patriote que jamais, et finissais quatre ans plus tard à bombarder des écoles au-dessus de Bagdad. Là-dessus, Top Gun réussissait à rendre l’effet « Ponce Pilate » de l’aviateur, à la conscience bien propre, ne prenant acte que de sa propre mort lorsqu’il finit par la frôler mais n’évoque jamais les victimes de ces bombardements. Tony Scott fit bien mieux avec Le Flic de Beverly Hills 2, au moins l’ennui y cédait la place au rire franc. Slider (Rick Rossovich), Iceman (Val Kilmer), Goose (Anthony Edwards) et Maverick (Tom Cruise)
A moins que Top Gun ne soit votre madeleine de Proust, personne n’est parfait et on a eu l’éducation que l’on a eu, cette mouture 3D devrait vraiment vous laisser interdite. Il est parfois temps de tuer les légendes.
Boeringer Rémy
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