Celle qui n’aimait pas les livres surmédiatisés et surestimés

Par Amandine97430

Parfois, je suis comme Frodon Sacquet quand je tombe sur un mauvais livre: je suis en colère. C’est vrai que ça fait partie du jeu, des risques de tomber un jour ou l’autre sur une histoire qui ne nous plait pas. Il est vrai aussi que les gouts et les couleurs varient en fonction de chacun et heureusement.

Ce qui est plus rageant en revanche, c’est de découvrir des livres ultra médiatisés, ultra couronnés et de découvrir qu’ils ne méritaient pas toute ce tapage médiatique. En somme, comme disait Shakespeare: beaucoup de bruit pour rien.

Et moi, j’ai l’impression de perdre sérieusement mon temps alors qu’une file interrompue de livres m’attendent sur les rayonnages des bibliothèques, des librairies et dans les confins de l’édition numérique. J’ai ce sentiment que je ne pourrai pas tous les lire, les découvrir. Et, c’est juste pas possible!

( Oh oui, parfois j’ai vraiment envie de faire comme Bradley Cooper dans Happiness Therapy)

A contrario, il est désolant de voir des auteurs qui peinent à se faire connaitre et dont pourtant, la plume a ce quelque chose qui fera que vous lecteurs vous y croiraient. Et, c’est bien ces gens-là dont le système devrait faire de la publicité et c’est pourtant eux, qui ont le plus de mal à se faire connaitre et à faire connaitre leurs œuvres. Allez chercher, pourquoi!

Longue parenthèse à part, je viens vous parler aujourd’hui de trois livres qui m’ont vraiment déplu pour des raisons diverses et variées. Vous vous dites sans doute que si je pensais vraiment ce que je pense je n’aurai pas fait de publicité supplémentaire à ces romans. Cependant, je suis du genre à parler des livres que je les ai aimés ou non. Il est toujours intéressant de dire pourquoi au lieu de se taire enfin c’est mon avis. Alors, les voici:

*Quand souffle le vent du nord de Danial Glattauer.

Résumé:En voulant résilier un abonnement, Emma Rothner se trompe d’adresse et envoie un mail à un inconnu, un certain Leo Leike. Ce dernier, poliment, lui signale son erreur; Emma s’excuse, et, peu à peu, un dialogue s’engage entre eux, par mail uniquement.
Au fil du temps, leur relation se tisse, s’étoffe, et ces deux inconnus vont se mettre à éprouver l’un pour l’autre une certaine fascination. Alors même qu’ils décident de ne rien révéler de leurs vies respectives, ils cherchent à deviner les secrets de l’autre…

Quand j’ai fini ce livre ( après avoir sauté moultes pages pour me rendre directement à la fin), j’ai eu envie de le balancer contre le mur. Mais, je me suis ravisée car le livre n’était à moi et que cela l’aurait fragilisé. C’est décidé, je ne croirai plus les critiques dithyrambiques ni la puissance des prix.

Laclos doit se retourner dans sa tombe en voyant ceci  » Quand souffle le vent du Nord, le meilleur roman épistolaire de notre époque « . S’il y a bien un livre et le seul d’épistolaire dont je pourrai dire ça, c’est bien les Liaisons dangereuses. Franchement, j’ai parfois l’impression qu’il suffit d’écrire un roman moderne dans un contexte moderne pour recevoir des louanges. Triste société que la notre n’est-ce pas?

L’idylle familiale, on a soit l’idylle soit la famille ».

Ici, ce ne sont pas des lettres mais des échanges d’email d’une richesse inégalable. Voyez par vous-mêmes:  » Réponse: Re:Re/Re ; Re:Re:Re ». Bon, j’exagère un peu mais à peu de choses près c’est ça. En fait, suite à une erreur de mail deux personnes commencent à échanger et à tomber  » amoureux ». Et là, je pense à la chanson de Calogero, Pomme C qui décortique tout ça comme il faut et ce, en quelques minutes à peine et avec un vocabulaire peut-être simple mais qui fonctionne.

Je ne dis pas que ce genre d’histoires n’arrive pas dans la vraie vie surtout que cela m’est déjà arrivé. Mais, ce n’est pas le côté ultra réaliste de la chose le plus dérangeant. Non, moi ce qui me gène c’est la pauvreté de l’échange, cette sensation aussi de huis-clos, ce dialogue permanent comme si au fond les personnages n’existaient que dans ces échanges et nulle part ailleurs. Et puis, il y a aussi le côté immédiat, ultra connecté, ininterrompu qui me dérange. Il n’y a pas de différé, pas d’attente et surtout, pas de plaisir d’attendre.

En fait, en dehors de leurs emails passionnés on en sait peu sur eux. Quand l’écran s’éteint: que ressentent-ils? Que se passe-t-il?….la vraie vie quoi. Il n’y aucun sursaut de conscience, tout n’est que dans l’instant: rapide, efficace, faussé aussi. Il n’y aucune attente entre leurs mails; c’est à se demander ce qu’ils font de leurs journées. Peut-être qu’un narrateur externe, omniscient aurait tout fait toute la différence.

En outre, les personnages sont à claquer à commencer par l’homme. Je l’ai trouvé naïf; elle est un fantasme pour lui, une illusion. Une garantie de ne pas être déçu, de ne pas être brisé comme avec son ex. Mais, l’amour le vrai du moins ne peut rester virtuel toute la vie. A un moment, on doit sauter à l’eau et voir ce qu’il advient. Elle, son personnage est plus intéressant. Que cherche-t-elle? Le frisson sans prendre de risque, renouer avec elle-même ou bien avec son mariage? Elle est beaucoup plus lucide que lui sur les compromis d’un couple. Peut-être désabusée aussi, éteinte.

Puis comme si le duo n’était pas déjà assez boiteux, il a fallu ajouter une troisième personne. Le duo donc est devenu un trio aux péripéties plus ennuyeuses et rocambolesques que jamais. Ce qui fait qu’on y croit jamais et qu’on ne s’attache jamais aux personnages. Et, je ne parle même pas de la fin qui n’en est pas une vraiment d’ailleurs puisque le roman fait l’objet d’un deuxième tome que je ne lirai assurément pas.

La vie de famille en soi ne repose pas sur le perfection mais sur l’endurance, la patience, l’indulgence et les bras démis des enfants ».

Alors oui, ce roman est contemporain dans l’air du temps on dira. Pas de différé comme au temps de Valmont et Merteuil. Aucune attente, aucun recul, tout est dans l’instantané. J’ai lu, il n’y a pas si longtemps, un roman pour adolescent qui se construisait lui aussi par mail: Une bouteille dans la mer de Gaza. J’ai passé un excellent moment en sa compagnie. Pourquoi? Parce que déjà en filigrane de l’histoire, il y avait le conflit israélo-palestinien. Parce qu’outre les mails, la jeune fille et le jeune homme se livraient à nous. Pas forcément de choses qu’ils avaient parlé entre eux et c’était justement ça qui était le plus intéressant: toutes ces choses qui ne sont pas dites; et qui font cruellement défaut ici.

C’était ça qu’il était palpitant de voir que finalement même si Internet brise les frontières réelles et imaginaires, il y a toujours des choses qu’on ne dit pas à l’autre, qu’on n’est pas prêt à faire comme rencontrer l’autre par exemple. Qu’il y a une intimité, un monde à part auquel l’autre ne prend pas part. Car peut-être ou surement, on sait que la vie ce n’est pas sur internet qu’elle se passe!

6 SUR 20

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(Source:http://img.over-blog-kiwi.com)

*Zoo de James Patterson.

Résumé:Des lions qui dévorent leur gardien, un éléphant qui piétine son cornac, un chimpanzé apprivoisé qui se mue en tueur sanguinaire… Partout sur terre, les animaux – même les plus inoffensifs – se rebellent et attaquent l’homme. Pour Jackson Oz, docteur en biologie à l’université de Californie, l’hostilité soudaine des animaux est la résultante d’un bouleversement écologique dont il est urgent de déterminer la cause. Aidé par Chloé Tousignant, Oz tente de faire prendre conscience aux grands de ce monde que l’humanité court à sa perte. Mais les écoutera-t-on avant que la Terre ne devienne un vaste zoo, dont les animaux auront pris le contrôle ? Sortant des sentiers battus, James Patterson s’affranchit de ses histoires policières pour nous livrer ce thriller apocalyptique.

J’ai découvert ce roman en apprenant l’existence prochaine de son adaptation cinématographique en série. Du coup, en attendant de la voir j’avais envie de découvrir l’histoire dont elle était tirée. Par chance, la médiathèque de ma commune l’avait mais il était déjà pris. Alors pratiquement tous les jours, j’allais sur le site pour voir si la personne qu’il l’avait empruntée n’allait pas le rendre plus tôt. Il ou elle ne l’a pas fait et j’ai du donc prendre mon mal en patience. Je vous raconte tout ça pour vous montrer que l’attente était grande; et que parfois, on est vraiment à côté de la plaque.

Avec le recul, je comprends mieux le qualificatif  » estival » donné à la série Zoo; et qui déjà m’avait fait craindre le pire. Le livre est du même acabit quoique pour passer l’été j’aurai préféré quelque chose de mieux écrit et de mieux documenté. Bref, vous l’aurez compris ce livre m’a énormément déçu et je pèse mes mots. Difficile de croire qu’il s’agit là du même auteur de l’excellent, Mariés à jamais.

Pourtant, il y avait de l’idée sur le papier mais juste l’idée. Le reste n’est que tâtonnement, tour de magie et débrouillardise. Pour autant, cela avait plutôt bien commencé avec une scène bien effrayante dans un zoo justement. Un gardien, deux lions…la suite je vous laisse l’imaginer. Mais, très vite cela retombe comme un soufflet mal cuit.

De l’exotisme, en veux-tu en voilà avec l’Afrique pour cadre et une très belle femme française éplorée sauvé par le héros qui n’en est pas vraiment un. Mais, qui a autant de chance que John McLane pour se sauver de toutes les situations catastrophiques; le charisme et le classe en moins cela dit. C’est le genre de personnages qu’on rencontre beaucoup trop en ce moment ( ou que moi je rencontre trop ces derniers temps). Je ne sais pas trop comment le qualifier si ce n’est qu’il n’est pas attachant, trop jeune sans doute aussi; et surtout, très énervant. Je n’ai pas l’impression d’avoir devant moi, un scientifique mais une parodie de scientifique.

Tout ne vient pas uniquement du personnage mais du manque de recherche, de documentation inhérent à ce type d’histoires. Dans l’ensemble, il y a très peu d’explications scientifiques sur le « virus » ( il faut attendre plus de 200 pages pour cela); je peux comprendre qu’on veut épargner du vocabulaire barbant pour séduire le plus grand nombre mais quand même. Par exemple, il manquait selon moi une grande scène ( et non, une simple évocation): l’autopsie d’un animal contaminé. Les détails macabres sont présents un peu copié-collé de Stephen King d’ailleurs mais ces derniers font mouches contrairement au grand maitre de l’horreur.

En outre, je n’y connais rien au comportement animal néanmoins en général, cela manquait cruellement de vraisemblance, de crédibilité. Les descriptions animalières donnent peu l’impression d’avoir affaire à des animaux; on aurait plus dit des zombies qu’autre chose. Puis, il y a des détails qui m’ont fait rire. Comme le singe qui pendant cinq ans a gardé le même bonnet rouge que son maitre lui avait offert.

Lui qui comme les autres avait repris son instinct de chasseur, qui rejetait toute trace de domestication et assujettissement de l’Homme. Aussi, n’aurait-il pas été plus juste de suppose que dans de telles occasions il aurait jeté son bonnet? Bien sûr, on joue un peu sur l’ambivalence (d’ailleurs seul le singe semble lutter) histoire de sauver la femme et le fils du héros sans pour autant nous donner un ultime confrontation entre les deux anciens amis.

J’en reviens au côté scientifique de la chose. Je n’en suis pas une mais il ne m’a pas fallu 5 ans pour voir d’où venait le problème. Les passages sur les ressentis du singe y sont assurément pour quelque chose mais quand même. De plus, j’avoue et je me répète sans doute encore, que les scientifiques de cette œuvre ne sont pas scientifiques justement. Dans les réunions, ils se mettent facilement d’accord sauf un qui se la joue récalcitrant ( le chiant de service) ne servant qu’à faire mousser le héros. Il leur a fallu 5 ans pour tous se réunir et en deux secondes, ils trouvent un diagnostic plausible et tombent d’accord sur la marche à suivre.

Par ailleurs, il y a les membres du gouvernement ( et la présidente) qui sont très caricaturaux. Prêts à tuer tous les animaux et quelques innocents au passage parce que la première dame a perdue sa fille. Imaginer Fitz ou Mellie qui feraient ça! Papa Pope interviendrait c’est sûr!

Néanmoins, je crois qu’on atteint le summun avec le final optimiste et naïf comme pas possible sur la nature humaine. Sur ces Hommes qui ne cessent de détruire tout ce qu’ils touchent depuis la nuit des temps mais qui fort heureusement apprend de ses erreurs…

6 SUR 20

*  *  *

*La vérité sur l’affaire Harry Quebert de Joel Dicker.

Résumé:À New York, au printemps 2008, lorsque l’Amérique bruisse des prémices de l’élection présidentielle, Marcus Goldman, jeune écrivain à succès, est dans la tourmente: il est incapable d’écrire le nouveau roman qu’il doit remettre à son éditeur d’ici quelques mois. Le délai est près d’expirer quand soudain tout bascule pour lui : son ami et ancien professeur d’université, Harry Quebert, l’un des écrivains les plus respectés du pays, est rattrapé par son passé et se retrouve accusé d avoir assassiné, en 1975, Nola Kellergan, une jeune fille de 15 ans, avec qui il aurait eu une liaison. Convaincu de l’innocence de Harry, Marcus abandonne tout pour se rendre dans le New Hampshire et mener son enquête. Il est rapidement dépassé par les événements : l’enquête s’enfonce et il fait l’objet de menaces. Pour innocenter Harry et sauver sa carrière d écrivain, il doit absolument répondre à trois questions : Qui a tué Nola Kellergan ? Que s’est-il passé dans le New Hampshire à l’été 1975 ? Et comment écrit-on un roman à succès ?

Je me méfie toujours des prix; et, souvent à juste titre. Et, je me méfierai encore plus des critiques élogieuses. Vous l’aurez compris, ce livre ne déroge pas à la règle.

Je vais émettre quelques pensées qui évidemment n’engageront que moi et si vous n’êtes pas d’accord avec moi dans les minutes qui suivent, c’est votre droit et rien ne vous empêche d’aller voir ailleurs si vous le désirez ou/ et d’émettre votre avis.

  1. Pour parler aussi bien des États-Unis, de ses contradictions comme de force: vaut mieux être natif du pays ou/et y avoir vécu pendant pas mal de temps.
  2. Pour parler du Maine, de ses petites villes et de ses habitants loufoques, imaginés ou rencontrés, vaut mieux s’appeler Richard Russo, John Irving ou encore Stephen King.
  3. Pour mettre en scène une liaison avec une mineure, vaut mieux s’appeler Nabokov et avoir donc écrit Lolita.
  4. Pour écrire un thriller américain à la française, vaut mieux s’appeler Grangé, Chattam…

Ma chronique peut paraitre sévère mais c’est que j’ai ressentie en lisant ce roman. J’ai eu le sentiment d’être dupée par un mauvais tour de passe passe; tour qui n’a duré que les 200 premières pages. Ironiquement, c’est à ce nombre de pages quand même conséquents que l’action commence à arriver mais le texte devient tellement facile et incompréhensible que le lecteur n’a qu’une envie: fermer le livre et ne plus en entendre parler.

Remontons le temps si vous le voulez bien car si je suis arrivée à 200 pages c’est que les précédentes étaient intéressantes. C’était le cas, je me souviens d’avoir dit à mes proches un jour:  » Je lis un livre génial ». Je n’ai pas menti; on sent pris par l’intrigue, par les conseils d’écriture donnés goutte à goutte par les deux écrivains. L’un confirmé, l’autre en devenir. Et puis, une intrigue policière se dessine venant pimenter le tout alors quoi demander de plus? J’imaginais déjà un film avec Anthony Hopkins dans le rôle du professeur; quant à l’autre, j’hésitais encore.

Mais, plus on avance dans le récit plus on a l’impression d’aller vers un feuilleton à l’eau de rose. Les personnages féminins ne savent que dire: » Je t’aime »; et, les hommes en sont incapables décidés sans doute à rouler des mécaniques. Cela dit, la pire d’entre tous est la maman du narrateur qui comme l’a souligné un autre détracteur du roman, arrive à se faire détester en moins de deux. A un moment, elle a utilisé une expression qui m’est restée en travers de la gorge tant par le sous entendu que par la laideur de l’expression:  » Tu fais l’homosexuel ! ». J’ai du me relire à deux fois d’ailleurs pensant que c’était une erreur de traduction puis je me suis souvenue que l’auteur était suisse.

A partir de là, rien n’a plus été pareil. Une certaine routine s’installe et s’enchaine plus pour faire des pages pour que pour servir l’histoire. Le suspens est quasi inexistant, les personnages deviennent tous sans exception énervants et irréels comme les situations d’ailleurs. Mais qu’importe au fond que le fond ne vole pas haut tant que la forme donne l’illusion!

3 SUR 20

Tout comme ce chat, je fais des recherches pour élaborer une stratégie pour éviter des lectures qui ne me correspondent pas. Et, il semble que trois faits se distinguent déjà:

  1. Les livres encensés par la critique: pas pour moi.
  2. Les livres encensés par les prix: pas pour moi non plus.
  3. Ne pas faire confiance aux arguments commerciaux.

Néanmoins, je dois faire attention car il existe des contre exemples ( SK, Delphine de Vigan). Aussi, je pourrai passer à côté de très belles découvertes. Ah, ma tactique a, je le reconnais, ses faiblesses!