genre: horreur, épouvante, comédie horrifique (interdit aux - 12 ans)
année: 1985
durée: 1h24
l'histoire : Franck et Freddy libèrent par inadvertance un gaz toxique ramenant les morts à la vie. Ainsi pour ce débarrasser d'un cadavre réanimé, ils l'incinèrent. Malheureusement, le nuage de fumée crée une pluie qui s'abat sur un cimetière, provoquant le réveil d'autres macchabées...
La critique :
Le nom de Dan O' Bannon est souvent associé à la science-fiction et aux films d'horreur américains. Son nom est également associé aux scénarios de films à succès. Pour Dan O' Bannon, tout commence réellement en 1974 avec Dark Star de John Carpenter. Mais le scénariste connaît la gloire et la notoriété avec Alien, le huitième passager (Ridley Scott, 1979).
Viennent également s'ajouter Métal Hurlant, Tonnerre de Feu, Total Recall, Alien 3, Planète Hurlante, ou encore Alien Résurrection. En 1985, Dan O'Bannon décide de passer enfin derrière la caméra avec Le Retour des Morts-Vivants qui, comme son titre l'indique, est un hommage appuyé à La Nuit des Morts Vivants de George A. Romero.
Néanmoins, Dan O' Bannon apporte de nombreuses nouveautés à un genre plutôt moribond au milieu des années 1980. Le réalisateur décide de mélanger gore, action, épouvante et une bonne dose d'humour noir à son film. Très vite, le long-métrage se taille la réputation d'un film culte auprès des fans et cartonne dans les vidéos clubs. Le Retour des Morts Vivants sort quelques semaines avant Le Jour des Morts Vivants de George A. Romero. John Russo a écrit le scénario de Return of the Living Dead comme la suite logique de La Nuit des Morts Vivants.
Après s'être brouillé avec Romero, il envoie le script à Dan O' Bannon. Séduit, le cinéaste décide néanmoins de modifier le scénario. Dan O' Bannon veut réaliser une sorte de parodie de La Nuit des Morts Vivants tout en conservant cette ambiance morbide et putride.
Richard Rubinstein, le producteur de Zombie et du Jour des Morts Vivants, fulmine. Il décide d'attaquer en justice pour changer le nom du film. Lors du procès, la demande de Rubinstein est rejetée. Le scénario écrit par Russo a eu droit à l'utilisation du vocable "… of the Living-Dead" tandis que Romero devra utiliser "… of the Dead" pour ses films, comme le titre original de Zombie (Dawn of the Dead).
Délicieuse anecdote, au moment de sa sortie, Le Retour des Morts-Vivants engrange 14 millions de dollars de recette, alors que Le Jour des Morts Vivants peine à rentabiliser son modeste budget. Immense succès oblige, Le Retour des Morts-Vivants engendre une saga en cinq épisodes.
Au niveau de la distribution, le film réunit Clu Gulager, James Karen, Tom Matthews et Linnea Quigley. Attention, SPOILERS ! Deux employés d'un entrepôt de fournitures médicales libèrent accidentellement un gaz toxique d'un conteneur militaire stocké dans la cave depuis la fin des années soixante et censé ramener les morts à la vie. Le produit ayant également réanimé un mort dans la chambre froide du bâtiment, ils utilisent l'incinérateur du crématorium du cimetière voisin pour se débarrasser du mort-vivant.
Que les choses soient claires : on tient là un petit bijou d'humour délicieusement noir, un diamant brut de décoffrage qui mélange habilement horreur et situations comiques, un peu à la manière d'un cartoon de Tex Avery. A la seule différence que les "toons" ont été échangés et troqués contre des morts-vivants à l'appétit pantagruélique.
Le Retour des Morts-Vivants s'affirme comme étant la première comédie "zombiesque" et affiche un humour à la fois potache, graveleux et égrillard. Néanmoins, le film se démarque par son originalité et tout un tas de nouveautés. Cette fois-ci, les zombies glosent, pontifient, communiquent avec les vivants et sont même capables d'évoquer leurs noirs desseins.
Bien que décédés, ils expriment une certaine langueur et solitude. En dévorant les cerveaux des humains, ils transforment leur douleur en soif inextinguible de vengeance contre ceux qui les ont enterrés et oubliés. Le film a donc une vraie dimension eschatologique. Sous ses faux airs de série B grivoise et licencieuse, qui n'hésite pas à déshabiller son actrice principale (Linnea Quigley), le film adopte parfois un ton très sérieux.
Sur ce dernier point, le long-métrage fait clairement référence à La Nuit des Morts Vivants. Là aussi, les héros doivent se cacher et rester cloîtrés pour repousser les assauts de zombies assoiffés de "cerveeeeeeeeaaaaaaaauuuuuuuuuuuuxxxxxxxxx" ! Dès son introduction, le film affiche ses intentions. L'histoire qui va nous être racontée serait tirée de "faits réels".
A partir de là, Le Retour des Morts-Vivants présente promptement ses inimitiés. Le long-métrage a le mérite d'aller directement à l'essentiel. Un mystérieux gaz s'échappe et réveille tous les morts de la contrée. Le film adopte alors un ton irrévérencieux et exubérant sans jamais relâcher la pression. Surtout, il multiplie les personnages fantasques et pittoresques.
Nous faisons ainsi la connaissance d'une bande de jeunes rebelles qui écoutent du hard rock et écument les cimétières. Parallèlement, le film se focalise sur deux crétins qui travaillent dans une morgue. Là aussi, le film adopte un ton parodique et burlesque avec une interprétation en mode cabotinage. Néanmoins, le long-métrage n'oublie jamais ses zombies de service, eux aussi rigolards et excentriques.
Volontairement poussif, parfois outrancier sans jamais sombrer dans la vulgarité, Le Retour des Morts-Vivants offre un spectacle jubilatoire et d'une redoutable efficacité. Le film se démarque clairement de ses modèles et de ses prédécesseurs. Bref, Le Retour des Morts-Vivants n'a pas usurpé son statut de film culte. Encore aujourd'hui, il appartient au panthéon des comédies "zombiesques". Souvent imité mais jamais égalé, à l'image de ses nombreuses suites...
Note : 16/20
Alice In Oliver