Nos personnages de fiction sont des êtres vulnérables. Nous le sommes aussi.Nous avons tous été à un moment ou à un autre de notre vie, dans nos relations ou dans nos peines floués. On nous a menti, on nous a diffamé, des rumeurs ont couru sur nous, on a subi des affronts et faussement accusé. Notre vérité nous était déniée, nous avons eu le cœur brisé et notre fierté foulée aux pieds. Nous avons été le témoin d’actes impardonnables et avons entendu des mots si blessants qu’ils résonnent encore dans nos souvenirs.
Tous ces moments baignés de larmes, déterminants dans nos vies ont pourtant forgés notre caractère mais surtout, surtout… ont fait qu’à ces moments, nous nous sommes sentis vulnérables.
Ces sentiments de vulnérabilité – lorsqu’une personne se sent effrayée, seule, dépassée et éprouvant un ras-le-bol incommensurable, lorsque la morsure de l’injustice se fait profonde – sont la base pour écrire des personnages forts et attachants.
Pareillement lorsque nous sommes lecteurs, nous aimons à nous vautrer dans la misère et les vicissitudes des personnages, à plonger dans leurs émotions les plus profondes, éprouver leurs doutes, inquiétudes et douleurs. On s’identifie à ces sentiments d’autant plus que le personnage est vulnérable. Et plus il l’est, plus il est intéressant et plus, nous avons envie de savoir ce qui va lui arriver.
Et le processus de l’identification, de la reconnaissance est de plus facilité par la proximité de cette vulnérabilité du personnnage avec notre propre vulnérabilité (que nous l’ayons exactement éprouvé ou qu’elle se rappelle à notre souvenir par simplement un tout petit aspect).
Il sera intéressant aussi pour votre personnage de rechercher cette vulnérabilité dans son enfance mais un passé plus récent peut fonctionner aussi : par exemple, un homme d’affaires dont la femme a été assassiné 5 ans auparavant est devenu de nos jours (c’est-à-dire dans le présent de l’histoire) un serial killer par vengeance alors qu’il n’était pas du tout prédestiné à ce rôle.
Maintenant comment montrer cette vulnérabilité puisqu’un scénario, cela montre. Considérez un alpiniste qui descend le long d’une falaise. Il sait ce qu’il fait et est sûr de ses gestes.
Soudain, une main équipée d’un couteau approche du piton qui retient la corde et commence à cisailler celle-ci. A ce moment, la situation de l’alpiniste devient très périlleuse. Il est vulnérable.
Vous pourriez remplacer le couteau par le vent si celui-ci soudain se lève et vient menacer dangereusement la descente de l’alpiniste.
Comme vous le constatez, il faut la présence d’un antagoniste pour appuyer sur la vulnérabilité. Ce n’est pas la situation qui met en péril le personnage, c’est une intervention extérieure c’est-à-dire un antagonisme.
L’antagoniste est défini souvent comme une force qui vient s’opposer au protagoniste. C’est effectivement le cas. Dans la séquence de l’alpiniste, l’objectif de ce dernier est de parvenir à atteindre le pied de la falaise sain et sauf et l’antagoniste (le couteau ou le vent) va venir se placer entre le héros et son but.
Le meilleur moyen de mettre votre personnage en danger est de créer des personnages qui vont le tourmenter, le menacer ou l’effrayer. Notez aussi que l’antagoniste ne désigne pas nécessairement le vrai méchant de l’histoire. Par exemple, la main qui menace le héros peut être celle d’un individu local qui n’a pas de portée autre que la séquence. Cela aurait pu être par exemple celle d’un amoureux transi qui confond injustement le héros avec celui qui lui a volé sa fiancée.
En tout cas, c’est grâce à l’antagoniste que la vulnérabilité du personnage est rendue visible et que le conflit peut alors s’embraser.
Ne vous contentez pas de poser un antagoniste seulement parce que vous devez terminer une scène. Vous devez rechercher des vérités sur ces personnages, qui ils sont, pourquoi font-ils ce qu’ils font. Eux aussi ont un passé. Vous vous devez d’établir pour chacun d’eux une biographie.