Petite immersion dans un chapitre méconnu de l’histoire du féminisme : le Moyen-Âge. En faisant se succéder des saynètes jouées par des enfants à la manière d’un spectacle d’école, ce docu-fiction traite de façon burlesque les époques successives qui ont vu naître, à travers le message égalitariste du Christ qui se propage dans tous les domaines, une incroyable libération de la Femme. Émancipation qui sera étouffée à mesure que la bourgeoisie gagnera le pouvoir.
Les Filles au Moyen-Age – 27 Janvier 2016 – Réalisé par Hubert Viel
Depuis que j'ai la chance d'aller au festival de bordeaux, j'ai découvert pas mal de films différents, aux tons et univers parfois diamétralement opposés. J'y ai vu des films que j'ai détestés ou adorés mais jusqu'à présent je n'avais pas encore vu un film comme celui de Hubert Viel. Il y a bien eu « Mercuriales » l'an dernier de Virgil Vernier qui de par son coté expérimental apportait une touche de poésie inattendue, mais malgré tout il ne possédait pas cette fraîcheur et l'énergie qui caractérise « Les filles au Moyen-Age ». Laura est une petite fille qui vient d'avoir neuf ans et pour son anniversaire elle invite deux de ses copines ainsi que des garçons, mais très vite les garçons jouent de leur coté et les filles s'ennuient ! Elles aussi veulent jouer « au moyen-age » comme les garçons et être des princesses ou des sorcières. Sauf qu'il n'en sera rien car le grand-père, un professeur d'histoire particulièrement érudit leur dit que le moyen-age était fabuleux pour les femmes car elles pouvaient faire les mêmes choses que les hommes et bien plus encore. C'est ainsi qu'ill leur raconte une histoire dont elles seront les interprètes, revisitant alors l'histoire du féminisme au moyen-age. Au final c'est une bonne découverte ! Car on a beau imaginer ce qu'il va en découler, on est surpris du début à la fin par cette histoire osée et originale. Véritable conte fantaisiste plein d'humour et de poésie, Viel revisite le moyen-age en posant un regard nouveau sur des faits que personnellement je ne connaissais pas, donnant ainsi un nouvel éclairage sur le féminisme à cette époque et son importance. Sa particularité ? Le réalisateur ne tombe pas dans la reconstitution d'époque mais préfère en faire quelque chose de plus minimaliste en l'abordant par la comédie, par des saynètes indépendante l'une de l'autre et bien sur en confiant l'ensemble des rôles à des enfants. Un casting composé de 3 filles et de 3 garçons qui sont tous absolument géniaux . Viel les dirige suffisamment pour ne jamais tomber dans la surenchère et éviter cet effet d'agacement que l'on peu ressentir devant certains jeunes acteurs. Ils sont spontanés, expressifs, doués et au final très à l'aise derrière les nombreux personnages qu'ils ont à jouer. Et enfin des que l'on passe dans la partie contée par ce génial narrateur qu'est Michael Lonsdale, le film s'habille en noir et blanc. Ce qui marque la différence entre réel et fictionnel, ainsi que l'aspect « ancien » des faits racontés ! Un choix de mise en scène parfaitement géré, ou les nombreuses nuances de gris sont visibles et nettes. Quant à la musique, elle s'accorde parfaitement aux diverses saynètes. Ce qui contribue beaucoup au rythme du film plein de dynamisme. Ainsi associer le film passe assez vite et les diverses saynètes s'accorde bien entre malgré des sujets différents. Une cohérence qui s'illustre aussi dans les symboles évoquant le féminin, ils sont placés avec intelligence et cela apporte un surplus de profondeur que l'on ne lui soupçonnait pas ...
Un fable moderne et médiéval au concept singulier mais à l'énergie ravageuse.