L'animation française est à la fois très reconnue dans le monde et a du mal à briller dans ses propres contrées. Les dernières productions francophones n'ont pas rencontrés de grands succès et il n'existe pas de studios dédiés uniquement à l'animation en France. Mune est le projet de Benoit Phillipon et Alexandre Heboyan dont ce sont les premiers pas dans le domaine. Le film est en grande partie animé en 3D même s'il possède quelques passages en animation traditionnelle. Le premier point fort du film est la direction artistique globale. En effet, totalement inventé, le monde dans lequel évolue Mune et les autres personnages est vraiment réussi. Beau, avec une vraie cohérence visuelle et narrative, c'est un plaisir de découvrir les deux peuples qui y cohabitent et dont viennent les deux protagonistes principaux de l'histoire. On ne quittera ce monde que pour des séquences dans un pays encore plus imaginaire et dont le traitement très crayonné restitue également à l'écran une belle poésie.
Le bestiaire qui peuple ce monde est à la fois simple et efficace. Des costauds solaires rappelant des lions et des petits être lunaires proches des singes s'opposent dans un monde très nature dont les luminescences nocturnes évoquent un peu Pandora, la planète créée par James Cameron pour Avatar. Une fois passé le plaisir de la découverte de cet univers, nous nous intéressons alors aux personnages, portés par un très beau casting vocal. En effet, le trio Omar Sy, Michael Grégorio et Izia Higelin est très convaincant. Et si la voix d' Omar Sy est la plus reconnaissable, le comédien arrive non seulement à créer un vrai personnage et finit par s'effacer derrière Sohone. Petite cerise sur le gâteau de ce casting avec la présence du brillant Féodor Atkine, grand acteur de théâtre et voix du Docteur House en français, et également de Patrick Prejean, grand comédien de doublage entendu dans de nombreux dessins animés. Tout ce beau monde nous entraine dans une histoire assez classique de catastrophe involontaire, de méchant vengeur et de légendes qui prennent vie. C'est peut-être le point le plus faible du film, une histoire un peu trop scolaire pour être vraiment émouvante. Le méchant et ses deux sbires sont également vecteurs de trop de clichés comme s'ils étaient tous droits sortis du Hercule de Disney, ce qui n'est pas forcément la meilleure inspiration qui soit. Le script global semble avoir manqué de finition, et si l'histoire est claire et agréable à suivre il lui manque un petit quelque chose pour qu'elle décolle et nous marque plus durablement. Mais il serait vraiment dommage de bouder son plaisir devant une création aussi belle et originale dans son esthétique et de ne pas faire un peu de chauvinisme bienvenue en appréciant le travail de créateurs français dans un paysage largement dominé par les américains, même si le retard hexagonal n'est plus aussi flagrant. Mune ravira aussi bien les plus petits en parvenant à mélanger plusieurs niveaux de lectures en combinant le conte de fées avec un héros maladroit qui réussit mais les plus âgés ne seront pas en reste grâce à une amourette et, même si cela reste léger, les adultes pourront eux aussi être touchés par ce monde divisé en deux pays qui bien qu'opposés doivent coexister pour le bien de la planète.