[CRITIQUE] : L'Homme Irrationnel

Par Fuckcinephiles

Réalisateur : Woody Allen
Acteurs : Joaquin Phoenix, Emma Stone, Parker Posey, Jamie Blackley,...
Distributeur : Mars Distribution
Budget : -
Genre : Drame, Thriller, Romance.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h36min.
Synopsis :
Professeur de philosophie, Abe Lucas est un homme dévasté sur le plan affectif, qui a perdu toute joie de vivre. Il a le sentiment que quoi qu’il ait entrepris - militantisme politique ou enseignement - n’a servi à rien.Peu de temps après son arrivée dans l’université d’une petite ville, Abe entame deux liaisons. D’abord, avec Rita Richards, collègue en manque de compagnie qui compte sur lui pour lui faire oublier son mariage désastreux. Ensuite, avec Jill Pollard, sa meilleure étudiante, qui devient aussi sa meilleure amie. Si Jill est amoureuse de son petit copain Roy, elle trouve irrésistibles le tempérament torturé et fantasque d’Abe, comme son passé exotique. Et tandis que les troubles psychologiques de ce dernier s’intensifient, Jill est de plus en plus fascinée par lui. Mais quand elle commence à lui témoigner ses sentiments, il la rejette. C’est alors que le hasard le plus total bouscule le destin de nos personnages dès lors qu’Abe et Jill surprennent la conversation d’un étranger et s’y intéressent tout particulièrement. Après avoir pris une décision cruciale, Abe est de nouveau à même de jouir pleinement de la vie. Mais ce choix déclenche une série d’événements qui le marqueront, lui, Jill et Rita à tout jamais.

Critique :
#LHommeIrrationnel ou une œuvre plaisante mais s'échinant à recycler les sommets passés d'un Woody Allen (toujours) peu impliqué à la tâche— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 14 Octobre 2015

Plus boulimique de pellicules que jamais avec son rythme d'une péloche par an, nous avions laissé ce bon vieux Woody Allen en septembre dernier avec le charmant mais un peu creux Magic in The Moonlight, romance vintage esthétiquement léchée mais trop désincarnée pour pleinement convaincre (malgré le numéro so cute de la belle Emma Stone).
Le bonhomme nous avait une fois n'est pas coutume, confirmé qu'il ne s'impliquait pleinement dans ses péloches qu'une fois sur deux, lui qui aligne depuis près de trois décennies maintenant un grand cru ambitieux puis un plus mineur - la quantité ayant toujours un impact certain sur la qualité.
On attendait donc avec impatience non-feinte son retour au business - mais surtout à un cinéma plus exigeant et pensé -, via L'Homme Irrationnel, promesse d'une belle comédie féroce et cynique comme il sait si bien les mettre en scène, le tout porté par un trio indécent de talents : Joaquin Phoenix, Emma Stone et la merveilleuse Parker Posey.

The Irrationnal Man en v.o, ou l'histoire de Abe Lucas, professeur de philosophie dévasté sur le plan affectif, qui a perdu toute joie de vivre.
Peu après son arrivée dans l’université d’une petite ville, Abe entame deux liaisons.
D’abord, avec Rita Richards, collègue en manque de compagnie qui compte sur lui pour lui faire oublier son mariage désastreux.
Ensuite, avec Jill Pollard, sa meilleure étudiante, qui devient aussi sa meilleure amie.
C’est alors que le hasard le plus total bouscule le destin de nos personnages dès lors qu’Abe et Jill surprennent la conversation d’un étranger et s’y intéressent tout particulièrement.
Après avoir pris une décision cruciale, Abe est de nouveau à même de jouir pleinement de la vie.
Mais ce choix déclenche une série d’événements qui le marqueront, lui, Jill et Rita à tout jamais...
Alors, grand cru ou nouvel écart de carrière/désillusion cet Homme Irrationnel ?
Si il est indéniable qu'il nous offre une jolie escapade Allenienne comme on les aimes, il démontre surtout l'incapacité du cinéaste à pouvoir se renouveler, tant ses deux derniers essais n'apportent strictement rien de neuf à un cinéma s'étant lentement mais surement recroquevillé dans un confort dénué d'ambition et de risques.
Très familier dans sa variation appuyée du Crime et Châtiment de Dostoïevski (cité à outrance) tout autant que de son bien plus maitrisé Match Point (mais pas que), Allen use ici du destin déglingué de son prof de philo attiré par le crime pour égrener ses thèmes de prédilections (la bourgeoisie bien éduquée en prend encore plein la poire) avec une ironie plus marquée qu'à l’accoutumée.

Sans surprise mais surtout sans fulgurance, il nous ressort avec une aisance déconcertante sa science des relations humaines via la finesse piquante de ses dialogues affutés, un ton joliment léger et une musique jazzy du plus bel effet.
Le hic c'est que tout comme sur Magic in The Moonlight, le Woody ne semble pas réellement impliqué à la tâche, ne s'intéressant pas ou peu à la mise en scène de son histoire ici plate, sans éclat et simpliste à l'extrême.
Pire, tout comme sur Magic, il presse la touche du pilote automatique et s'appuie lourdement sur le brillant Darius Khondji (déjà à l’œuvre sur Minuit à Paris), dont la photographie est encore une fois élégante et lumineuse.
Brouillon dans sa narration malgré quelques bons rebondissements, bien plus à l'aise dans le polar décalée et noir (façon Scoop) que dans la comédie romantique (la vraie/fausse romance à trois n'est jamais prenante) et le drame moralisateur, le métrage dénote finalement que par la force d'interprétation d'un casting impeccable et joliment attachant.
Si Joaquin Phoenix offre une composition sérieuse dans la peau complexe du déprimé et déprimant Roy, il se fait constamment voler la vedette par la trop rare Parker Posey (parfaite) et la pétillante Emma Stone (brillante), véritable cœur de l'histoire.

Divertissant mais manquant clairement d'originalité, L'Homme Irrationnel est un Woody Allen mineur qui séduit tout en laissant cruellement sur sa faim un spectateur qui aurait sincèrement aimé que le pape du cinoche New-Yorkais sorte un brin de sa zone de confort (comme pour le brillant Blue Jasmine).
Comme d'habitude ces dernières années, on va espérer qu'il se lâche sur son prochain essai porté par le trio prometteur Jesse Eisenberg/Kristen Stewart/Steve Carell.
Mais plus le temps passe, moins nous nous faisons d'illusions...
Jonathan Chevrier