Une soirée avec Martin (Un Taxi pour le 7ème art) – Événement

Par Cliffhanger @cliffhangertwit

En marge de l'Exposition qui lui est consacrée à La Cinémathèque de Paris du 14 octobre 2015 au 14 février 2016, Martin Scorsese est venu en personne présenter la projection de Taxi Driver pour débuter les festivités. Interrogé par Serge Toubiana et Costa Gavras, le cinéaste s'est confié pendant près d'une heure passionnante. Nous étions présents pour cet évènement qui a inspiré à Laurent Doucet le texte ci-dessous:

Arrivé une heure en avance pour s'apercevoir que certains sont arrivés deux heures en avance. LE stress toujours présent de se demander si notre billet est bien imprimé et sera lisible. L'attente qui passe un peu plus vite quand on salue des connaissances dans la file, étudiants en cinéma venus comme nous, voir un morceau d'histoire vivante et qui nous parlera à nous cinéphiles dévots.

Comme la Cinémathèque à prévu trois salles on se demande si Martin sera dans la notre. Et puis on entre enfin. Des chaises sont disposées devant l'écran et l'on sait que cette fois c'est sûr on le verra, on l'entendra, on passera du temps avec lui. Une photo de tournage avec Martin et Bob surplombe ces chaises et nous avec. Chaises pour l'instant vides. Et puis à nouveau l'attente. L'oreille traine à l'écoute des conversations des voisins de salle et des hôtesses. Ces dernières sont nerveuses et font tout pour que la salle s'organise sans sièges vides. Dans la rangée en dessous, de jeunes cinéphiles au look de hipsters dissertent sur Peter Jackson et rient de la sortie aujourd'hui d'une grosse comédie française. Quand les invités des premiers rangs arrivent on vérifie l'air de rien si une tête connue n'est pas là. On attend. Et puis, on voit arriver Serge le grand. L'attente prend fin quand Costa arrive et enfin l'objet du culte de ce soir. Martin entre, souriant et la salle se lève d'un bond pour acclamer le cinéaste. Ferveur et émotion.

Souriant et presque rigolard, c'est tutoyé par Costa et questionné par Serge que Martin nous racontera ses débuts, sa passion pour le cinéma quand un asthme le privait des jeux de ses camarades. Son New York d'enfance qu'il a tant raconté dans ses films, de ses amis du nouvel Hollywood dont les prénoms suffisent à nous faire rêver comme Steven, Francis, Georges, Brian... Ses chocs de cinéma que sont Cassavetes et Elia Kazan. Ses parents qui ne comprenaient rien à sa passion, sa folie, sa compulsion. Et puis ses premiers films, ses story board, sa volonté de rester à New York, son incompréhension devant Easy Rider et ses californiens à motos, sa redécouverte du cinéma américain à travers les yeux de ces jeunes français de la Nouvelle Vague.

Puis il nous parle de Taxi Driver, de son tournage complexe, de la bataille avec les studios perturbés par l'âge de Jodie Foster et par la violence du propos. Du scénario de Paul Schrader et de sa force, et bien sûr de Robert De Niro.

Repartant une fois de plus ovationné, il nous laisse découvrir ou redécouvrir ce chef-d'oeuvre du cinéma. Beau, amoral, non manichéen, nous voilà embarqué dans la nuit new-yorkaise sur la musique jazzy enivrante de Bernard Hermann. Le 7ème art n'a jamais si bien porté son nom.

Enfin la sortie de ce lieu mythique et de cette soirée. La pluie tombe sur les pavés parisiens. Quelques stations de métro en compagnie de l'étudiant en cinéma croisé au début de la soirée. Nous refaisons le film et la soirée.

Parce que la magie du cinéma dure bien plus longtemps que les films...