Ridley Scott retourne dans l’espace et laisse Matt Damon Seul sur Mars pour un film de SF réaliste et survival techno intéressant et qui ne baisse jamais les bras. Contrat rempli pour passer un bon moment sur la planète rouge.
Décidément, avec un rythme d’un film part an, Ridley Scott est productif ces dernières années. Certes, tout n’est pas forcément à la hauteur de l’attente mais ça reste néanmoins intéressant. Cette fois il récupère à la volée un projet tenu par Drew Goddard (scénariste et réalisateur de la Cabane dans les Bois, contraint de rester sur un projet lié à Spider-Man et qui a déjà du coup abandonné la supervision complète de la série Daredevil pour ça), l’adaptation du best seller d’Andy Weir, Seul sur Mars.
Comme tout bon survival, l’histoire est simple. Une mission sur Mars tourne mal et l’équipe est obligée de retourner sur Terre en catastrophe. Dans la précipitation, l’un des membres de l’équipage est laissé pour mort et se réveille seul sur Mars, devant trouver un moyen de contacter la Terre pour faire venir les secours et de survivre en les attendant avec le peu de moyens qu’il a à disposition, sans compter tout ce qui pourrait mal tourner car la planète rouge reste un territoire hostile.
On comprend très rapidement pourquoi le livre avait intéressé Drew Goddard (resté scénariste et producteur du film). En effet, son ton correspond plutôt à sa personnalité, en particulier son héros qui tente de survivre et fini pas prendre cela au second degré, maudissant la seule playlist qu’on lui a laissé ou son overdose de patate, sachant très bien qu’il peut y passer à tout instant mais préférant relever les manches plutôt que de se morfondre . Le film échappe ainsi à toute le climat pessimiste ambiant dans le cinéma hollywoodien en ce moment et ça fait vraiment du bien. Le film délivre un message d’espoir et nous fait ainsi à nouveau rêver de missions spatiales international avec un but positif, mêmes si celles-ci peuvent mal tourner. Si certains vont le comparer avec Interstellar pour son combo Espace + Matt Damon + Jessica Chastain, il n’y a ici une vision toute autre de la SF réaliste et on pourra plus rapprocher le film d’Apollo 13, sans le mélo qu’il y avait autour.
D’ailleurs, en parlant du casting, celui-ci est particulièrement riche en têtes connues et c’est même étonnant de voir autant de stars pour des petits rôles (Sean Bean ne semble être là que pour une blague qui ravira les fans du Seigneur des Anneaux) alors que c’est bien Matt Damon qui attire toute l’attention. Avec son image de M. Toutlemonde, il est très facile de s’attacher et de s’identifier à lui et il porte bien le film sur ses épaules. A des milliers de kilomètres de lui, l’ensemble du casting se montre solide, Jessica Chastain et Chiwetel Ejiofor en premier.
Nous aurons donc plaisir à suivre Matt Damon dans ses emmerdes sur Mars et l’on peut dire que Ridley Scott y est aussi pour quelque chose. Technicien hors pair, il se montre toujours aussi efficace derrière la caméra, nous gratifiant de séquences haletantes et d’images sublimes de la planète rouge, tout en emmenant le spectateur avec lui. Mais on pourra reprocher justement de ne pas atteindre le point émotionnel souhaité. En effet, le scénario de Goddard se refusant à tomber dans l’apitoiement et se concentrant sur les aspects plus pratiques et techniques de la survie, il met alors de côté les émotions engendrées par la survie seul ou la pression de devoir sauver quelqu’un des à des milliers de kilomètres de distance.
Pour ce défaut, le film est donc fidèle au livre qui se concentrait sur l’aspect journal de bord et dont les péripéties sont bien (pour la plupart) retranscrite à l’écran avec l’esprit voulu par l’auteur qui transparaît régulièrement sur la pellicule. Mais il se montre tout de même supérieur à l’écrit avec un rythme plus poussé et une mise en image efficace, mais surtout avec un Matt Damon qui nous entraîne avec lui à chaque instant. Une belle réussite.