genre: horreur (interdit aux - 12 ans)
année: 2005
durée: 1h33
l'histoire : Dans un avenir pas si lointain, une poignée de survivants barricadés dans une ville bunker vit encore dans le souvenir de l'ancien monde... Des zombies, qui désormais pensent et communiquent, s'organisent pour prendre d'assaut la ville bunker. Kaufman, autoproclamé chef des vivants, engage un commando de mercenaires pour contrer les attaques de ces morts-vivants d'un genre nouveau.
La critique :
En l'espace d'une trentaine d'années, George A. Romero s'est imposé comme la référence absolue dans l'univers des zombies. Sa trilogie des Morts (La nuit des morts vivants, Zombie et Le Jour des Morts Vivants) a définitivement assis sa notoriété. A travers cette saga, George Romero brocarde également la société américaine : le racisme, l'intolérance, le consumérisme fou et une médiatisation outrancière. Vient également s'ajouter Land of The Dead, soit Le Territoire des Morts en français, sorti en 2005.
Pour ce quatrième film de zombies, George Romero dispose de moyens conséquents, soit un budget de quinze millions de dollars. Au niveau de la distribution, le long-métrage réunit Simon Baker, John Leguizamo, Dennis Hopper, Asia Argento et Robert Joy.
Tom Savini, Simon Pegg et Edgar Wright s'invitent également aux inimitiés, néanmoins dans des rôles très secondaires, puisqu'ils sont réduits à de vulgaires cacochyme, donc à l'état de zombies. Leur présence est tout sauf aléatoire. En effet, Tom Savini est le collaborateur de Romero depuis La Nuit des Morts Vivants. Quant à Edgar Wright et Simon Pegg, c'est aussi une façon de rendre hommage à Shaun of the Dead, une comédie "zombiesque", sortie en 2004.
Attention, SPOILERS ! Les morts-vivants ont pris le pouvoir et les quelques survivants sont confinés dans une ville-refuge. L'anarchie prédomine dans les rues pendant et certains ne sortent plus de buildings fortifiés. Cependant, un groupe de personnes tentera de se sortir de cette vie sans issue pendant que les zombies, normalement amorphes, évoluent vers une race de zombies hyper agressifs.
Au moment de sa sortie, Le Territoire des Morts obtient un vif succès au cinéma. Les critiques sont unanimement panégyriques et exaltent les qualités du film. Le Territoire des morts s'impose comme le nouveau grand chef d'oeuvre de George Romero. Reste à savoir si le long-métrage mérite un tel enthousiasme. Réponse dans les lignes à venir...
En l'occurrence, le cinéaste ne se contente pas de réaliser un remake de ses précédents films. A l'inverse de Zombie, qui tançait la société américaine, réduisant la plèbe à de vulgaires macchabées arpentant les longs couloirs d'un supermarché ; Le Territoire des Morts transfigure totalement ses morts vivants sanguinolents.
Cette fois-ci, les macchabées se soulèvent. Non seulement ils prennent le pouvoir mais deviennent de plus en plus espiègles et redoutables. Ils ne sont plus seulement des morts qui dévorent les vivants, mais des individus à part entière qui cherchent à établir un nouvel ordre. Les rôles et la dynamique s'inversent. Alors que les vivants sont destinés à guerroyer et à s'annihiler, les zombies se réunissent pour détruire une société anomique et exsangue, symbolisée par un Dennis Hopper plus cabotin que jamais.
Comme un symbole, le motard indocile d'Easy Rider est devenu un homme politique fallacieux, séditieux et soudoyé par l'appât du gain. Il représente ce pouvoir hégémonique et inquisitorial qui a instauré le chaos dans les bastions encore humains.
La populace est donc condamnée à survivre dans des ghettos où règne la loi du plus fort. A partir de là, le spectateur est amené à éprouver de l'empathie envers ces zombies qui cherchent à détruire ce marasme urbain. Quant aux rares protagonistes humains, ils sont amenés à prendre conscience de la dictature établie par le pouvoir en place. Hélas, malgré ses bonnes intentions, Le Territoire des Morts n'est pas exempt de défauts. Dans l'ensemble, le scénario est assez laconique et un peu trop classique pour susciter l'intérêt sur la durée. En outre, les personnages humains ne présentent presque aucun intérêt.
Clairement, on se fout un peu (beaucoup) des aventures de Riley (Simon Baker) et de son acolyte défiguré, chargés d'éliminer un jeune rebelle. Paradoxalement, George Romero tergiverse.
D'un côté, il se montre assez protecteur envers ses protagonistes humains. De l'autre, il ne parvient pas réellement à nous captiver sur le sort de ces zombies à la recherche d'un nouvel Empyrée terrestre. En résumé, George Romero hésite entre le pur divertissement à l'humour noir et égrillard et le film à thèse, se réclamant clairement d'une idéologie marxiste et/ou anarchiste.
Clairement, Le Territoire des Morts n'est pas le nouveau Zombie. A cela, s'ajoutent quelques personnages assez grotesques et ridicules, entre autres, John Leguizamo, un mercenaire en pleine insubordination, et un Dennis Hopper pas toujours très éloquent. A contrario, George Romero se montre parfois lyrique et mélancolique, à l'image de ces morts vivants qui émergent de l'eau pour prendre possession de la ville. Bref, Le Territoire des Morts est un film imparfait, inégal mais néanmoins attachant.
Un bon film de genre donc, à défaut d'être la claque annoncée.
Note : 13/20