L’HOMME IRRATIONNEL : Ou comment un maître passe à côté de son œuvre ! ★★☆☆☆

Une cuvée 2015 décevante pour Woody Allen.

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Contrairement au Cercle des poètes disparus ou à A Single Man, la relation professeur / étudiant(e) est dépourvue de toute originalité dans L’Homme irrationnel. Quand Abe Lucas (Joaquin Phoenix) arrive à l’université de Newport, tout le campus est en émoi : professeur de philosophie charismatique, un tantinet alcoolique et déprimé, Lucas est connu pour faire tourner la tête des étudiantes. Et devinez quoi ? Eh bien c’est exactement ce qui arrive ! Jill (Emma Stone) tombe amoureuse et pense pouvoir redonner à l’enseignant le goût de la vie. Mais Abe retrouve vraiment l’inspiration quand une idée de meurtre germe dans son esprit…

L’HOMME IRRATIONNEL : Ou comment un maître passe à côté de son œuvre ! ★★☆☆☆

On saute de cliché en cliché dans ce film qui manque cruellement de rythme,  aux dialogues convenus qui dégoulinent parfois d’eau de rose. Les acteurs font ce qu’ils peuvent, mais le romantisme, lourd et évident, vient gâcher le potentiel de l’intrigue qui aurait pu, bien exploitée, être convaincante. Woody Allen avait montré dans Match Point sa capacité à maîtriser le timing du polar, à distiller les indices de manière subtile et intelligente. On se demande alors où est passé CE réalisateur ! Une mise en scène transparente, une image certes meilleure que dans Magic In The Moonlight mais qui ne fera pas date, et un scénario dont on pressent (craint ?) les revirements : on finit très vite par attendre avec impatience la fin du film… qui, heureusement, par son ironie et sa chute, nous égaie un peu. Emma Stone, qu’on connaît pourtant plutôt pétillante, est fade en groupie mièvre, à tel point que cela devient gênant ; quant au bedonnant et grisonnant Joaquin Phoenix, qui reste néanmoins séduisant, il est bien loin de ses prestations de Walk The Line ou  La Nuit nous appartient. Point d’orgue de l’embarrât, une bande son répétitive, un thème jazzy qui revient à nos oreilles toutes les dix minutes et qui ne donne qu’une envie : celle de tirer sur le pianiste ! Après Blue Jasmine, le sursaut d’une filmographie en perte de contenu semblait assuré, mais Woody Allen montre qu’un film par an, de qualité, est quelque chose qu’il ne parvient plus à garantir. Les grandes dissections de l’âme humaine d’Hannah et ses sœurs ou la loufoquerie de Bananas et Tout le monde dit I Love you semblent alors bien lointaines…

La Cinéphile Éclectique (http://carnetscritiques.over-blog.com/)

Réalisé par Woody Allen, avec Joaquin Phoenix, Emma Stone

Sortie le 14 octobre 2015.