[CRITIQUE] : Pan

Par Fuckcinephiles

Réalisateur : Joe Wright
Acteurs : Levi Miller, Hugh Jackman, Garrett Hedlund, Rooney Mara,...
Distributeur : Warner Bros. France
Budget : -
Genre : Aventure, Fantastique.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h51min.
Synopsis :
Proposant un nouveau regard sur l'origine des personnages légendaires créés par J.M. Barrie, le film s'attache à l'histoire d'un orphelin enlevé au Pays Imaginaire. Là-bas, il vivra une aventure palpitante et bravera maints dangers, tout en découvrant son destin : devenir le héros connu dans le monde entier sous le nom de Peter Pan.

Critique :
#Pan ou une aventure à l'ambition visuelle démesurée certes décevante,mais qui émerveillera l'âme d'enfant qui sommeille en chaque cinéphile— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 16 Octobre 2015

A l'heure ou les adaptations live des classiques les plus populaires de l'écurie Disney se comptent quasiment à la pelle (et ce n'est pas prêt de s'arrêter), on ne peut voir que d'un bon œil la Warner chercher des poux à la major aux grandes oreilles sur son propre terrain, surtout quelle le fait d'une si belle manière déjà au rayon des super heroes movies.
Si le studio s'est fait damner le pion sur Le Livre de la Jungle (la version Disney de Jon Favreau débarquera dans les salles bien avant celle d’Andy Serkis), elle a, en revanche, placée ses billes en avance quand à sa mise en image d'un nouvel opus sur le personnage crée par J. M. Barrie.

Et à l'instar du sympathique Maléfique de Robert Stromberg, ce Pan constitue un prequel original à l'histoire que nous connaissons tous depuis notre plus jeune âge, en comptant la jeunesse du héros au pays imaginaire là ou l'inestimable Steven Spielberg lui, nous offrait sa version adulte dans le merveilleux Hook - et campé par le tout aussi inestimable que regretté Robin Williams.

Les mauvaises langues targueront, et on ne peut pas vraiment les contredire, qu'Hollywood a décemment fait le tour du personnage (la genèse de sa création a même été montré dans Neverland).


A ceci prêt qu'une énième aventure à l'approche pour le coup différente, placée sous la caméra du talentueux Joe Wright, avait tout de même de quoi nous allécher un brin, tant celui-ci avait su brillamment contourner les contraintes littéraires du pavé culte Anna Karenine (dont on en compte plus les multiples adaptations), pour en offrir un magnifique moment de cinéma théâtrale et bouleversant.
Alléchant donc, et pas qu'un peu aux vues de son casting vedette follement talentueux (Hugh Jackman, Rooney Mara et le mésestimé Garrett Hedlund), mais surtout de ces premières images renversantes balancées durant sa pourtant très maladroite campagne promotionnelle.
La vision rafraichissante et moderne de Wright laissait présager non seulement un divertissement ambitieux et total dénotant complétement avec la production familiale actuelle, mais surtout la confirmation que le cinéaste était bel et bien l'un des créateurs/ré-orchestrateur d'univers les plus talentueux de sa génération.

Critiqué de toute part par la presse US au moment de sa sortie, boycotté - ou presque - par le public en salles, que ce soit en Europe ou outre-Atlantique (15M$ pour son premier weekend, là ou son budget est facturé à 155M$), la faute - peut-être - à un marketing frisant l'indécence du mauvais gout; il est une évidence que Pan ne mérite pas du tout son mauvais accueil par de là le monde, même si il incarne une déception à plus d'un titre.

Porté par une remarquable exposition au sein d'un orphelinat rappelant fortement celle d'Oliver Twist et clairement celle d'Harry Potter (le cadre Londonien et le jeune héros/élu orphelin aidant encore plus à la comparaison), le film de Joe Wright épouse complétement la structure du conte traditionnel en développant une vision très singulière et détachée de l'histoire de Peter Pan. 


Une vision unique, teinté de noirceur avec la Seconde Guerre Mondiale en toile de fond, une amitié improbable avec son ennemi juré à l'avenir (Crochet), un cadre loin d'être idyllique (le Pays Imaginaire avec ses enfants perdus luttant contre les pirates) et la rencontre tendue avec le terrible Barbe Noire.
Si le premier tiers en plein Londres Victorien, parfaitement rythmé et féérique, séduit au plus haut point, c'est au moment ou le jeune héros débarque au Pays Imaginaire que Pan commence peu à peu à perdre de son souffle épique et à montrer ses limites.
Si le métrage ne perd pas une seule seconde son optique d'offrir une aventure visuellement généreuse et inventive (les créations incroyables et originales sont légion, la 3D immersive leur rend joliment justice), truffée de trouvailles malines et de plans à la beauté magnifique, il peine cependant tout du long à pleinement raviver l'intérêt d'un personnage à la mythologie adaptée à toutes les sauces (et n’atteignant pourtant jamais la maestria de la version Disney des années 50), via une histoire ultra classique et même brouillonne.
En ce sens, il est indéniable que la péloche incarne un pur divertissement familiale à l'ancienne dans tout ce qu'il a de plus séduisant et nostalgique, mais également tout ce qu'il a de plus conventionnel, linéaire et décevant.

Très, très enfantin, long et parfois très bavard - ce qui nuit grandement à son rythme -, la simplicité de l'intrigue se voit constamment contrebalancée par une énergie il est vrai assez communicative, ainsi qu'un emballage fantastique et excentrique à souhait (malgré quelques effets numériques qui tâchent, les oiseaux squelettiques en tête).
Une ambivalence teinté d'étrangeté qui se retrouve également dans les partitions pas toujours impliqués d'un casting vedette partiellement convaincant.
Si Hugh Jackman offre une prestation haute en couleur et jouissivement génial en Barbe Noire (il s'éclate et cela se voit), et que Garrett Hedlund cabotine juste ce qu'il faut en Crochet; Rooney Mara elle, a tout du mistcast accablant.
Idem pour ce qui est du jeune Levi Miller - dont c'est le premier rôle à l'écran -, rarement juste dans la peau du jeune Peter.

Loin du hit majeur espéré tout aussi loin de la catastrophe annoncée, Pan est une œuvre dynamique et farfelue, surprenante (Nirvana à la B.O., qui l'eut cru ?) et à l'ambition visuelle démesurée mais tronquée par des choix artistiques indignes quand on connait un tant soit peu le talent immense de son metteur en scène.
Un objet filmique ni forcément réussi ni forcément raté qui provoquera la fascination de plus d'un spectateur averti.
Si notre esprit de cinéphile en demandait (beaucoup) plus, force est d'admettre que notre âme d'enfant elle, aura rarement été aussi comblé devant une telle imagination diverse et travaillée.
Jonathan Chevrier