Cela faisait depuis Hostel – chapitre II en 2007 que Eli Roth n’avait plus tourné, s’étant consacré à d’autres projets en tant que producteur, scénariste ou encore acteur chez son pote Quentin Tarantino. Le réalisateur est de retour cette année avec deux films : Knock Knock, un thriller sexuel avec Keanu Reeves sorti dans nos salles le 23 septembre dernier, et The Green Inferno, film de cannibales disponible en e-cinéma depuis le 16 octobre. Ce dernier aura connu une sortie compliquée, se construisant de festival en festival une réputation de film interdit, à l’instar de Cannibal Holocaust en son temps.
Le film se veut en effet être une charge corrosive à l’encontre des activistes mais se limite finalement à une blague de sale gosse qui témoigne d’un cynisme contradictoire avec l’idée que se fait Roth du genre. Là où Hostel – chapitre II réussissait à concilier jaillissements gores extrêmes, ruptures de ton et propos pertinent, The Green Inferno donne l’impression de ne jamais savoir quelle direction prendre. Tiraillé entre le discours politique et la grosse pantalonnade puérile, Roth livre un propos totalement à côté de la plaque sur le militantisme écolo et la manipulation médiatique. Le film est caricatural d’un côté comme de l’autre, que ce soit dans la représentation clichée de la tribu cannibale ou dans la caractérisation de cette bande d’ados décérébrés au service d’une cause qu’ils ne comprennent pas. Cette approche simpliste est ainsi en contradiction avec le parti-pris visuel de Roth, à savoir un style réaliste cherchant à donner une impression de pris sur le vif. Le film échoue aussi à ce niveau là, ne parvenant pas à renouveler les codes visuels du genre ou tout simplement à se trouver une identité qui lui est propre. Il faut dire que le cinéaste n’est pas vraiment aidé non plus par la photographie d’Antonio Quercia, dont les couleurs fluo donnent à l’ensemble une allure cheap à la limite du téléfilm M6. Au final, The Green Inferno est un film bien sage tant dans son propos que dans sa mise en scène, ce qui est quand même un comble pour un genre aussi transgressif par nature !
En tant que farce débile, The Green Inferno pourra éventuellement plaire à certains cinéphages déviants. En revanche, ceux qui cherchent en ce film une expérience traumatisante de cinéma hardcore peuvent aisément s’en dispenser !