Pourquoi faut-il lire LA SEPTIÈME OBSESSION ?

Une nouvelle revue de cinéma ambitieuse et moderne.

la septième obsession

Le 10 octobre dernier, une toute nouvelle revue de cinéma faisait son entrée sur le marché des kiosques. Son nom : La Septième Obsession. A première vue, rien de bien excitant pour ceux qui se sont fidélisés depuis des années à la presse spécialisée analytique avec Positif ou Les Cahiers du Cinéma. Pourtant, il est question d’un véritable renouveau, qu’il est important pour nous de défendre dans ces colonnes. En effet, cet ambitieux projet (surtout à l’heure de la suprématie d’Internet) est avant tout porté par des jeunes récemment sortis de leurs études, à commencer par le rédacteur en chef Thomas Aïdan. Alors que la presse cinématographique prend un sérieux coup de vieux, jusqu’à créer une rupture de plus en plus radicale avec le public qu’elle devrait viser (notamment en ce qui concerne les deux mensuels cités plus haut), La Septième Obsession sonne comme un vent de fraîcheur que l’on n’espérait plus.

Pourquoi faut-il lire LA SEPTIÈME OBSESSION ?

Dès lors, le titre de la revue s’accorde parfaitement avec le projet général, celui de traduire l’obsession cinématographique actuelle, qui jusqu’alors ne trouvait sa place que dans les magazines centrés sur le cinéma de genre (Mad Movies). Le dossier de ce premier numéro, intitulé « A quoi rêvent les cinéphiles ? » prend même la forme d’un manifeste, où la défense d’un art populaire (et non populiste !) se mêle au besoin de soutenir toutes ses formes par les interventions de figures de la culture geek (Rafik Djoumi) et de la contre-culture (Jean-Baptiste Thoret). Voilà le crédo de La Septième Obsession : celui de mettre un photogramme du Hulk de Ang Lee sur une page (si si ! Page 19, vous pouvez vérifier) avant d’enchaîner avec Le Port de l’angoisse d’Howard Hawks ; décrire une cinéphilie curieuse et variée, principalement existante depuis la démocratisation d’Internet (ce qui ne veut pas dire qu’elle ne l’était pas avant). D’une certaine façon, la revue représente physiquement, par son impression papier, la verve de la blogosphère (à laquelle nous appartenons après tout) dont elle offre un début de (ré)habilitation.

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Néanmoins, Thomas Aïdan et son équipe montrent la différence notable qui les démarque d’un simple site web : le temps. S’il est vrai que le médium d’Internet peut parfois pousser à la précipitation par la vitesse de diffusion de l’information et les besoins du buzz, La Septième Obsession a pris la forme intéressante du bimestriel. L’objet, beau et conséquent (on vous laisse constater de la qualité du papier) ne couvre pas toute l’actualité cinématographique. Il fait des choix, les justifie et pousse sa réflexion sur chacun d’eux. Ce tri très sélectif ne l’empêche pas pour autant de se révéler éclectique, allant des pensées métaphysiques de Terrence Malick (Knight of Cups) au romantisme gothique de Guillermo Del Toro (Crimson Peak), en passant par un retour sur le chef-d’œuvre de l’année pour sa sortie vidéo (Mad Max : Fury Road). D’une interview de Tsui Hark à un portrait de la cinéphilie iranienne, même les sujets plus analytiques composent un panel très ouvert, faisant de La Septième Obsession un beau représentant d’un cinéma perçu comme champ de tous les possibles. Comme l’exprime Thomas Aïdan dans son éditorial : « Tel un flâneur qui déambule dans une ville étrangère, rencontrer une nouvelle revue requiert de perdre ses repères, d’accepter l’inconnu, de se laisser guider par l’envie de découvertes ». C’est aussi précisément ce que l’on attend du septième art.