Mais comment Peter est-il devenu Pan ? C’est à cette question que s’intéresse Joe Wright dans cette nouvelle relecture étonnante du personnage culte. Un film pour enfants aux nombreux défauts mais avec aussi bon nombre d’idées qui valent le coup d’œil.
Depuis la création du personnage de Peter Pan, les version cinématographiques se sont succédé avec plus ou moins de succès, de Disney au film de PJ Hogan de 2003 en passant par le Hook de Spielberg, sans oublier la biographie romancée de son créateur JM Barrie (notamment dans Neverland). Mais si tout le monde s’est intéressé à l’histoire originale et à une éventuelle suite sur le garçon qui de grandit jamais, assez peu se sont intéressés à ce qu’il était avant de devenir Pan. Et en ces temps où les studios cherchent à lancer de nouvelles franchises à coup d’» origin story» , Peter Pan devait bien y passer et c’est à Joe Wright qu’incombe cette lourde tâche.
Le réalisateur spécialisé dans les grandes romances à l’anciennes auxquelles il a toujours apporté une touche de modernité (Orgueil et Préjugés, Reviens-moi, Anna Karenine) mais qui a montré aussi son savoir-faire dans l’action et une certaine obsession pour les contes de fées dans Hanna, a donc cette fois l’occasion de mettre à l’écran une figure emblématique de sa culture britannique pour les enfants. Mais Joe Wright n’est pas le premier yes man venu et a sa propre vision et toujours une mise en scène regorgeant d’idées … reste à savoir si cette vision sera compatible avec celle du studio et rien n’est moins sûr.
Le film début donc dans le Londres du début du XXe siècle avec un Peter (Levi Miller) élevé dans un orphelinat assez odieux et va se retrouvé malgré lui embarqué par des pirates au Pays Imaginaire gouverné par la terreur de Barbe Noire. Mais petit à petit il va en apprendre plus sur sa véritable nature qui devrait le conduire à sauver l’île et ses habitants. Le scénario aligne ainsi les péripéties et les rencontres de Peter qui va suivre un chemin assez classique d’» enfant élu amené à faire de grandes choses» alors que son adversaire va lui évoquer le thème de la jeunesse éternelle puisqu’il courre après les fées pour rester jeune (même si c’est très peu approfondi). Une rencontre avec les indiens, d’étranges créatures et un passage éclaire chez les sirènes (pour le coup vraiment anecdotiques) avant de voir notre Peter commencer à voler et affronter le terrible pirate, voilà le chemin tout tracé que nous allons suivre.
Cependant, Joe Wright aurait bien voulu aller un peu plus loin et vers un peu plus de noirceur et cela se ressent bien. Entre les étranges oiseaux à tête de mort ou les mineurs chantant du Nirvana à l’approche de leur dictateur, il y a de nombreuses idées étranges qui nous font bien penser que le réalisateur a du un peu batailler avec le studio. On sent d’ailleurs bien quelques passages rapidement évacués comme l’apprentissage de Pan ou des scènes de dialogues manquantes entre les personnages pour étayer leur personnalité ou leur relation et c’est dommage, notamment dans l’affrontement entre Peter et Barbe Noir (parfait Hugh Jackman théâtral) qui manque un peu d’intensité.
Mais à côté de ces manques, le réalisateur n’est pourtant pas dépourvu d’autres idées visuelles audacieuses lorsque Peter et Hook (Garrett Hedlund qui s’amuse comme un petit fou) se retrouvent perdus dans la forêt, lorsque les pirates attaquent le camp des indiens ou du grand final avec 2 bateaux volants dans une immense grotte de cristal. Joe Wright fait comme toujours preuve d’une véritable créativité qui est assez rare pour être soulignée dans ce genre de film pour enfant. On peut d’ailleurs souligner la qualité des effets visuels qui (en dehors de quelques séquences de vol) sont particulièrement soignés et impressionnants (en particulier l’apparition du crocodile) avec une belle utilisation de la 3D.
Film un peu malade portée par un réalisateur plein d’idées mais devant s’aligner sur un scénario convenu et une ambiance de film pour enfants, Pan est un film étonnant mais loin d’être fédérateur.