genre: trash, underground, inclassable, expérimental (interdit aux - 18 ans)
année: 1997
durée: 23 minutes
l'histoire : Le calvaire d'une victime consentante aux mains d'un serial killer ritualiste à masque de porc qui va l'emmener dans une petite bicoque du desert de la Death Valley pour la torturer en suivant un rituel décrit dans un bouquin, Why Gods permits evil ?.
la critique :
Fascinant, révulsant, Pig, réalisé par Nico B. en 1997, atteint de tel sommets dans le sadisme qu'il risque fort de provoquer chez certains des hauts le coeur et des retournements d'estomac... L'histoire est celle d'un tueur en série qui mutile méthodiquement ses victimes selon un rite satanique. Muni d'un attaché case où se trouvent ses instruments de torture, il parcourt la campagne américaine à la recherche de proies.
En chemin, il rencontre un étrange auto-stoppeur qui a la tête entièrement recouverte de bandelettes. Entre cet inconnu et le tueur va se nouer une curieuse relation sadomasochiste totale et consentie. Arrivés dans une maison abandonnée, les deux hommes se préparent au sacrifice.
Le tueur ouvre alors un petit livre intitulé "Why God premit evil ?", dans lequel est précisée l'exacte marche à suivre de la cérémonie sacrificielle à laquelle il va procéder. Un cérémonial mystique dont les tortures font vraiment froid dans le dos car les sévices à base d'aiguilles, de rasoir et de fil d'acier sont réellement effectués sans aucun trucage...
Et les violences sont particulièrement gratinées: ingurgitation forcée de sang, pénis cousu par le gland directement relié aux tétons, cousus eux aussi, traçage au fil d'acier sur la peau (de façon à ce que le sang dessine le mot "pig" en coulant sur le torse de la victime), cisaillement du prépuce à la tenaille, injection de sang porcin par intraveineuse etc.
Des images absolument impressionnantes susceptibles de secouer le spectateur le plus endurci. Plus impressionnant peut être encore est le stoïcisme dont fait preuve l'acteur qui ne manifeste aucune émotion alors qu'il subit, pour de vrai, ces actes insensés; un comportement beaucoup plus proche de la performance hardcore que du jeu de composition.
A noter que le rôle du tueur est interprété par Rozz Williams, le créateur et chanteur du groupe de death rock, Christian Death. Williams se suicidera par pendaison peu après le fin du tournage. Malgré son extrémisme, Pig se révèle fascinant et parvient à nous scotcher par son univers envoûtant et sa grande beauté visuelle, notamment avec une photographie noir et blanc superbe.
Le réalisateur, à grand renfort d'images surréalistes et paraboliques, créé un climat complètement onirique qui sait nous faire oublier l'insoutenable pour mieux nous plonger dans un monde aux confins d'une autre dimension. Vraiment un gros choc et une sacrée découverte.
Note : ?
Inthemoodforgore
Seconde Chronique :
Cinema Of Death est une série de cinq courts-métrages trash, underground et expérimentaux. Chroniqué par les soins d'Inthemoodforgore sur le blog Naveton Cinéma (http://navetoncinema.canalblog.com/archives/2014/09/27/30661475.html), le "film" (un terme vraiment à guillemeter...) appartient à la classe toujours particulière des OFNI (objets filmiques non identifiés) totalement inclassables, gores et "foutraques".
Leader du Christian Death et figure mythique de la scène gothique, Roz Williams a écrit le scénario de Pig, l'une des sections de Cinema Of Death.
Pig est donc un court-métrage de 23 minutes qui brille avant tout par son outrecuidance, son surréalisme et sa pornographie sadomasochiste "hard". Donc, pour les âmes sensibles, merci de quitter votre siège et d'aller faire un petit tour... En l'occurrence, le scénario de Pig est plutôt laconique et se résume en quelques lignes. Attention, SPOILERS ! Le court-métrage raconte le périple meurtrier d'un mystérieux tueur qui procède à des sacrifices selon un rituel satanique.
Au cours de son voyage, il va rencontrer un inconnu qui va s'offrir à lui pour un cérémonial mystique qui s'achèvera dans l'horreur la plus monstrueuse. Comme l'a déjà précisé Inthemoodforgore dans sa chronique, Christian Death se suicidera quelques temps après le tournage de Pig.
Il s'agit donc d'un court-métrage personnel, extrêmement douloureux, marqué par la mort et par toute une succession de symboles sataniques et eschatologiques. Pour Christian Death, c'est une façon comme une autre d'adresser un "fuck" à la société toute entière, et à un monde qu'il méprise et vitupère. Véritable doigt d'honneur (encore une fois) à la face d'un cinéma consensuel, Pig se démarque par son ambiance méphitique et une image en noir et blanc, absolument superbe, teintée de quelques clartés vespérales.
Esotérique et donc peu accessible au grand public, Pig est aussi un film muet. Lorgnant entre le snuff movie, le torture porn et la pellicule totalement inclassable, l'introduction de Pig nous plonge dans un paysage désertique et chaotique, marqué par un soleil de plomb.
Je ne vais pas forcément m'attarder sur les longues séquences de tortures. Inthemoodforgore l'a déjà fait dans sa précédente chronique. Néanmoins, Pig fait partie de ces courts-métrages nihilistes et expérimentaux, destinés à marquer le spectateur au fer rouge. Dans ce court-métrage, point de simulation. Piercing, scarification et esthétique sadomasochiste, tous les sévices sont bien réels.
Ici, la souffrance atteint son paroxysme sur le rythme d'une musique à la fois lancinante, saccadée et dissonante. En résumé, le spectateur est amené à partager le long supplice de la victime consentante. Dans le rôle de cette dernière, James Hollan réussit une véritable performance.
Malgré les apparences, Pig ne se résume pas seulement à une succession de tortures absconses. Le court-métrage fait clairement référence au mal et au satanisme, invoquant, au détour de plusieurs iconographies violentes et évocatrices, les faciès d'Hitler et de Charles Manson. A ces figures maléfiques et omnipotentes, s'ajoutent également des symboles religieux en déliquescence.
Roz Williams affiche clairement sa fascination pour le mal. Mais pas seulement. Le scénariste et réalisateur sublime la mort à travers son court-métrage. Visiblement en plein marasme et en pleine psychasténie mentale, Roz Williams annonce déjà sa propre mort (et donc son propre suicide) à travers son exaltation de la dame "Faucheuse".
A partir de là, Pig amorce une étrange relation fusionnelle entre le bourreau (interprété par Roz Williams lui-même) et la victime. Relation dans laquelle il est question à la fois de sadisme, de réalisme crade et de pulsions érotiques et homosexuelles. Quant au livre servant de rituel, il devient une sorte de bréviaire de la souffrance morale et des sévices corporels.
Pig se transforme en une complainte crépusculaire où ne règnent que la terreur, la désolation, les figures de la mort et de la fin du monde (encore une fois, Hitler et Charles Manson). Pig se transfigure alors en un film métaphysique où la mort ne peut être engendrée que dans la violence et les rituels eschatologiques. Bref, et vous l'avez compris, Pig s'impose comme un énorme uppercut en pleine tronche, un OFNI à la fois anxiogène, étouffant et terriblement oppressant.
A réserver à un public extrêmement averti donc !
Note : ?
Alice In Oliver