Les deux amis

Par Dukefleed
Les trois amis?
Louis Garrel revisite le triangle amoureux après y avoir déjà bien travaillé dans ses trois premiers courts métrages. Les trois protagonistes sont : ·   Clément : figurant de cinéma, fleur bleue et un peu paumé amoureux fou de la belle Mona·   Mona : jolie vendeuse d’une sandwicherie, mystérieuse. Tous les soirs, elle rejoint le pénitencier. Amoureuse de Clément peut être… mais succombant au charme d’Abel certainement·   Abel : surveillant de parking… oups, il se rêve écrivain… serial séducteur. Amoureux de Mona mais plus dépendant à l’amitié de Clément qu’il ne peut lui-même le croire Tout commence quand Abel et Clément décident d’empêcher Mona de prendre son train du soir pour retourner en centre de détention. Ils ignorent son statut de probationnaire et l’entrainent de manière bien innocente dans une cavale à travers Paris dont elle se serait bien passé. Ces 48 heures parisienne va pousser chacun d’entre eux à reconsidérer son rapport avec les deux autres. Gravitant durant une heure autour d’un gentil marivaudage un peu naïf, le dernier tiers du film se recentre sur le vrai thème du film plus ambitieux : une passion amicale. Comme toute passion, celle d’Abel et Clément est menacée par l’usure du temps, la routine et les chemins finissant par se séparer. Et c’est bien là l’audace de ce film ; traiter de l’amitié comme une relation amoureuse soumise à l’épreuve du temps. Le scénario écrit par Christophe Honoré est très solide et permet de sortir des sentiers battus. Certains pourront être exaspérés par un cinéma intimiste bien français aux accents prononcés de Nouvelle Vague ; et il est vrai que c’est un film bobo parisien un peu intello. Mais derrière intello, on peut aussi lire intelligent ; les dialogues font mouches, les personnages sont fouillés, les situations tragi comiques et burlesques sont très souvent drôles. Beaucoup de charme traverse ce film et ce grâce à l’immaturité des deux amis. Louis Garrel se serait inspiré de « Marche à l’ombre » ; et bien, on retrouve ici aussi deux gentils ratés, le côté nonchalant en plus. Le film a bien quelques déséquilibres, mais les comédiens incarnent tellement leurs personnages. Golshifteh Farahani toujours éblouissante a le rôle qui permet le plus de nuance et de subtilité dans le jeu ; mission accomplie.Beau film profond et burlesque sur l’amitié… et sa fin?
Sorti en 2015 
Note: 15/20