Réalisateur : Hirokazu Kore-Eda
Acteurs : Haruka Ayase, Masami Nagasawa, Kaho, Suzu Hirose,...
Distributeur : Le Pacte
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Japonnais.
Durée : 2h08min.
Synopsis :
Trois sœurs, Sachi, Yoshino et Chika, vivent ensemble à Kamakura. Par devoir, elles se rendent à l’enterrement de leur père, qui les avait abandonnées une quinzaine d’années auparavant. Elles font alors la connaissance de leur demi-sœur, Suzu, âgée de 14 ans. D’un commun accord, les jeunes femmes décident d’accueillir l’orpheline dans la grande maison familiale…
Critique :
#NotrePetiteSœur ou un beau, tendre et empathique portrait de femmes aux douces allures d'une bulle de légèreté jamais cynique ni moraliste— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) October 22, 2015
Si depuis le sublime Nobody Knows, le metteur en scène nippon Hirokazu Kore-Eda faisait parti des cinéastes asiatiques que à suivre avec un intérêt certain, c'est véritablement avec le prodigieux I Wish, que celui-ci a réellement su conquérir pour de bon, les cœurs durs - mais fragiles également - des cinéphiles endurcis que nous sommes.
Narrant la bouleversante histoire de deux frères séparés par le divorce de leurs parents faisant tout pour se retrouver, le film s'imposait purement et simplement comme l'une des grosses claques de l'année ciné 2011, mais surtout comme l'un des plus beaux films sur l'enfance depuis très (mais alors très) longtemps.
S'affirmant, logiquement, comme l'un des seuls metteurs en scènes contemporains capable de filmer avec grâce, l'insouciance - souvent bafouée et violée par la dureté de la vie - de l'enfance, il avait une fois de plus enfoncé le clou en 2013 avec Tel Père, Tel Fils.
Un monument d'authenticité et de puissance qui, sous ses atours de La Vie est Un Long Fleuve Tranquille made in Japan (sans humour féroce ni satire social acérée, mais avec une sincérité et une sensibilité dévastatrice) incarnait un drame épuré et mélancolique sur la pluralité et la complexité du sentiment paternel.
Un moment de cinéma bouleversant et majeur, qui ne laissait pas indifférent un certain Steven Spielberg (son jury et lui en avait justement fait le prix du Jury au moment de sa présentation sur la Croisette Cannoise), qui se battrait même depuis pour en pondre un remake sur les terres de l'Oncle Sam.
Toujours aussi inspiré, Kore-Eda nous revient donc en cette fin d'année riche en belles péloches avec une nouvelle réussite indiscutable, Notre Petite Soeur, ou adaptation d'un manga éponyme contant l'histoire aussi simple qu'universel de trois sœurs, Sashi, Yoshino et Chika, qui vivent ensemble à Kamakura.
Par devoir, elles se rendent à l’enterrement de leur père, qui les avait abandonnées une quinzaine d'années auparavant.
Elles font alors la connaissance de leur demi-sœur, Suzu, âgée de treize ans.
D'un commun accord, les jeunes femmes décident d'accueillir l'orpheline dans leur grande maison familiale...
Tout en grâce et en délicatesse, Hirokazu Kore-Eda poursuit son exploration de ses thèmes les plus chers (la famille, la transmission et les liens du sang avec, en toile de fond, la société nipponne) tout en s'inscrivant de nouveau dans les pas d'Ozu en opposant deux versions du Japon (l'un plus traditionnel et l'autre plus urbain empruntant volontiers à la culture occidentale) via la destinée langoureuse de quatre sœurs que tout oppose - sur le papier -, trouvant pourtant malgré leurs fortes personnalités, la force de vivre en harmonie au sein de la grande baraque familiale.
Quatre héroïnes à la caractérisation forcée (Kore-Eda en fait volontairement des clichés ambulants), toutes plus touchantes les unes que les autres et primant la cohésion de groupe bien plus que les aspirations individuelles.
Œuvre bien plus mineure que le majestueux Tel Père, Tel Fils, Notre Petite Sœur s’éloigne de la psychologie réaliste et dérangeante pour lui préférer un récit sans le moindre drame ni tragédie.
Un beau, tendre et empathique portrait de femme au pluriel aux douces allures de bulle de légèreté jamais cynique ni moraliste, séduisant de par sa simplicité et son universalité, le cinéaste façonnant tout du long avec intelligence son charme par la justesse de sa réalisation en saynètes, tout en morceaux et ambiances choisies appuyant pleinement un propos communautaire follement optimiste.
Bref, ajoutez à ça une partition sans fausse note d'un casting en tout point impliqué et remarquable, et vous aurez là sans contestation possible, l'un des plus lumineux feel good movie d'une année 2015 qui n'a décidément pas fini de nous étonner...
Jonathan Chevrier