Hellboy

Par Inglourious Cinema @InglouriousCine

Né dans les flammes de l'enfer, le démon Hellboy est transporté sur Terre lors d'une sombre cérémonie célébrée par les nazis, désireux d'utiliser les forces infernales à des fins de conquête. Sauvé par le docteur Broom, Hellboy est alors élevé pour combattre les forces du Mal. Armé, possédant un bras droit en pierre, il fait équipe avec le télépathe Abe Sapien et Liz Sherman, capable de contrôler le feu...
Hellboy - 11 Aout 2004 - Réalisé par Guillermo del Toro

Alors que son expérience désastreuse sur « Mimic » l'a profondément marqué, Del Toro croit alors que sa carrière est finie ! Mais un certain Pedro Almodovar le remet en selle en produisant « L'Echine du Diable ». Un film qu'il voulait faire depuis un long moment et qui s’avérera être un beau succès critique. Et c'est ainsi que regonflé à bloc par ce film, Del Toro désire s'attaquer a un projet qui lui tient à cœur, l'adaptation de « Hellboy » créé par Mike Mignola. Mais pour réaliser Hellboy, il devra faire Blade 2. Un deal gagnant pour les deux parties, le Studio sort un film d'une excellente qualité et le succès permet à Guillermo del Toro de réaliser enfin son « Hellboy ».
Pendant la seconde guerre mondiale, une division des Nazis dédiée à l'occultisme tente au large de l'Ecosse d'invoquer Anung Un Rama. Heureusement un commando américain arrive sur les lieux pour empêcher Raspoutine d'invoqué la bête et d'ainsi changer l'issue de la guerre. Bien qu'ils réussissent à mettre en déroute la troupe de nazis, le portail a laissé passer une créature. Un enfant, rouge, malicieux et avec des cornes. Effrayé par les soldats à l'allure menaçante, seul le professeur Broom peut l'approcher, l'attraper et le calmer. Broom devient ainsi le père du petit Anung Un Rama dit « Hellboy ». Un enfant hors du commun, pour un destin singulier. Devenu adulte, Hellboy est le meilleur agent du bureau de recherche et de défense sur le paranormal. Mais lorsque les démons de son passé viendront à nouveau le hanté, il devra leur faire face.
Ce qui m'a le plus marqué dans « Hellboy », ce n'est pas tant l’œuvre à proprement parlé que j'avais devant moi mais bien ce qu'elle représentait ! Celle d'un auteur qui embrasse à un tel degré son personnage, qu'il en devient un prolongement naturel de sa personnalité, car Guillermo Del Toro est comme Hellboy, un personnage d'une grande force, hors-norme et qui doit constamment se battre pour réaliser ses projets les plus fous !
Pour cela il retrouve l'auteur des comic-book, le génial Mike Mignola avec qui il a déjà collaboré sur la suite de Blade. Et dans un esprit d'échange ainsi que de respect l'un envers l'autre, Del Toro va peu à peu affiner la vision qu'il a d'Hellboy sans trahir ce qu'a écrit Mignola. A cela il ajoute une part de lui. Le réalisateur amene ainsi ses diverses obsessions comme son amour des monstres, des insectes ou encore celle de créer des objets ou personnages très mécaniques (Kroenen). Il y a aussi l'omniprésence de ses influences lovecraftienne mais pas que ! Il s'inspire aussi de vieux projets inachevés ou certaines de ses idées refont surface pour Hellboy. Et bien sur les thèmes récurrents qui lui sont chers comme l'innocence, l'amour, le deuil, la tolérance, le passage à l'age adulte ou encore sur les relations à deux et plus particulièrement celle entre un père et son fils.
C'est par le prisme de cette relation sans égal entre Broom et Hellboy que l'histoire nous est racontée. Inspirée en partie par le premier tome d'Hellboy intitulé « Les Germes de la Destruction », on nous présente un héro ou un anti-héro plutôt, qui doit grandir dans un monde qui n'est pas le sien. Et pour le guider ou l'égarer on trouve en guise de figure paternelle, le bienveillant Broom ou le maléfique Raspoutine. Une dualité qu'il explore constamment, Hellboy à la maturité d'un adolescent, rebel et émotif qui n'aime pas les règles en provoquant constamment l'autorité de son « père ». Une attitude qu'il continuera d'interroger dans le suivant tout en changeant l'axe de son analyse. On connaîtra ainsi son environnement, son travail et ses proches comme Abe, Liz ou encore ce nigaud de Myers.
Le fond de l'histoire qui est particulièrement dense ne représente qu'une part du film ! L'autre partie c'est bien évidemment ce qui la fait avancer, c'est à dire la lutte d'Hellboy contre Raspoutine. Et Guillermo del Toro sait se faire plaisir, tout en rendant cela communicatif. Le film oscille allègrement entre épique, fantastique et humoristique tout en soignant un visuel de comic book aux couleurs vives.
De l'exposition en 1944 jusqu'au final dantesque, le film ne se répète pas et offre a chaque fois autre chose, un nouveau style de combats et se renouvelle constamment en terme d'ambiance. On passe d'une scène sur une île de nuit à une scène dans un musée a l'ambiance feutrée, à une autre scène dans les couloirs du métro jusqu'à une autre dans les salles immenses d'un ancien mausolée en Russie. Chaque espace donne ainsi lieu à des morceaux de bravoures adaptés aux lieux de l'action, pour des scènes plus ou moins impressionnantes ou l'on peut admirer des créatures crées de la tête aux pieds sans cgi par les équipes de l'immense Rick Baker. Un choix bien spécifique qui donne un cachet inimitable, auquel le travail de Guillermo Navarro se superpose à merveille ! Le film dans son ensemble est un régal pour les yeux, c'est lumineux, avec de belles couleurs bien saturées qui donnent énormément de contrastes dans la composition des plans.
Et au final si le méchant n'est pas forcément des plus impressionnants, Raspoutine ne vaudra jamais le prince Nuada dans Hellboy 2 ou Nomak dans Blade, le film est vraiment bon du début à la fin. C'est bien raconté, bien rythmé et la bande originale signée Marco Beltrami illustre avec force l'ambiance glauque d'un monde obscur.
Quant au casting, c'est indéniablement l'une des plus grandes qualités de ce film. Désormais il m'est impensable de voir une autre personne que Ron Perlman pour le rôle d'Hellboy, tant il semble inspiré des que les prothèses de son maquillage sont posées sur lui. Sa présence, son physique et cette façon de jouer entre nonchalance, facilité et aisance pure sont absolument géniales. A tel point qu'Hellboy pourrait être un personnage à part entière de l'univers du mexicain. John Hurt qui joue le professeur Trevor « Broom » Bruttenholm est le « père » par excellence, juste, protecteur et patient, une qualité nécessaire pour ne pas craquer face à Hellboy. Toujours dans la retenu et la sobriété, il est très touchant ! On trouve aussi l'élégant Doug Jones qui donne ses traits à Abe et avec son expérience il lui donne vie ainsi qu'une grâce qui confine à la douceur pure. La chérie d'Hellboy, la vrai héroïne du film, Liz Sherman est jouée par Selma Blair. Avec beaucoup de convictions et de talents, Selma Blair joue avec beaucoup de nuance et surtout elle est un des moteurs pour Hellboy, elle le canalise et lui fait faire les bons choix, quitte a intériorisé beaucoup, notamment sur ses propres souffrances, traumas ou encore aspirations ; ce qui la rend infiniment plus complexe et plus forte que son chéri ! Il y a aussi Rupert Evans dans le rôle de Myers, Jeffrey Tambor dans celui du responsable Manning quant aux méchants, on trouve Karel Roden en Raspoutine mais surtout Ladislav Beran sous les traits du terrifiant Kroenen !
Une histoire entre un père et son fils, tumultueux, épique et tragique ...