LE LABYRINTHE : LA TERRE BRÛLÉE (Critique)

Par Cliffhanger @cliffhangertwit
SYNOPSIS: Dans ce second volet de la saga épique LE LABYRINTHE, Thomas et les autres Blocards vont devoir faire face à leur plus grand défi, rechercher des indices à propos de la mystérieuse et puissante organisation connue sous le nom de WICKED. Or le monde qu'ils découvrent à l'extérieur du Labyrinthe a été ravagé par l'Apocalypse. Leur périple les amène à la Terre Brûlée, un paysage de désolation rempli d'obstacles inimaginables. Plus de gouvernement, plus d'ordre... et des hordes de gens en proie à une folie meurtrière qui errent dans les villes en ruine. Les Blocards vont devoir unir leurs forces avec d'autres combattants pour pouvoir affronter WICKED et tenter de défier son immense pouvoir.

On se souviendra d'un premier opus très réussi arrivé assez discrètement sur nos écrans, presque en catimini, comme honteux de passer derrière - pour ne citer qu'eux - les géants du marché que sont The Hunger Games et Divergent . Au rayon des très nombreuses contre-utopies qui fleurissent tant sur les étagères des libraires que sur les écrans de cinéma, The Maze Runner s'était révélé être un teen-thriller intelligent, diablement efficace et au rythme effréné, dans un huis-clos fiévreux évoquant de loin en loin le mythe de Thésée et du Minotaure. Dans cette suite mise en avant avec un peu plus de conviction marketing, on retrouve notre bande de " blocards " hors de leur zone de confort/confinement, livrés en pâture à une réalité plutôt abrupte... et à propos de laquelle on va prendre soin de ne rien leur révéler. Nouveau test ? Complot savamment orchestré ? Traquenard opportuniste ? Une chose est sûre : l'épreuve est très loin d'être terminée, et nos fameux coureurs n'ont pas fini de sprinter. Le Labyrinthe 2 prend le contre-pied total du premier volet, huis-clos oppressant à souhait, pour offrir de nouveaux - et vastes - horizons aux blocards. Si l'on ignore toujours où ils se trouvent, dans la mesure où cet endroit n'est jamais formellement nommé, les hypothèses les plus excentriques se heurtent rapidement aux contours résolument terrestres d'une mégalopole américaine (était-ce San Francisco ? Los Angeles ? La forme des buildings m'a échappé) en ruines cernée de toutes parts par un erg très justement nommé la " Terre Brûlée ". Commence alors, pour eux comme pour nous, une véritable traversée du désert. Car la progression du film, si elle ménage quelques très beaux moments, va se révéler plutôt poussive. La faute, notamment, à trop de péripéties qui semblent n'amener à rien de concret, mais plutôt à des rebondissements un peu factices. Wes Ball, déjà aux commandes du premier film, donne la sensation très nette de bien moins maîtriser son sujet sorti des (pourtant multiples) murs du labyrinthe. On a par exemple l'impression désagréable d'une déconnexion flagrante par rapport au premier volet, comme si ce dernier, qui se suffisait à lui seul, avait été pensé avec certes un cliffhanger, mais sans suite probable, aboutissant à un scénario un peu foutraque qui accumule de fait de nombreux passages à vide altérant considérablement son rythme. Un film, par ailleurs, plutôt long (2h13 au compteur). En fin de compte, trop d'errements, de déambulations qui semblent un peu vides de sens. Et pourquoi, comment diable a-t-elle brûlé cette Terre ? Pourquoi s'en prendre à des ados qui, s'ils se révèlent plutôt débrouillards, ne démontrent pas non plus des capacités extravagantes ? Trop de questions qui s'ajoutent à celles, déjà nombreuses, suscitées par le film initial, quand les réponses sont concédées, au compte-goutte, comme ce fichu sérum après lequel tout le monde court si désespérément. On progresse, oui, mais peut-être pas assez pour ne pas se sentir floués après plus de deux heures passées à entretenir un suspense dont le soufflet s'affaisse dangereusement.

En marge de tout ceci, concédons que l'univers, lui, est plutôt extrêmement bien développé, avec des plans post-apocalyptiques superbes, de jolies trouvailles visuelles - comme cet orage hors normes dont les éclairs sont légion - une photographie plutôt élégante et une réalisation ultra soignée. Mais, là encore, le film peine à trouver son identité propre au milieu de tout ce fatras de références diverses - et fortes - empruntées ici et là à l'iconographie S.F. et qui s'incrustent aux forceps dans de nombreuses séquences. A contrario, j'ai trouvé qu'ils s'en sortaient plus que bien en termes de représentation des victimes du fameux fléau : Braise. Pour ne pas spoiler, je me garderais de disserter d'avantage sur le sujet, comme sur tout le reste, et passerais aussi sous silence un guest un peu WTF, et le regret que j'ai eu de ne pas assister à d'avantage de contre-emplois (comprenne qui pourra). Un mot sur le casting évidemment avec, toujours en tête d'affiche, la coqueluche Dylan O'Brien, pour lequel le terme lead role semble avoir été inventé. On ne voit que lui, on n'entend que lui, tout tourne autour de lui, tout à la fois bouc-émissaire et élu de l'espèce humaine, nouvel espoir et marginal qui passe pour timbré parce que trop frondeur. Alors oui, il fait le job, plutôt bien d'ailleurs, mais son personnage, s'il est indéniablement crucial à l'histoire, éclipse bien trop à l'écran les seconds couteaux dont on désespère de voir un peu plus la trombine. Si le déséquilibre paraissait bien moins criant dans Le Labyrinthe, les sympatoches Newt ( Thomas Brodie-Sangster), Minho ( Ki Hong Lee, nettement plus badass) et Aris ( Jacob Lofland) ont positivement été relégués à l'arrière-plan, quand ils ne sont pas tout bonnement évincés des scènes les plus chouettes du film. Histoire de pimenter un peu une bluette à laquelle personne n'adhère tellement elle sent le surgelé, la ultra-cool Rosa Salazar vient faire de la concurrence à une Kaya Scodelario des plus apathiques... et antipathique. Quant à Aidan Gillen et Giancarlo Esposito, ils prennent le relais de Patricia Clarkson pour ce qui est des figures pseudos-tutélaires chargées de conférer un peu plus de densité à tout ça. En définitive une suite en forme de petite déception qui tient moins à la forme, efficace, qu'à la teneur, trop confuse. Si Le Labyrinthe se justifiait à lui seul, La Terre Brûlée manque de soufre, de souffle, et de ce petit goût de cramé qui aurait dû succéder à la forte impression laissée par le dédale de WCKD. L'ultime volet tiendra-t-il les promesses que ce second opus n'a fait qu'affaiblir ? Ou bien réhabilitera-t-il celui-ci après-coup ? Réponse en 2017.

Titre Original: MAZE RUNNER: THE SCORCH TRIALS

MOYEN

Catégories : Critiques Cinéma

Tagué: Aidan Gillen, CRITIQUE LE LABYRINTHE LA TERRE BRULEE, Dylan O'Brien, Giancarlo Esposito, Jacob Lofland, Kaya Scodelario, Ki Hong Lee, Le Labyrinthe, le labyrinthe 2, Rosa Salazar, Thomas Brodie-Sangster, Wes Ball