Julie Delpy, femme & cinéaste, so what?

Par Nathalielenoir

Le week-end dernier, je faisais la queue pour ma séance bi-hebdomadaire de cinéma, feuilletant Illimité, la revue éditée par le réseau UGC, quand je suis tombée sur une interview de Julie Delpy qui m’a remplie de colère et de joie. Je vous raconte?

Julie Delpy, c’est bien simple, je l’adore, qu’elle exerce son talent en tant qu’actrice, scénariste ou réalisatrice. J’aime son humour, sa sensibilité et sa force de caractère. J’aime le courage avec lequel elle a répondu à une interview légèrement sexiste sur les bords…

Le premier cliché (désolée pour sa piètre qualité, j’étais debout et bousculée dans ma file ^^) est la parfaite illustration du regard qu’on pose encore sur les femmes cinéastes mais passe encore, on va dire que la question du journaliste était une mise en situation.

Pour que vous appréciez toute la saveur du second extrait, il faut que je vous résume le contexte. En gros le journaliste faisait remarquer à Julie Delpy que quand même, l’héroïne de son dernier film, Lolo, parle de sexualité avec ses copines de façon bien crue pour une quadragénaire. Puis, un peu plus loin, il la tacle sur le fait que le personnage incarné par Dany Boom est un peu « blonde » sur les bords, et que la dite héroïne s’intéresse plus à son corps qu’à son cerveau. Voila voila…

Il est évident qu’en comparaison d’Hollywood, l’industrie française du cinéma est un peu plus tendre avec les femmes auteurs et/ou cinéastes. Plus tendre, mais lourdement paternaliste.

Je souris devant la candeur de celles de mes consoeurs qui estiment que le fait d’être femme n’a en rien influé sur leur carrière. Un nom ou un réseau peuvent certes rééquilibrer la balance. Je souris quand récemment encore, un professionnel de la profession me balançait sans sourciller, à propos de mon film que « j’ai de la chance en plus, c’est vachement à la mode les femmes cinéastes, ça va me servir », avant d’ajouter que « et puis de toute façon c’est (le sujet du film) un sujet féminin, donc ça colle bien ». Il se trouve que le sujet en question, je l’ai choisi parce qu’il me parle intimement, il me parle en tant que cinéaste, citoyenne, être humain. C’est un petit budget, je suis ravie comme ça. Mais peut-être que demain je voudrai faire un film sur un sujet dit « masculin », voire un film de genre? Combien de consoeurs je vois se casser le nez, justement parce qu’elles font ce choix, qu’elles portent de projets à moyen ou gros budget?

Récemment encore, Alice Winocour, en promotion pour son très beau film Maryland, a du se justifier devant toute la presse d’avoir fait, en tant que femme, un film sur un ancien soldat, un film jugé « violent ». Et pas plus tard que cette semaine, on taxe le film de Maïwenn d’hystérique alors qu’elle traite de la passion destructrice avec beaucoup de finesse et sensibilité justement, que sa réalisation n’a jamais été aussi mure et maitrisée.

Oui la situation évolue (lentement) dans le bon sens. Mais ayons le courage, hommes comme femmes, de regarder les choses en face. Il y a, en France, environ 50% de femmes dans les écoles de cinéma, et pourtant si peu de femmes cinéastes. C’est n’est pas le silence qui améliorera les choses… Merci donc à Julie Delpy et à toutes celles qui osent s’exprimer à ce sujet, quitte à passer pour des viragos… 😉

Copyright©Nathalie Lenoir 2015