Ce déut d'automne est triste, après Joan Leslie et Danièle Delorme on apprend le décès de l'actrice Maureen O'Hara ce 24 octobre à l'âge de 95 ans.
Née en 1920 à Dublin en Irlande, Maureen FitzSimons nait dans une famille aisée, d'une mère comédienne et chanteuse et d'un père chef d'entreprise qui possède également l'équipe de football "Shamrock Rovers". Elle prend des leçons très tôt de diction, de chant et de danse, elle rêvera de devenir cantatrice. Elle participe à un show radiophonique à 10 ans et intègre le prestigieux Abbey Theatre à 15 ans où elle pratique théâtre et opéra.
Mais son père ne croit pas au destin artistique de sa fille et insiste pour qu'elle apprenne un "vrai" métier. Elle prend alors des cours de dactylo et de comptabilité.
Alors qu'elle joue dans une pièce de Shakespeare, elle est repérée par Harry Richman, un chanteur populaire de music-hall qui la recommande pour un petit rôle dans la comédie musicale "Kicking the Moon Around" (1938) de Walter Forde.
Dans la foulée elle est remarquée par l'immense Charles Laughton qui est séduit par la belle rousse aux yeux verts. Il la présente à son associé Erich Pommer, producteur, qui lui fait signer un contrat de sept ans pour leur société de production Mayflower Pictures Corporation. Pommer en profite pour changer son nom pour O'Hara, plus facile et plus identitaire.
Aussitôt ils lui offrent un rôle aux côtés de Charles Laughton dans "La Taverne de la Jamaïque" (1939 - ci-dessus) de Alfred Hitchcock. Le succès est au rendez-vous et Laughton affirme à qui veut bien l'entendre que Maureen O'Hara est une très bonne actrice. Les deux associés embarquent pour Hollywood et emmènent avec eux leur nouvelle star.
Elle épouse son premier mari à cette époque, dont elle divorcera dès 1941 pour épouser son second mari avec qui elle aura une fille juste avant "Pavillon Noir".
Pour une adaptation de "Notre-Dame de Paris" le rôle de Quasimodo est proposé à Charles Laughton qui en profite pour placer Maureen O'Hara en Esméralda. Le film est une superproduction aux 3500 figurants produite par RKO, "Quasimodo" (1939 - ci-dessus) de William Dieterle est un énorme succès et le contrat de l'actrice est racheté par RKO.
RKO l'emploie pour des films musicaux d'abord comme "Dance, Girl, Dance" (1940) de Dorothy Arzner mais, malgré ses prédispositions pour le genre, elle ne sera que rarement utilisée pour ces films.
Une rencontre décisive pour sa carrière arrive alors. Elle est choisie par John Ford dont la rousse irlandaise lui rappelle son pays d'origine. "Qu'elle était verte ma vallée" (1940 - ci-dessus) de John Ford, sur les mineurs gallois, est un magnifique succès qui triomphe aux Oscars. Ce film est d'une grande importance pour elle, et nommera d'ailleurs sa fille Bronwyn comme le personnage joué par Anna Lee dans "Qu'elle était verte ma vallée".Maureen O'Hara est définitivement au sommet tandis que son contrat est racheté par la 20th Century Fox.
Son tempérament et ses aptitudes physiques la prédestinent pour les films d'aventures. Elle tourne dans "Le Cygne Noir" (1942 - ci-dessus) de Henry King avec Tyrone Power, "Vivre Libre" (1943) du français exilé Jean Renoir pour lequel elle retrouve Charles Laughton, "Buffalo Bill" (1944) de William A. Wellman, "Pavillon Noir" (1945) de Franck Borzage, "Sindbad le marin" (1947) de Richard Wallace... Tous des succès qui vont valoir à l'actrice le surnom de "Reine du Technicolor", et qui fera dire à un journaliste "photographiée en Technicolor, Maureen O'Hara est plus éblouissant qu'un coucher de soleil"...
Elle joue toutefois dans tous les genres... De la comédie avec "Miracle sur la 34ème rue" (1947) de George Seaton au drame avec "Secret de femme" (1949 - ci-dessus) de Nicholas Ray en passant par le western avec "Sur le territoire des comanches" (1950) de George Sherman.
Elle retrouve John Ford pour "Rio Grande" (1950) où la rousse fordienne croise enfin l'acteur fétiche John Wayne. Ford veut encore les réunir pour un film qui lui tient particulièrement à coeur, dont il détient les droits depuis 1936. Après plusieurs films sur lesquels on refusera à Ford d'employer son duo O'Hara/Wayne (notamment sur et "Planqué malgré lui" en 1950 et "What Price Glory" en 1952) le réalisateur les réunit enfin pour "L'Homme Tranquille" (1952) où action amour et humour font bon ménage avec une place de choix pour l'Irlande. Durant ce tournage Ford demandera à Maureen O'Hara de taper des notes et le script, se rappelant que l'actrice avait une formation dans ce domaine !
Elle divorce de son mari en 1953 et entame une liaison avec un homme politique mexicain qui durera jusqu'en 1967.
Elle retourne au film de pirates avec "A l'abordage" (1953 - ci-dessous) de George Sherman qu'elle retrouve quasi aussitôt pour le western "A l'assaut du Fort Clark" (1953). Elle retouve John Ford, mais sans John Wayne remplacé par Tyrone Power, pour une autre comédie à l'irlandaise dans "Ce n'est qu'un au revoir" (1955).
Elle joue un rôle inattendu et osé dans "Madame de Coventry" (1955 - ci-dessous) de Arthur Lubin où elle apparait presque nue chevauchant un cheval, selon "une loi ancienne"... Et elle retrouve une nouvelle fois John Wayne et John Ford pour une autre comédie à l'irlandaise dans "L'aigle vole au soleil" (1957) qui clôt pour ainsi dire la "trilogie irlandaise" de John Ford.
Elle termine les années 50 avec la comédie "Notre agent à La Havane" (1959) de Carol Reed avec Alec Guiness avant de débuter les années 60 en reprenant le rôle "Mrs Miniver" (1960) pour la télévision. Dès lors elle tournera de temps en temps pour la télé tout en tournant de moins en moins pour le grand écran.
Elle joue aussi dans le western d'un nouveau venu dont c'est le premier film, "New Mexico" (1961) de Sam Peckinpah avant de retrouver John Wayne, à nouveau dans un western mais cette fois sans Ford dans "Le grand McLintock" (1963) de Andrew V. McLaglen. Elle retrouve ce réalisateur, une fois n'est pas coutume, pour un autre western "Rancho Bravo" (1966 - ci-dessous) avec James Stewart.
Après sa liaison avec un homme politique mexicain elle épouse en 1968 un général de l'armée dont elle divorcera en 1978.
Maureen O'Hara, qui tournait plus de deux films par an dans ses grandes années, ne tourne plus qu'un film tous les 3-4 ans. Elle revient notamment au western aux côtés de son ami John Wayne dans "Big Jake" (1971 - ci-dessous) de George Sherman.
Elle quitte progressivement le millieu du cinéma et de la télé. Son dernier rôle au cinéma est dans le film "Ta mère ou moi" (1991) de Chris Columbus. Sa dernière apparition se fera sur petit écran dans la téléfilm "Un taxi pour le canada" (1998).
Maureen O'Hara était une magnifique rousse aux yeux verts qui fera sensation dans tous les genres mais qui aura surtout marqué les esprits dans les grands films d'aventures en technicolor entre pirates et cow-boys.
La star, une des dernières de l'Age d'Or de Hollywood nous a quitté ce samedi 24 octobre 2015, à son domicile en Idaho, à l'âge de 95 ans.