genre: comédie fantastique
année: 2002
durée: 1h32
l'histoire : Elvis n’est pas mort. Lassé par la célébrité, ce dernier a échangé son identité avec celle d’un imitateur de province. L’usurpateur trépassé, plus personne ne croit notre bon vieux Elvis lorsqu’il s’escrime à défendre sa véritable identité. Le voilà vieillissant, pétri de remord et de ressenti, retranché dans une maison de retraite en plein Texas. C’est alors qu’une momie décide de prendre d’assaut l’établissement afin de se nourrir d’âmes humaines.
La critique :
Depuis la trilogie Evil Dead, qu'est devenu Bruce Campbell ? Acteur fétiche de Sam Raimi, celui-ci s'est essentiellement spécialisé dans les séries B et les rôles secondaires, entre autres, dans Darkman, Los Angeles 2013 et dans Spider-Man et ses suites. Néanmoins, l'acteur décroche parfois des premiers rôles : Maniac Cop, My name is Bruce et Alien Apocalypse assoient sa notoriété d'adepte (ou de féru) du cinéma bis. Vient également s'ajouter Bubba Ho-Tep, réalisé par Don Coscarelli en 2002.
Lui aussi est loin d'être un inconnu. On lui doit notamment la saga Phantasm. Surtout spécialisé dans les films d'horreur de série B, Don Coscarelli signe avec Bubba Ho-Tep probablement son meilleur film. Le long-métrage est aussi l'adaptation d'une nouvelle de John R. Lansdale, présente dans l'anthologie The King Is Dead: Tales of Elvis Post-Mortem
En France, Bubba Ho-Tep n'a pas bénéficié d'une sortie au cinéma. Néanmoins, le film asseoit sa réputation dans différents festivals, notamment au festival du film fantastique de Bruxelles en 2003 et au festival fantastic'Arts de Gérardmer en France en 2005. Bubba Ho-Tep reçoit même plusieurs récompenses : le prix du meilleur scénario, le prix du meilleur acteur pour Bruce Campbell et celui du meilleur second rôle pour Ossie Davis. Rapidement, Bubba Ho-Tep devient un film culte auprès des fans du cinéma bis. Reste à savoir si le long-métrage mérite un tel enthousiasme.
La réponse est heureusement positive. Le scénario est pour le moins fantasque et original, laissant pourtant présager du pire, tout du moins d'une comédie fantastique et horrifique un peu lourdingue.
Contre toute attente, Bubba Ho-Tep se révèle beaucoup plus complexe que prévu. Attention, SPOILERS ! Elvis n’est pas mort. Lassé par la célébrité, ce dernier a échangé son identité avec celle d’un imitateur de province. L’usurpateur trépassé, plus personne ne croit notre bon vieux Elvis lorsqu’il s’escrime à défendre sa véritable identité. Le voilà vieillissant, pétri de remord et de ressenti, retranché dans une maison de retraite en plein Texas. C’est alors qu’une momie décide de prendre d’assaut l’établissement afin de se nourrir d’âmes humaines. Aidé par son ami de chambrée persuadé d’être le véritable John Fitzgerald Kennedy, Elvis va tenter de rattraper le passé en accomplissant une dernière action glorieuse.
Résumons un peu le scénario du film : un huluberlu qui se prend pour Elvis Presley s'accointe avec un ami "black", persuadé d'être le vrai John Fitzgerald Kennedy.
Ensemble, ils décident de combattre et de tuer une momie qui suce les âmes par l'anus de ses victimes ! Vous l'avez donc compris. Bubba Ho-Tep fait partie de ces comédies fantastiques "OFNI" (objet filmique non identifié) au scénario à priori idiot. Avec un tel postulat de départ, Bubba Ho-Tep risquait surtout de sombrer dans le nanar de seconde zone.
Or, on tient ici un petit bijou d'irrévérence, d'humour noir et d'outrecuidance. Hormis son ton souvent licencieux, grivois et égrillard, Bubba Ho-Tep se focalise essentiellement sur son personnage principal, donc Sebastian Haff, alias Elvis Presley. A partir de ce personnage pittoresque, Don Coscarelli construit une véritable histoire, mais surtout, un héros au visage chenu et fripé.
Désormais confiné dans une maison de retraite, sexuellement impuissant et rongé par les remords, Elvis n'est plus le mythe, cette star du passé. Il est désormais condamné à supporter les quolibets de son infirmière un brin libidineuse. Avec Bubba Ho-Tep, Don Coscarelli aborde plusieurs thématiques passionnantes : le temps qui passe, la vieillesse, les erreurs du passé, le sens de l'existence...
En plein marasme, réduit à quia et à un vulgaire cacochyme, Sebastian Haff (Elvis) va pourtant se trouver une nouvelle raison de vivre et d'espérer. Ce sosie d'Elvis (à moins qu'il ne soit le véritable "Elvis"...) n'est plus cette vedette d'antan. Hanté par la mort, isolé dans un endroit décrépit, Sebastian décide de combattre et de tuer la momie démoniaque.
Cette créature maléfique est elle aussi symbolique. Elle représente cette vieillesse incoercible et inexpugnable. En s'empoignant avec la momie, Elvis se confronte avant tout à lui-même et à ses propres démons. Contre toute attente, Don Coscarelli parvient à rendre ce personnage totalement attachant. De surcroît, le long-métrage peut également s'appuyer sur une bande originale "bluesy", sublimée par la guitare de Bryan Tyler. Bref, Bubba Ho-Tep se démarque de la plupart des films qui sortent directement en vidéo. Il ne s'agit pas seulement d'un long-métrage un peu absurde à consommer avec du pop-corn et de la bière. Au contraire, Bubba Ho-Tep contient un message beaucoup plus profond derrière les anathèmes, les facéties et les billevesées de sa star principale.
Dans le rôle d'Elvis/Sebastian Haff, Bruce Campbell claironne quelques épigrammes et acrimonies dont il a le secret. Le costume de ce personnage est taillé pour lui. N'appartenant à aucune catégorie précise, Bubba Ho-Tep n'a clairement pas usurpé son statut de film culte. On tient là une petite pépite du cinéma fantastique indépendant.
Note : 16.5/20