Au cinéma : «Paranormal Activity 5 Ghost Dimension»

Après six films qui ont effrayé le monde, la saga Paranormal Activity connaît une fin. Un ultime épisode qui doit répondre aux multiples interrogations posées au fil de la saga, afin de connaître en détail les différentes apparitions du démon Toby. Une conclusion à la hauteur ?

Synopsis : La famille Fleeges emménage dans une nouvelle maison et découvre dans le garage des cassettes vidéos de l’enfance de Katie et Kristi et une caméra leur permettant de voir ce qui se déroule véritablement autour d’eux…

La saga Paranormal Activity a été un véritable phénomène dans l’industrie du film d’horreur. Avec pas moins d’un long-métrage par an, il était temps que le tout connaisse une fin. Heureusement que cet opus sera le dernier d’ailleurs, car il introduit des nouveaux personnages et tente de relier l’ensemble des précédents films en un dénominateur commun : le démon Toby. Si la saga part du simple film de possession à ses origines, elle est très vite devenue une licence surfant sur la vague des sectes sataniques. En effet, Paranormal Activity 5 Ghost Dimension aura pour but d’expliquer au spectateur les origines de Toby et ses véritables intentions. L’ensemble du long-métrage switche donc entre archives VHS et caméra numérique afin de montrer les deux parties de l’iceberg. D’une part, nous suivons la formation de Katie et Kristi pour entrer en contact avec Toby et de l’autre la famille Fleeges, témoin d’événements étranges en rapport avec les dîtes cassettes vidéo. L’idée est là pour relier l’univers du film et proposer au spectateur quelques révélations. Au lieu de ça, on sort déçu de l’expérience. Le spectateur a juste l’impression qu’il manque des éléments concrets à l’histoire. C’est surtout avec l’impression que les scénaristes se sont contentés du strict minimum afin d’axer le film sur la 3D et les jumps-scares. Scénaristiquement, il n’y a pas grand chose à dire sur le film. On suit une série de clichés qui ne nous permettent pas de nous attacher aux personnages. De même que l’on pourrait se rattraper sur les révélations sur la saga, mais le tout paraît bien fade et laisse un goût d’inachevé, surtout lorsque l’on connait la trame narrative de chaque épisode. Les fans de la saga pourront être déçus, alors que les non-initiés iront voir le film dans l’optique de « se faire peur ».

« Se faire peur » est l’expression que l’on utilisera pour ce film. Le long-métrage surfe sur la vague de la 3D alors que le dispositif ne s’y prête pas. Paranormal Activity 5 Ghost Dimension reste du found footage, l’image bouge beaucoup et très peu de plans sont finalement totalement posés sur un trépied, mis à part, les séquences nocturnes. Maintenant, l’idée de la 3D pour développer une nouvelle dimension n’est pas une mauvaise idée en soi, mais est tellement sous-exploitée que ce dispositif n’est utile que pour effrayer le spectateur. Ainsi, la 3D n’est qu’un prétexte pour développer un déluge de jump-scare prévisible, mais tout de même surprenant à cause de cette nouvelle technologie. Autre problème avec cette 3D, très en vogue désormais, c’est qu’elle ne donne aucune notion de profondeur ; excepté lorsque les personnages utilisent une caméra permettant de voir les phénomènes paranormaux. De ce fait, nous restons de marbre devant un écran qui n’arrive pas à élargir les horizons du cadre, sauf lors des séquences de nuit pour nous faire sursauter.

Le film tente de montrer aussi les deux facettes des différents dispositifs. Dans certaines séquences, le montage montre à la fois ce que filment les caméras numériques et ce que filme la caméra spéciale. L’idée est là pour montrer l’impact de la présence de Toby sur le décor quand le spectateur peut le voir et lorsqu’il ne le peut pas. Seulement, le film opte vite pour une structure plus classique n’hésitant pas à référencer (voire copier) certaines scènes des précédents opus. Le problème vient aussi du fait qu’il ne se passe pas grand chose. Un problème qui a toujours été présent dans les films de la saga, mais qui était justifié par la peur de l’inconnu en pleine nuit. Ici, le film ne propose rien de neuf et c’est seulement dans ses dix dernières minutes qu’il gagne en dynamisme. On en ressort déçu de ne pas retrouver les fondements de la saga qui insistaient sur une peur viscérale, une peur que le spectateur et les personnages ne pouvaient pas voir. Le jeu d’acteur peine à sauver le film, il se contente de faire le boulot. On ne possède aucun attachement particulier pour ces derniers et on se sent très en retrait vis à vis des personnages.

Paranormal Activity 5 Ghost Dimension est une conclusion bien fade. Pire, elle ne mise que sur le jump-scare et sur ses dix dernières minutes où résident la seule tension du film. Le dispositif de la 3D est sous-exploité, même si l’idée paraissait bonne sur le papier. Si l’on attendait plus de révélations sur la saga, on ressort déçu, avec l’impression de n’avoir revu que des théories déjà précisées dans les anciens longs-métrages. Autant vous dire que les fans tomberont de haut, quand ils apprendront les véritables intentions de Toby, le « grand méchant de l’histoire », alors que les non-initiés trouveront le film amusant grâce au jump-scare. Rien de neuf, rien d’intriguant, rien d’époustouflant, on est bien content que la saga connaisse son achèvement.

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Paranormal Activity 5 Ghost dimension. De Gregory Plotkin. Avec Chris J. Murray, Brittany Shaw, Olivia Taylor Dudley, Dan Gill, Ivy George, Jessica Tyler Brown, Chloe Csengery, Don McManus, …

Sortie le 21 octobre 2015.