Pour la deuxième fois sur Une graine dans un pot, nous allons parler d’un des chef d’œuvre de Robert Zemeckis. Après Forrest Gump, nous voilà sur le chemin du Retour vers le futur. Nous avons pu le revoir sur grand écran à l’occasion de l’arrivée si médiatisée de Marty McFly dans le futur qui est maintenant notre présent. L’occasion de rendre hommage à une saga visionnaire, toujours aussi efficace, trente ans après.
En 1985, Marty McFly (Michael J. Fox) mène une petite vie tranquille entre le proviseur du lycée qui le déteste et sa petite amie Jennifer (Claudia Wells). Ami avec le savant fou Emmett Brown (Christopher Lloyd que l’on a revu dans Sin City, j’ai tué pour elle), il accepte de l’aider à tenter une nouvelle expérience. Le docteur a inventé une voiture à remonter le temps. Emmett Brown (Christopher Lloyd) et Marty McFly (Michael J. Fox)
Typique des représentations de la jeunesse des années 80, Retour vers le futur met à l’honneur le skate-board, le rock et l’imaginaire. L’humour est omniprésent dont le point d’orgue est l’interprétation inoubliable de Christopher Lloyd et Crispin Glover. Marty McFly est un héros ordinaire. Ni victime ni caïd, il parle à la plus grosse franche des adolescents d’alors et d’aujourd’hui. L’indéniable succès du premier volume de la série est d’avoir réussi à ancrer le film dans les préoccupations quotidiennes des jeunes. Et, nous semble-t-il, la recette est toujours aussi efficace. Les hérauts de la tradition ont beau crier que c’était mieux avant, les inquiétudes des teenageurs restent les mêmes. Dans les années 50 où revient Marty McFLy, comme dans les années 80, comme de nos jours, parler de premier amour, du carcan familiale et de la révolte subordonnée à une contre-culture est toujours aussi efficace. George McFly (Crispin Glover), Lorraine (Lea Thompson) et Marty McFly (Michael J. Fox)
C’est sur ce point que Retour vers le futur tient au génie en battant en brèche cette véritable bataille contre des moulins à vent que constitue la guerre des vielles générations contre les nouvelles qu’elles considèrent décadentes. On les entends partout, sur tous les plateaux, crier à la perte des valeurs morales alors même que la destruction progressive de certaine de ces valeurs a fait progresser l’humanité sur le chemin de l’égalité. L’hypocrisie de tels discours explose dans Retour vers le futur qui pousse le vice jusqu’à rendre la situation cocasse entre la jeune femme des années 50 (Lea Thompson) et son fils venu du futur ou poste son père comme un voyeur pétri d’une timidité maladive. La pureté morale, bourgeoise, qu’elle revendique vingt ans plus tard devient juste le signe de son establishment et de ses regrets. Zemeckis a créé une saga où les jeunes peuvent se reconnaître et les adultes avec un peu de bonne foi également. Lorraine (Lea Thompson) et Marty McFly (Michael J. Fox)
Avec Joe Dante et son Gremlins, Ivan Reitman et son SOS Fantômes ou encore Richard Donner et Les Goonies, autant de film inspiré par l’esprit Spielberg, Retour vers le futur fait partie de cet âge d’or du cinéma de science-fiction comique, une fraîcheur qui nous manque souvent tant le genre a nécessairement pris le chemin du sérieux le plus strict. Avec plus ou moins de succès, des réalisateurs comme J. J. Abrams et son Super 8 ont tenté de retrouver cette madeleine de Proust mais force est de constater, avec tristesse, que le genre est bien mort et avec lui, la fin de l’innocence.
Boeringer Rémy
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