Seul sur Mars, survivre par le rire

Publié le 25 octobre 2015 par Rémy Boeringer @eltcherillo

Ridley Scott est un réalisateur qui a pour lui d’avoir bercé toute une génération. Impossible de compter tous les succès d’estime qui se sont transformés instantanément en succès de box-office. Les aficionados de film de science-fiction et de film noir reconnaissent en cet homme, l’un de leur parrain, et se rappelle ému des premières fois où ils ont pu voir Alien, le huitième passager ou Blade Runner, Thelma et Louise ou Hannibal. Pour certain, dont nous sommes, les années 2000 ont été celle du divorce avec les assommants péplums Gladiator et Kingdom of Heaven. Reste que pour clore cette période, Ridley nous a offert un puissant et magnifique Exodus : Gods And Kings dont la réflexion à plusieurs niveaux le différenciait des précédents cités en lui donnant un aspect science-fictionel prégnant. Cette année, le maître revient avec Seul sur Mars, un feel good movie spatial, inattendu mais rafraîchissant.

Lors de la mission Ares III, les coéquipiers de l’astronaute et botaniste Marc Watney (Matt Damon que l’on a vu dans Monuments Men) sont forcés de l’abandonner à son sort, le croyant mort et l’ayant perdu dans une monstrueuse tempête de sable. Celui-ci se réveille seul et doit alors redoubler d’ingéniosité pour survivre en attendant une hypothétique mission de secours. Mark Watney (Matt Damon), Melissa Lewis (Jessica Chastain que l’on a vu récemment dans Crimson Peak), Chris Beck (Sebastian Stan que l’on a vu dans Ricki and the Flash), Beth Johanssen (Kate Mara que l’on a vu dans American Horror Story, Transcendance et Les quatre fantastiques) et Axel Vogel (Aksel Hennie que l’on a vu dans Hercule)

Tout comme Mission to Mars de Brian de Palma, Seul sur Mars, a été principalement tourné en Jordanie, dans des décors vraisemblables, en plein milieu du désert. Il n’a probablement pas nécessité une post-production incroyable aux niveaux des effets spéciaux. C’est un plus indéniable qui nous permet de ne pas souffrir une fois de plus l’affront de planètes kitchissimes où transpirent les effets ratés comme ce fut le cas récemment dans Les quatre fantastiques. Les décors grandioses n’ont donc rien d’extraterrestres et l’on peut contempler la beauté encore méconnue dans sa diversité de notre planète. La comparaison avec Mission to Mars peut aussi se faire en contradiction. Reprenant quasiment la même trame, un héros échoué sur Mars et la Nasa montant en toute hâte une expédition de secours, le premier se faisait l’écho de 2001, l’odysée de l’espace par ses questionnements métaphysiques tandis que le second tente lorgne plutôt du côté de Gravity pour rendre l’ensemble le plus crédible possible.

Mark Watney (Matt Damon)

Sur tous les plans, Seul sur Mars est aussi, et surtout, une véritable comédie. Ce qui vient parfois plombé l’aspect dramatique du récit mais lui insuffle une gaieté régénérante. Dans Seul sur Mars, Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil comme l’aurait dit Jean Yanne. La Nasa rechigne à cacher la moindre information au public et respecte scrupuleusement ses statuts lui enjoignant de faire acte de transparence. De son côté, Mark Watney fait preuve d’un optimisme désarmant et passe son temps à jouer les trublions pour mettre mal à l’aise, avec malice, ses supérieurs. Même l’équipe du commandant Lewis (Jessica Chastain) prend le relais dès que l’occasion se présente pour chambrer le pauvre type qu’ils ont laissé sur place. Cerise sur le gâteau, les relations internationales elle-même sont au beau fixe, les chinois participant au sauvetage, bien que Ridley Scott ne se prive pas de se moquer du retard technologique qu’ils accusent dans un malheureux accès de patriotisme exacerbé. Annie Montrose (Kristen Wiig que l’on a vu dans La vie rêvée de Walter Mitty) et Venkat Kapoor (Chiwetel Ejiofor)

En résumé, on rit beaucoup devant Seul sur Mars et l’on reste facilement fasciné, à la fois par l’ingéniosité de l’astronaute et par la magnificence des décors. Reste que l’on est loin de s’inquiéter une seule seconde pour le pauvre hère abandonné. Mais, à vrai dire, on ne regrette pas ce parti pris de mettre de côté, par cet aspect détaché, les enjeux dramatiques car Seul sur Mars est de ces sacrés bons moments d’empathie qui vous laisse tout jouasse à la sortie des salles.

Boeringer Rémy

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