Mon Roi

Par Cinealain

Louis Garrel, Isild Le Besco, Patrick Raynal, Paul Hamy

est présenté en Compétition au Festival de Cannes 2015

reçoit le Prix d'interprétation féminine.

Maïwenn est une personne entière, qui met tout dans ses films. Parfois, cela peut rebuter. Mon Roi va peut-être plus diviser que Polisse car le film provoque beaucoup de débats entre les hommes et les femmes. Pour moi, c'est une vertu du cinéma...

Maïwenn est quelqu'un qui provoque la passion. Son cinéma lui ressemble.

Et puis en France, surtout à Cannes, on attend au tournant les gens qui rencontrent du succès, parfois les kalachnikovs sont de sortie.

Extrait d'interview d'Emmanuelle Bercot relevé sur parismatch.com.

Pourquoi se sont-ils aimés ? Qui est réellement l'homme qu'elle a adoré ?

Comment a-t-elle pu se soumettre à cette passion étouffante et destructrice ?

Pour Tony c'est une difficile reconstruction qui commence désormais, un travail corporel qui lui permettra peut-être de définitivement se libérer ...

traite d'un amour passionnel et destructeur qui s'étale sur dix ans. C'est une chronique très distanciée sur le couple ; un film très différent de ceux que vous avez réalisés jusqu'ici.


Les moments heureux qu'ils traversent avant de se déchirer - j'ai réalisé à quel point c'était dur pour moi de montrer des gens heureux au cinéma ; tout ce que j'écrivais était mièvre. Il fallait pourtant qu'on y croie : comment comprendre autrement qu'ils reviennent sans arrêt l'un vers l'autre, décrire leurs névroses et leurs conflits si l'on n'est pas convaincu de leur amour ?

Je me suis dit :
"Tu ne vas tout de même pas procrastiner toute ta vie !"



Le personnage de Giorgio est d'autant plus complexe qu'il reste empli de zones d'ombres.

Mon producteur,
Alain Attal, me parlait d'Étienne comme d'un type génial, il m'a donné envie de le rencontrer. On s'est entendus dès le début. C'était un bonheur. Nous étions rigoureux nous travaillions tous les jours de 9h à 13h.

Oui. J'ai eu envie de tourner avec Emmanuelle Bercot et j'ai aussi eu envie d'un film dans lequel je ne serais pas. Pour voir ce que ça pouvait apporter à ma mise en scène.


J'y tenais : un personnage ne doit jamais être monolithique, ou bien cela devient vite très ennuyeux. La vie n'est jamais d'une pièce, il faut pouvoir la regarder sous différents angles.



Vous lui donnez une dimension universelle qui tranche avec le ton de Pardonnez-moi , votre premier long métrage.

Je ne me suis jamais reconnue dans l'étiquette de
"la réalisatrice qui tourne des films autobiographiques", que l'on m'attribue depuis mes débuts. Polisse n'était pas plus ou moins personnel que I. Ce n'est pas parce que je me suis amusée avec l'image des comédiennes que Le Bal des Actrices était mon histoire. Que je sois ou non partie de tous petits faits réels n'efface en rien le travail que j'ai fourni. C'est blessant et réducteur de se trouver perpétuellement adossée à ces qualificatifs. J'en ai souffert. Le malentendu vient sans doute pour beaucoup du fait que j'ai joué dans ces films.

J'en ai faite une avocate et ce n'est pas un hasard. Même si on la voit jamais au travail et si le film se concentre uniquement sur son histoire d'amour avec Giorgio, j'aimais l'idée qu'elle passe son temps à défendre les autres, salauds ou innocents, et qu'elle défende son homme de la même façon.

Elle a attendu longtemps, elle a rencontré un amour fulgurant, elle fait tout pour le garder et, oui, elle se bat. "Je n'ai pas attendu toutes ces années pour faire un enfant et me casser" , dit-elle à son frère.

J'adore Louis. Je lui avais déjà proposé . Il a refusé. Je suis revenue à la charge pour Mon Roi . Je me suis quasiment traînée à ses pieds dans un resto pour qu'il accepte d'interpréter Solal. Il avait peur de moi je crois...

Un scénario à la fois tendre, violent, intelligent, tourmenté et impitoyable pour un film auquel on adhère, qui peut également déranger, mais en aucun cas, laisser indifférent. Quelques situations répétitives peuvent paraître invraisemblables. Elles trouvent, dans leur finalité, toute l'habileté de Maïwenn à les rendre plausibles. Entre autres, cette scène dans laquelle Vincent Cassel s'improvise serveur.

L'écriture, la réalisation et la sincérité de Maïwenn évitent toutes les embûches et nous plongent dans cette histoire avec un intérêt qui ne décroit à aucun moment, de la rencontre à la dernière scène. Un rythme fou, parfois hystérique pour cette histoire magnifique et douloureuse dans laquelle l'humour côtoie la tendresse.

Pour donner vie à son scénario la réalisatrice a su trouver un casting idéal. Louis Garrel, Paul Hamy, Isild Le Besco, entre autres, sont parfaitement justes. Également présente dans une petite participation, une mystérieuse dame en noir, Dani.

Emmanuelle Bercot et Vincent Cassel, sont tous deux excellents. Que ce soit dans la retenue ou le délire, dans l'exaspération due aux actions de l'un, face à la douceur de l'autre ils participent à la belle réussite de ce quatrième long-métrage de la réalisatrice.

"Maïwenn est quelqu'un qui provoque la passion. Son cinéma lui ressemble." A déclaré Emmanuelle Bercot. J'acquiesce complètement.