Foxcatcher

FoxcatcherOlympiade d'égocentrisme
Inspiré de faits réels, les deux frères Schultz, médaillés olympiques en or à Los Angeles 1984, tombent sous la coupe d’un milliardaire lors de leur préparation pour l’olympiade suivante. Et le milliardaire en question n’est pas n’importe qui, de la famille des Dupont de Nemours. Les deux frères, Mark le renfermé brutal isolé et Dave le félin réfléchi bien inséré, sont un peu arrivés au bout d’une longue collaboration sportive et humaine. Dave, père spirituel et peut être plus, du plus jeune Mark a pallié depuis leurs enfances l’absence du père. Mais Mark a besoin d’un autre mentor pour redémarrer. Séduit par ce milliardaire posé, passionné de lutte ; il va succomber à ses avances, d’abord pécuniaires et y entrainer son frère. Ce film aurait pu n’être qu’un biopic bien lisse, mais Miller transcende le fait divers pour explorer les tréfonds des motivations humaines cachées derrière de profondes blessures… pour en faire un film ambitieux, puissant et romanesque ; tragique.Jean Dupont de Nemours est avant tout un homme blessé par la vie. Solitaire, sans ami, et surtout sous l’emprise d’une mère qu’il essaie d’intéresser à travers ce projet sportif d’équipe de lutte olympique nommé « Foxcatcher » ; toutes ses relations sont faussées par ses milliards et ce depuis sa tendre enfance. Cet être est donc tordu et difficilement redressable, un monstre d’inhumanité, égocentrique. Pour jouer ce personnage inquiétant aux motivations difficiles à cerner ; Steve Carrell s’y colle plus que bien avec une présence discrète et flippante loin des rôles comiques auxquels il est habitué. Channing Tatum est (Mark Schultz) tout aussi étrange mais plutôt par une présence physique animale. Bon, on peut juger que les traits des deux personnages à l’image de l’appendice nasale proéminent de Carrell sont un trop appuyés. Les acteurs américains doivent performer dans des rôles forts, et c’est parfois trop.La mise en scène et le scénario sont aussi au diapason d’une mécanique implacable du drame à venir. Tout y passe possession, répulsion, destruction. Dans cette micro société, chacun se ment à lui-même, ment à l’autre, fait semblant pour se protéger, protéger l’autre ou par intérêt ; à chaque personnage sa posture. Miller a bon ton de jouer avec des ellipses, de longs silences, sa distanciation des personnages pour alimenter son histoire. Pas de grands discours, peu d’explications frontales ; beaucoup de subtilités pour traiter de cet argent qui pourrit tout et de la perversité de l’être humain. Mise en scène primée à Cannes logiquement car si peu directe. Quant la réalité est transcendée par la fiction, çà donne en film de cinéma et pas une récitation… Mission accomplie ici 
Sorti en 2015
Note: 15/20