Genre: horreur, gore, trash (interdit aux - 16 ans/18 ans selon les pays)
Année: 2011
Durée: 1h16
L'histoire : Dans les limbes de l'enfer, des gladiateurs assassinés par l'armée puissante de Jules César s'apprêtent à quitter le monde des morts pour se venger...
La critique :
Avec l'Allemagne et l'Espagne, l'Italie fait partie des valeurs sûres du cinéma d'horreur européen. Ruggero Deodato, Lamberto Bava, Lucio Fulci et Dario Argento sont même devenus des références au-delà de leurs frontières transalpines. Ils ont également influencé plusieurs générations de films et de cinéastes. C'est par exemple de le cas de Raffaele Picchio avec Morituris - Legions of The Dead, réalisé en 2011.
Morituris fait partie de ces longs-métrages trash et scandales qui ont déclenché à la fois la polémique, les avanies et les quolibets des critiques et de la presse cinéma. A l'instar des récents A Serbian Film (Srdjan Spasojevic, 2010) et The Bunny Game (Adam Rehmier, 2012), Morituris est régulièrement cité parmi les derniers électrochocs du moment.
Présenté dans différents festivals, le long-métrage est carrément banni dans plusieurs pays. Au mieux, le film écope nûment d'une interdiction aux moins de 18 ans. En l'occurrence, en France, Morituris est "seulement" interdit aux moins de 16 ans. Reste à savoir si le film est bel et bien l'uppercut annoncé. Réponse dans les lignes à venir.
La distribution ne réunit pas d'acteurs très connus, à moins que les noms de Valentina d'Andrea, Desiree Giorgetti, Andrea De Bruyn, Desiree Giorgetti, Francesco Malcom et Giuseppe Nitti vous disent quelque chose. Mais j'en doute. Au moins, Morituris peut se targuer de posséder un concept assez original. Attention, SPOILERS !
En 47 avant JC, la rebellion des Gladiateurs levée par Spartacus est brisée par les armées de Jules Cesar. Les guerriers héroïques furent damnés pendant des siècles puis oubliés. Prisonniers des géôles de l'enfer, leur heure est enfin venue de s'affranchir du monde des morts et de marcher à nouveau sur Rome. A l'aube d'une apocalypse imminente, les légions réssuscitées se lèvent pour reprendre leur liberté.
Avec Morituris, le réalisateur, Raffaele Picchio, cherche à brouiller les pistes. En outre, le long-métrage bouffe un peu à tous les râteliers. Dans un premier temps, Morituris s'apparente à un nouveau rape and revenge dans la grande tradition de La Dernière Maison sur la Gauche. C'est la première partie du film. Cette première section est de facture classique.
Deux jeunes gourgandines se laissent séduire et embarquer par trois hommes en voiture. Nos héros s'arrêtent à la lisière d'une forêt au bord d'une route désertique. Une fois sur place, les trois hommes changent soudainement de comportement. D'étudiants à priori affables et égrillards, ils se transforment en redoutables bourreaux et violeurs.
Les deux demoiselles subissent alors le courroux et les tortures de nos trois comparses libidineux. Par chance, les deux femmes réussissent à se libérer de leurs tortionnaires. C'est la seconde partie du film. A partir de là, Morituris change totalement de direction. Le long-métrage abandonne alors le rape and revenge pour se transformer en film de zombies.
Des gladiateurs de la Rome Antique reviennent à la vie et commencent à décimer tous les protagonistes du film, hommes et femmes sans exception. Dans cette seconde section, Morituris n'est pas sans rappeler La Révolte des Morts-Vivants d'Amando de Ossorio (1973), dont il reprend peu ou prou le même scénario. Néanmoins, les zombies de Morituris se distinguent par leur allure étrange et leur aura démoniaque. Le film n'hésite pas à mélanger horreur et péplum à grand renfort de séquences gores.
Eviscération, décapitation, crucifixion et éventration, nos chers gladiateurs n'épargnent personne et ne font pas de prisonniers. Certes, encore une fois, Morituris possède un concept original qu'il exploite plus ou moins habilement sur sa courte durée (à peine une heure et vingt minutes de bobine).
Si le film a le mérite de surprendre, il n'est pas exempt de défauts. En outre, les protagonistes ne présentent aucun intérêt. Il faudra se contenter de deux mijaurées avec un Q.I. de moineau et de trois psychopathes particulièrement graveleux et pervers. La partie rape and revenge est trop longue et parfaitement inutile. Surtout, Morituris ne possède pas vraiment de scénario, un défaut que Raffaele Picchio tente de dissimuler par toute une succession de scènes gores et extrêmes.
Pour l'anecdote, la séquence choc, qui a provoqué le scandale et les anathèmes, montre un tortionnaire introduire une souris vivante (via un long tuyau en verre) dans le vagin de sa victime. Clairement, Raffaele Picchio ne fait pas dans la dentelle. Ensuite, le long-métrage ne fournit aucune explication sur les origines et les réelles motivations des zombies.
Sur le fond, on a bien du mal à saisir la logique du film... Pourtant, malgré ses nombreux défauts, Morituris possède tout de même un certain style, une ambiance assez unique dans la grande tradition des films d'horreur italiens des années 1970. Bref, le potentiel est bien présent... A certains moments... Hélas trop rares pour susciter réellement l'adhésion.
Note : 08/20