genre: science-fiction
année: 1972
durée: 1h28
l'histoire : En 1990, les animaux domestiques et le personnel de service ont disparu au profit des singes-esclaves. Mais ces derniers se révoltent et prennent le pouvoir, sous l'impulsion de Caesar, le fils de Cornélius et Zira.
La critique :
Réalisateur, scénariste et producteur britannique, J. Lee Thompson est surtout connu pour Les Canons de Navaronne, qui fait désormais partie des classiques du noble Septième Art. Hormis ce film culte, J. Lee Thompson s'est surtout spécialisé dans les longs-métrages policiers, d'aventure et d'action. Des films tels que Le Temple d'Or, Le Justicier de Minuit, La Loi de Murphy, Allan Quatermain et les mines du Roi Salomon et Le justicier braque les dealers ne plaident guère en sa faveur.
Pourtant, en 1972, les producteurs hollywoodiens décident de lui confier la réalisation de La Conquête de la Planète des Singes, quatrième volet de la saga simiesque. J. Le Thompson signera même un cinquième (et dernier) chapitre, La Bataille de la Planète des Singes, en 1973.
La conquête de la planète des Singes est donc la suite du film Les Evadés de la Planète des Singes. A l'époque, la Fox connaît de graves difficultés financières. Il faut à tout prix retrouver la voie du succès. En l'occurrence, les trois précédents opus ont rapporté un joli pactole à la firme, qui espère donc se relancer avec ce nouveau chapitre. Au début des années 1970, un vent de révolte souffle sur l'Amérique. La haine raciale éclate dans certaines villes du Sud des Etats-Unis.
Parallèlement, la blaxploitation commence à émerger dans les salles obcures, sonnant elle aussi le toxin de la discrimination. Scénariste du film précédent, Paul Dehn s'inspire de tous ces mouvements de contestation pour écrire le script de La Conquête de la planète des Singes.
La distribution du film réunit Roddy McDowall, Don Murray, Ricardo Montalban, Natalie Trundy, Hari Rhodes et Severn Darden. Attention, SPOILERS ! 1990. Après qu'un virus a tué les chiens et les chats, les singes sont devenus les nouveaux animaux domestiques des hommes. Cependant, ces singes sont désormais utilisés comme esclaves. Élevé à l'écart de tout ça par Armando pendant une vingtaine d'années, César, fils de Zira et Cornélius, découvre le traitement infligé à ses semblables.
Alors qu'Armando est arrêté par les autorités, César se réfugie avec les autres singes. Il commence alors à leur apprendre le partage, la réflexion et surtout un besoin vital de révolte. La Conquête de la planète des Singes est souvent considéré comme le volet le plus violent de la saga.
Dans le scénario original, le gouverneur se fait sauvagement massacrer par les singes. Cette scène a été tournée, mais a été modifiée, après une projection-test où des personnes avaient quitté la salle. Ce quatrième chapitre doit donc s'adresser au grand public et ne pas froisser les âmes sensibles. En l'occurrence, J. Lee Thompson doit composer avec un budget limité, à peine 1.5 millions de dollars, soit quatre fois moins que le tout premier chapitre (La Planète des Singes, 1968).
Comme je l'ai déjà souligné, ce quatrième épisode tient un vrai discours politique et idéologique. Le film décrit clairement un apartheid. Remplacez les singes par des "black" et vous obtenez presque un pur produit de la Blaxploitation.
La Conquête de la Planète des Singes est donc le reflet d'une époque en perpétuelle mutation et d'une Amérique déboussolée par ses émeutes. J. Lee Thompson dresse une diatribe au vitriol d'un gouvernement américain hégémonique et omnipotent, qui n'hésite pas à utiliser la force et les armes à feu pour maintenir un ordre despotique et autoritaire.
Ainsi, ce quatrième chapitre se veut être l'antithèse de La Planète des Singes. Cette fois-ci, ce sont les humains qui sont devenus les maîtres de nos chers primates. Réduits à quia et à l'état d'esclavage, les créatures sont désormais éduquées par les humains pour les servir. En ce sens, César, un singe qui possède une intelligence hors du commun, apparaît à la fois comme un Messie et une sorte de Che Guevara des Temps Modernes.
Ecoeuré par le comportement des humains, César devient à son tour un satape cruel et despotique qui se mutine contre ses nouveaux oppresseurs. Certes, La Conquête de la Planète des Singes possède un scénario intéressant et plutôt original. Néanmoins, ce quatrième chapitre souffre d'une réalisation assez conventionnelle. J. Lee Thompson fait le job, sans plus.
En quelque sorte, on assiste à un film d'action et de science-fiction qui se déroule presque exclusivement dans un centre commercial. Si certaines séquences sont plutôt bien troussées, le scénario tourne rapidement en rond après la découverté de la réelle identité de César. Ensuite, l'histoire se révèle assez peu surprenante au final. Très vite, on se doute des véritables intentions du bien nommé César, nouvel empereur simiesque à l'autorité irréfragable, et de sa future victoire sur les humains.
Le film manque donc de finesse et de psychologie pour réellement convaincre sur la durée en adoptant un point de vue tout de même très manichéen. Néanmoins, La Conquête de la Planète des Singes possède certaines qualités, que j'ai déjà citées, notamment son aspect pamphlétaire contre une société xénophobe et inquisitoriale. Bref, un épisode qui devrait ravir les fans de la saga
Note : 13/20
Alice In Oliver