THE WALK, RÊVER PLUS HAUT : Entre ciel et câble ★★★☆☆

Une réalisation inégale au service d’une histoire fascinante, celle d’un artiste total et obstiné.

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Après Le Funambule, documentaire consacré en 2008 à l’artiste français Philippe Petit, c’est au tour de The Walk de mettre le geste artistique du plus connu des funambules en images. Le « coup » de Petit ? Tendre illégalement un câble entre les deux tours du World Trade Center, à peine achevées en 1974, pour effectuer la traversée en équilibre et « sans filet ». Le premier obstacle, et de taille, était pour le réalisateur Robert Zemeckis de rendre l’acteur principal crédible en jeune français. Joseph Gordon-Levitt, qui campe Philippe Petit, est francophile et son accent français quand il parle anglais est parfait. Mais le bas blesse parfois quand il s’exprime en français. Rien à voir cependant avec la soupe indigeste que servait Julia Ormond dans Mad Men ! Non, là on apprécie l’énorme travail effectué par l’interprète pour approcher du bilinguisme. Ce détail exposé, passons. Gordon-Levitt est secondé par Charlotte Le Bon, excellente dans le rôle de la compagne de l’artiste, Annie. Leur relation, au centre d’une bonne partie du film, met l’accent sur le soutien sans limite de cette femme, qui porte parfois Philippe Petit à bout de bras.

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Ce funambule, personnage haut en couleur, déterminé et opiniâtre, impose le rythme au film, au son d’une musique jazzy tout à fait raccord. Les incrustations de couleur dans le noir et blanc des scènes introductives de The Walk donnent malheureusement de faux espoirs quant à la créativité de la réalisation. Hélas, ces quelques bulles de couleur, très esthétiques, passées, la mise en scène et le montage deviennent classiques, efficaces, mais sans caractère. N’importe quel cinéaste sérieux et maîtrisant sa technique aurait ainsi pu aborder l’histoire de Petit, déjà fascinante en soi . Et les nombreuses apartés du funambule distillées pendant tout le film alourdissent tellement le récit ! Robert Zemeckis aurait sûrement pu trouver un moyen plus fin (plus talentueux ?) pour s’assurer notre compréhension. Joseph Gordon-Levitt, juché sur la Statue de la Liberté, devant un fond new yorkais couleur bonbon qui suent le travail numérique, insulte presque notre capacité intellectuelle. « Vous avez bien compris ? Dites, vous êtes sûrs ? » semble nous demander le réalisateur. Lourd, très lourd…

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Le salut du film provient de la fameuse marche, véritable braquage artistique, particulièrement bien traité. Philippe Petit, tout d’un coup enveloppé d’une brume onirique, perché sur le toit du monde, affronte le vide. Un vide qui dans cette séquence apparaît finalement peu. Un vide omniprésent dans notre esprit, qui donne littéralement le vertige,  provoquant chez nous une vive tension. Zemeckis se retient et égraine les images plongeantes. A chaque pas nous tremblons, emportés par l’utilisation de la 3D qui, à ce moment, est pertinente et évidente. Le réalisateur impose dans cette séquence une vision intelligente, parvient à rendre compte de la portée du geste. La liberté de Petit nous transperce. Car cette marche n’est pas n’importe quelle marche. Le panache avec lequel il se joue de la stupidité abyssale des forces de police et l’exaltation qui émanent de lui, associés au vide, nous font passer par de puissantes émotions très diverses. Juste pour cela, The Walk mérite toute notre attention.

La Cinéphile Éclectique (http://carnetscritiques.over-blog.com/)

Réalisé par Robert Zemeckis, avec Joseph Gordon-LevittCharlotte Le Bon…

Sortie le 28 octobre 2015.