Genre: horreur, gore, trash (interdit aux - 16/18 ans selon les pays)
Année: 2009
Durée: 1h13
L'histoire : Un couple de jeunes asiatiques (Aki et Kazuo) sont brutalement kidnappés alors qu'ils marchaient dans la rue. A leur réveil, ils se retrouvent ligotés sur des tables d'opérations, l'un face à l'autre, en présence d'un troisième homme, qui se révèle rapidement être un bourreau sadique. Dans l'impossibilité de fuir, les amants se voient contraints de subir les pires tortures.
La critique :
Le nom de Koji Shiraishi ne doit pas vous évoquer grand-chose. Pourtant, le cinéaste nippon est devenu une star et une référence dans son pays. Plusieurs de ses films ont triomphé sur le continent asiatique, notamment Ju-Rei : the Uncanny (2004), The Curse (2005) et Carved (2007). Friand de films d'horreur, Koji Shiraishi possède de solides références et cite régulièrement John Carpenter, Brian de Palma et Sam Raimi parmi ses réalisateurs fétiches.
Koji Shiraishi affectionne tout particulièrement les films gores asiatiques, entre autres, la série Guinea Pig, qui propose plusieurs longs-métrages controversés. Il n'est pas donc pas surprenant de retrouver le cinéaste derrière la réalisation de Grotesque, sorti en 2009.
Plutôt décrié au moment de sa sortie, Grotesque reçoit les foudres et les avanies de la censure. Le film est carrément banni en Angleterre. Au Japon, il écope d'une interdiction aux moins de 18 ans. En France, Grotesque bénéficie d'une sortie directe en vidéo, toutefois avec une interdiction aux moins de 16 ans. Selon certains fans et forums dédiés aux films gores et extrêmes, Grotesque serait la quintessence du torture porn. Certains parlent même "du" torture porn de la dernière décennie.
Reste à savoir si le long-métrage est bel et bien la claque annoncée. Réponse dans les lignes à venir. Premier constat, Grotesque s'apparente à un remake à peine déguisé de Flowers of flesh and blood, réalisé par Hideshi Hino en 1985.
Ce court-métrage de 42 minutes appartient à la série des Guinea Pig. Il fait partie de ces légendes urbaines, à savoir ces snuff-movies un peu racoleurs et bricolés de toute pièce, mais qui ont provoqué un certain scandale (et malaise) au moment de leur sortie. Le concept de Flowers of flesh and blood est simple. Une jeune femme est kidnappée par un samouraï. Ligotée et attachée à une table d'opération, il subit les pires horreurs de son tortionnaire libidineux.
En l'occurrence, Grotesque reprend peu ou prou le même scénario, néanmoins avec quelques nuances plus ou moins subtiles. Attention, SPOILERS ! Un couple de jeunes asiatiques, Aki et Kazuo, sont brutalement kidnappés alors qu'ils marchaient dans la rue.
A leur réveil, ils se retrouvent ligotés sur des tables d'opérations, l'un face à l'autre, en présence d'un troisième homme, qui se révèle rapidement être un bourreau sadique. Dans l'impossibilité de fuir, les amants se voient contraints de subir les pires tortures. Vous l'avez donc compris. Le scénario de Grotesque est plutôt lapidaire. En outre, Koji Shiraishi ne s'intéresse guère à la psychologie de ses personnages. Même la séquence d'introduction, à savoir celle de l'agression et du kidnapping d'Aki et Kazuo, est expédiée en trois petites minutes chronomètre en main.
Koji Shiraishi s'applique à torturer ses deux protagonistes avec une précision clinique et chirurgicale. Même les intentions du psychopathe pervers sont volontairement éludées par le scénario.
Pourquoi massacre-t-il ce couple ? Quel le but de ces tortures sadiques et disproportionnées ? Encore une fois, Koji Shiraishi esquive toute tentative de réponse. Ce qui intéresse le réalisateur, c'est cette violence gratuite, démesurée et outrancière, quitte à se confire dans le ridicule. En vérité, le titre du film, donc Grotesque (au cas où vous n'auriez pas suivi...), résume à lui seul le concept de cette pellicule trash et extrême. Contrairement à Massacre à la Tronçonneuse (Tobe Hooper, 1974), Maniac (William Lustig, 1980) et Henry, portrait d'un serial killer (John McNaughton, 1986), Grotesque ne propose aucune vision psychologique et sociologique sur son psychopathe démoniaque.
Autant dire que l'intérêt du film est assez limité et ponctué par quelques (rares) dialogues oiseux et prosaïques, il faut bien le dire.
Néanmoins, Grotesque possède tout de même certaines qualités. Au moins, le film donne une véritable leçon d'outrecuidance et de violence aux derniers tortures porn du moment. Les fans de Saw et Hostel sont donc priés de quitter leur siège et/ou de revoir leur copie. Ensuite, Koji Shiraishi se montre brillant et talentueux derrière la caméra avec un montage intelligent, qui ne nous épargne aucun détail.
Dans Grotesque, la violence n'est jamais suggérée. Eviscération, amputation, coup de bistouri et énucléation font partie du menu fretin. Le long-métrage contient même plusieurs séquences libidineuses entre érotisme "hard" et pornographie soft. Bref, Koji Shiraishi vient remettre les pendules à l'heure. Pourtant, cette violence graphique et nihiliste est minorée lors de sa conclusion finale avec un rebondissement qui confine à bouffonnerie et à la petite cabriole.
Cependant, Grotesque n'est pas "le" torture porn décrié par certaines critiques cinéma. Rappelons que les Japonais restent les véritables experts en matière de gore, de trash et d'extrême. Dans son genre, le fameux Flowers of Flesh and Blood se montrait bien plus irrévérencieux que cette petite galette sanguinolente.
Note : 11/20
Alice In Oliver