Exposition : «Scorsese, l’exposition»

Mafieux, musiciens, apôtres, mama italiennes, riches malhonnêtes et jeunes filles sensuelles parcourent son œuvre. Il a sublimé New York dans nombre de ses films, et fait parcourir la terre à ses spectateurs. Martin Scorsese, réalisateur des cultes Taxi Driver, Le Loup de Wall Street ou encore Les Affranchis, est à l’honneur à la Cinémathèque française à Paris, du 14 octobre au 14 février 2015.

L’exposition est très riche en documents sonores, costumes, photos, extraits de films, lettres et storyboards. Le visiteur suit un parcours thématique divisé en « chapitres » : les sources d’inspiration, les personnages récurrents, les lieux favoris de Scorsese, son travail de conservation, et son rapport à la musique. Ceci permet de présenter un panorama très complet de son travail, où l’on apprend par exemple qu’il faisait participer sa famille, ou la façon dont il choisissait ses acteurs.

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L’ensemble général est finalement plus un catalogue de l’oeuvre scorsesienne, qui manque d’une réelle ligne conductrice et laisse une impression un peu superficielle. Cela n’empêche pas de passer un très, très beau moments dans l’univers du réalisateur américain. Les documents sont très intéressants, en particulier les interviews sonores du maître, où il explique des points précis d’un scénario ou d’un choix de mise en scène, et les storyboards. Le cinéaste dessine la plupart de ses storyboards lui-même, avec un grand souci du détail. L’occasion de réaliser qu’une grande partie de ses films est déjà bien construite à l’avance, ce qui aide dans des grandes fresques historiques comme Gangs of New York ou Le Temps de l’innocence.

La partie dédiée à son travail de conservation est extrêmement intéressante, posant des questions qui dépassent l’oeuvre de Scorsese. Elle est introduite par un court-métrage-hommage à Hitchcock, réalisé pour une publicité, où le cinéaste se met en scène et rit de lui-même de façon très méta. L’engagement de Martin Scorsese en faveur de la conservation des films est très important, et ceci est bien mis en avant au travers de courriers, photos et d’un manifeste qu’il avait publié sur la durabilité des couleurs. On trouve même des pépites, comme cette lettre que Spielberg lui écrit après la parution du manifeste pour se plaindre des couleurs des Dents de la mer. Le bleu s’efface sur la pellicule, tandis que le rouge du sang est de plus en plus exacerbé…

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Les extraits de films et les photos qui parsèment tout le parcours permettent surtout de se rendre compte de la richesse de l’univers du cinéaste. Certes, on y trouve de nombreux thèmes récurrents, la famille et la mafia pour ne citer qu’eux. Il fait aussi souvent appel aux mêmes acteurs. Mais Martin Scorsese a réussi à créer ainsi un monde qui, quoique familier, parvient toujours à surprendre. Son amour du cinéma, sa connaissance de sa ville, son travail très complet de préparation transparaissent dans ses films, et dressent en creux le portrait d’un homme passionné.

L’exposition présentée à la Cinémathèque apprendra bien des choses aux novices, et ramènera les aficionados dans l’univers qu’ils aiment tant. Même si elle peut laisser une impression de manque, elle donne surtout envie d’une chose : se replonger dans l’oeuvre de Martin Scorsese le plus vite possible.

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À regarder : « Scorsese par Scorsese, une leçon de cinéma », animé par Serge Toubiana et Costa-Gavras.

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« Scorsese, l’exposition », du 14 octobre au 14 février 2015 à la Cinémathèque française à Paris.