« En mai fais ce qu’il te plaît » de Christian Carion avec Olivier Gourmet

Par Journal Cinéphile Lyonnais @journalcinephil

En mai fais ce qu’il te plaît  Drame de Christian Carion.
Avec Olivier Gourmet, Mathilde Seigner, Laurent Gerra.
France – 2014 – 1h54
Date de sortie 4 novembre 2015

Synopsis

Mai 1940. Pour fuir l’invasion allemande, les habitants d’un petit village du nord de la France partent sur les routes, comme des millions de Français. Ils emmènent avec eux dans cet exode un enfant allemand, dont le père opposant au régime nazi est emprisonné à Arras pour avoir menti sur sa nationalité. Libéré dans le chaos, celui-ci se lance à la recherche de son fils, accompagné par un soldat écossais cherchant à regagner l’Angleterre…

« En mai fais ce qu’il te plaît est un film humain, émouvant, porté par des acteurs qui sonnent juste. Il met en lumière une période oubliée de notre histoire, l’exode de 8 millions de français en mai 1940. » Journal cinéphile Lyonnais

Histoire familiale et recueil de témoignages historiques à l’origine du filmDans En mai, fais ce qu’il te plaît, Christian Carion aborde une période sombre et méconnue de la Seconde Guerre mondiale : l’exode de huit millions de Français à la fin du printemps 1940. Mis à part Jeux Interdits, le célèbre film de René Clément (1952), cet épisode de la seconde guerre mondiale est rarement porté à l’écran.  C’est dans sa région natale, le Nord de la France que Christian Carion a décidé de placer son histoire, et de nous faire vivre les tourments des habitants d’un petit village du Pas-de-Calais qui décident de rejoindre Dieppe.Dans ce film comme dans ses précédents (Une hirondelle a fait le printemps, Joyeux Noël), Christian Carion raconte une histoire liée à sa famille. Les souvenirs de sa maman, qui comme l’institutrice du film (Alice Isaaz) était éclaireuse sur son vélo sont sa première source d’inspiration.  La figure de Paul (Oliver Gourmet), le maire de la commune s’inspire de son grand-père, maire d’une commune rurale. Ensuite le réalisateur a décidé de trouver d’autres histoires. Aussi il a lancé un grand appel à témoin qui lui a permis de recueillir la parole de personnes ayant des anecdotes, des informations à livrer sur l’invasion allemande de mai 1940.

Pathé Distribution

Un film frappant de réalisme. La qualité de la reconstruction et la beauté de la nature sont les premières choses qui nous marquent lorsque nous découvrons le film. Cela s’explique par la volonté de réalisme de Christian Carion. Pour plus de véracité, le réalisateur a tenu a tourné dans le Pas de-Calais, là où les gens ont véritablement connu l’exode. Les figurants viennent de familles qui ont vécues cette histoire. Il précise que volontairement, pendant le tournage, aucune habilleuse et coiffeur n’était affecté aux figurants du convoi. Le premier jour ils ont vu leur cheveux coupés comme en 40 et un costume leur a été remis. Ensuite c’est eux qui géraient leurs vêtements et se coiffaient. Aussi, comme le souligne le réalisateur, le convoi de villageois paraît plus crédible. Volonté de réalisme par le fait  que les rôles de l’activiste allemand, de son fils et du soldat écossais, sont joués par des natifs (respectivement August Diehl, Joshio Marlon et Matthew Rhys). De plus, les dialogues entre l’allemand et l’écossais sont en anglais, et lorsque le père et le fils sont obligés de parler en français pour ne pas être repérés, leur accent sonne juste. La transposition à l’écran des nombreux témoignages récoltés, rend compte de la violence de l’exode. Des scènes sanglantes et brutales donnent la chair de poule. Citons par exemple, la magnifique scène ou l’institutrice évitent aux  enfants la vue d’un charnier humain. Cette volonté de vérité fait aussi la part belle à quelques moments de liesse, nécessaires pour survivre, durant lesquelles se nouent de belles relations humaines. Les références nombreuses notamment  par le biais des cimetières à la première guerre mondiale reflètent bien l’état d’esprit de l’époque. L’une des belles idées du film est l’introduction d’un cinéaste des armées allemandes, intervenant à plusieurs reprises pour obliger des prisonniers indigènes,  le convoi de villageois à tourner des scènes utilisées ensuite dans des actualités, des films de propagandes. Une réflexion sur le rôle des images, qui est encore d’actualité de nos jours.  

Pathé Distribution

Un film profondément humain marqué par la naissance de belles amitiés.En mai fais ce qu’il te plaît ne relate pas seulement l’exode d’un village, mais aussi la quête d’un père Hans (August Diehl) pour retrouver son fils Max, l’amitié entre un soldat écossais et un activiste allemand. Christian Carion a choisi de nous raconter plusieurs histoires qui s’entrelacent. La relation entre Hans et Max – fil rouge du film- et la manière dont chacun cherche à retrouver l’autre apporte beaucoup d’humanité et d’émotion. Le film contient plusieurs moments où de belles amitiés naissent alors les bombes sèment la mort. Citons, la scène de la « fraternisation » du soldat Anglais (Matthew Rhys), du villageois français (Laurent Gerra) et de l’Allemand (August Diehl) autour d’une bonne bouteille, qui bien-sur nous fait penser à celle du match de foot de Joyeux Noël.La qualité du jeu de l’ensemble des acteurs accentue le côté poignant du film. Donnons une mention spéciale à Olivier Gourmet irréprochable dans son rôle de maire et à August Diehl que l’on a pu voir dans Inglourious Bastard de Quentin Tarantino ou Les Faussaires de Stefan RozowitzkyLa musique d’Ennio morricone, quand à elle, donne aux  scènes une belle puissance émotionnelle.

Pathé Distribution

Grâce aux reconstitutions fidèles et au jeu des acteurs, le spectateur ressent la peur des personnages, leurs déceptions, leurs colères, leurs rivalités. Il imagine aisément à quoi ont dû faire face ces Français de 1940 : la séparation des familles, les messages laissés sur les murs ou les tableaux de classe, les bombardements, la mort injuste et violente …