Forced Entry -Viol Sans Issue (Meurtres, viol et mysoginie)

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Genre : thriller (interdit aux moins de 16 ans)
Année : 1975
Durée : 1h27


L'histoire : Nancy rentre chez elle: les enfants sont a l'école, elle est seule. Mais dans la maison, un homme est tapi, avec en téte des idées de viol. 


La critique :

Attention, à ne pas confondre Forced Entry (en français, Viol Sans Issue), réalisé par Jim Sotos en 1975, avec le film homonyme (donc toujours Forced Entry) de Shaun Costello et sorti en 1973 ! En l'occurrence, le film de Jim Sotos est aussi connu sous le titre de The Last Victim. Visiblement, le long-métrage s'inscrit dans la vague du rape and revenge, très en vogue dans les années 1970.
A l'époque, ce sont des films tels que La dernière Maison sur la Gauche (Wes Craven, 1972), Day of the Woman (Meir Zarchi, 1978) et Thriller - A Cruel Picture (Bo Arne Vibenius, 1975) qui triomphent dans les vidéos clubs et s'imposent comme les nouvelles références d'un cinéma à la fois violent et percutant. Les ressemblances scénaristiques entre le Forced Entry de Jim Sotos et celui de Shaun Costello sont troublantes.

Certes, la version de Shaun Costello est un porno à la fois libidineux et sanguinolent, annonciateur de films outrecuidants et licencieux (entre autres Baise-Moi et A Serbian Film). Or, le film de Jim Sotos n'est pas un film pornographique. Il s'agit éventuellement d'un thriller "érotique", à défaut d'être réellement sulfureux. Pourtant lui aussi part du même postulat.
Le pompiste du film de Costello a été copermuté avec Karl, un mécanicien qui travaille dans un garage. C'est d'ailleurs l'introduction du film qui nous est contée par une voix-off : "Il ne faisait jamais de bruit et n'intéressait personne. C'était le genre de type que l'on ne remarquait pas. Il faisait partie du décor comme le papier peint...". A priori, Karl est un homme sans histoire, une personne tout à fait banale.

C'est sur cette longue homélie que commence Forced Entry... Enfin Viol Sans Issue. Dès les premières minutes, Jim Sotos se focalise sur le proche voisinage de Karl, qui le décrit comme un jeune homme insoupçonnable. Ensuite place au générique sous les roulements de tambour et une musique (dissonante) typique des années 1970. Le film peut enfin commencer !
Attention, SPOILERS ! Karl mène une vie fastidieuse entre son travail de mécanicien et sa vie triste et solitaire. Régulièrement, il espionne de jolies femmes jusqu'au jour où il s'en prend à une blondinette en panne de voiture. A moitié nue, cette dernière s'échappe dans la forêt. Mais Karl la retrouve, tente de la violer et la tue. Parallèlement, il fait la rencontre d'une bourgeoise (Tanya Roberts).

Amoureux de la "belle", Karl s'immisce dans la demeure cossue de l'intéressée avec la ferme intention de la violer. Au niveau du scénario, peu ou prou de surprises. En outre, le script est de facture classique et laconique. Jim Sotos s'acharne à suivre le point de vue de son "héros" (vraiment un terme à guillemeter) principal. Dans un premier le temps, le cinéaste se focalise sur les activités lubriques et psychopathes de Karl. Le jeune homme s'en prend à de jolies femmes (je renvoie au synopsis).
Mais le forcené n'est pas la puissante bête sexuelle qu'il vocifère à satiété avant de massacrer ses victimes. Le serial killer ne veut pas seulement dominer, mais être aimé et désiré par celles qu'il massacre et assassine. Autrement dit, Karl n'arrive pas à bander. Irascible, le psychopathe fulmine et les étripe avec un vulgaire opinel.

Sur ce dernier point, Jim Sotos ne nous épargne aucune remarque mysogine : "Salope", "Connasse", "Vous êtes toutes les mêmes !", telles sont les avanies de l'intéressé, décontenancé par la pruderie de ses victimes, qui refusent évidemment de s'abandonner à lui. Retour à notre petite bourgeoise. Karl décide d'assaillir la jeune femme. Encore une fois, peu de surprise au niveau du scénario.
Cette fois-ci, c'est la trentenaire patricienne qui prend les choses en main et se venge du courroux de son tortionnaire. Face à la cruauté des hommes et à leurs satyriasis, ce sont désormais les femmes qui édictent les règles de bonne conduite. Karl est donc sommé de ranger son pénis en détumescence. Pour le reste, le rythme de cette pellicule impécuniaire est pour le moins lénifiante.

Jim Sotos s'attarde largement (beaucoup trop) sur l'oisiveté de Karl. Régulièrement, le spectateur est convié à sonder la psyché (en forme d'autoscopie mentale) du tueur en série. Seul souci, et pas des moindres, l'assassin ne présente presque aucun intérêt. Niveau interprétation, pas grand-chose à signaler non plus. Ron Max joue le rôle du psychopathe azimuté de service.
Clairement, on a vu pire mais surtout beaucoup mieux au cinéma. Quant à Tanya Roberts, encore méconnue à l'époque, la future vedette de Dangereusement Vôtre se montre totalement absente du film et peu concernée par son personnage. Enfin, côté réalisation, Jim Sotos adopte un ton quasi documentaire, assez typique du rape and revenge, caméra à l'épaule, mais ne parvient jamais à transcender son sujet.
Bref, sur la forme, Viol sans Issue s'apparente à une petite série B sans envergure, avec parfois une ambiance assez malsaine. Les rares qualités du film reposent sur ce périple claustrophobique lorsque Karl analyse sa propre solitude. Hélas, ces mêmes qualités sont bien trop minces pour sauver le film de l'ennui voire de l'anesthésie générale. Pas un navet, mais pas loin !

Note : 06/20