Ce mardi 3 novembre 2015, nous avons pu assister à l’avant-première du dernier film de Claude Lelouch, en présence du réalisateur lui-même et de ses acteurs. C’est avec une émotion non dissimulée que l’on a pu approcher un de nos artistes fétiches, véritable icône du cinéma de genre des années 80, en la personne de Christophe Lambert et avec un véritable plaisir que nous avons pu profiter de l’ambiance bonne enfant qui régnait entre les cinq compères, Zylberstein et Dujardin ne cessant pas une seconde de faire rire les pitres, livrant quelques anecdotes croustillantes de tournage tandis qu’Alice Pol fut plus discrète. Une fois n’est pas coutume mais l’on doit reconnaître que l’équipe de Un + Une fut vraiment disponible et agréable ce qui ne va pas de soi. Certain, comme Les Inconnus enchaînent plutôt les avants-premières sans aucun respect pour leurs spectateurs.
Antoine (Jean Dujardin que l’on a vu dans 9 mois ferme, Monuments Men et La French), compositeur de film, cabotin et infidèle, entame une relation sérieuse avec Alice (Alice Pol), pianiste professionelle. Alors que leur relation le rend plus sage, il part en Inde pour superviser l’enregistrement d’une bande originale. Il y fait la rencontre d’Anna (Elsa Zylberstein), la femme de l’ambassadeur (Christophe Lambert). Alice (Alice Pol)
L’ambiance régnant sur la scène à la fin de la projection, les acteurs euphoriques, visiblement ravi de rencontrer leur public, sonne comme une confirmation de la démarche de toujours de Lelouche, mettre ses acteurs en confiance et les mettre au coeur de l’aventure cinématographique. On ne peux nier la complicité qui les animent. Les anecdotes croustillantes fusent tels Zylberstein racontant comment elle a été mis sous antibiotique après sa scène tournée dans le Gange ou comment les gardes du corps ne suivait que Dujardin et refusait de la protéger en hochant négativement de la tête. Dujardin chambre Lambert sur son statut d’acteur culte, d’immortel. Bref, l’investissement de la petite troupe semble enthousiaste. Mais pour quel résultat ? Un + Une, effectivement, déroule un scénario creux, dont seul l’aveuglement amoureux des acteurs pour Lelouch ne peux les pousser à le pousser aux nues. D’autant plus que ses tiques de réalisation sont tenaces. Sanjay (Abhishek Krishnan) et Ayanna (Shriya Pilgaonkar)
L’habitude de Lelouch de forcer sur les gros plans, si elle permet de désacraliser l’acteur (Dujardin apparaît presque bouffie par instant), devient vite lassante. Sa coutume de filmer sans filtre, avec peu de souci pour la lumière et l’esthétique, donne à l’allure graphique de ses films un ton toujours très télévisuel qui échoue à sublimer ses propos.Sur un thème similaire à tant d’autre comédie romantique (jetez un œil du côté de La ritournelle de Marc Fitoussi ou du magnifique Marie-Jo et ses deux amours de Robert Guédiguian), à savoir l’adultère, Lelouch réussit l’exploit de multiplier les lieux communs. Piètre dialoguiste, le metteur en scène arrive à rendre les propos de ses personnages si abscons qu’il en deviennent désagréable et totalement étrangers aux spectateurs. Les tentatives d’intellectualiser leurs conversations entre beaufs butent sur des personnages qui s’écoute parler eux-même. Comble de la facilité, Lelouch balance une dose de spiritualité New-Age pour donner de la substance aux dialogues mais ne fait qu’agacer avec tant de bon sentiments mielleux. Anna (Elsa Zylberstein) et Antoine (Jean Dujardin)
Comme ils l’ont dit ce soir, Lelouch fait de la vie de ses acteurs, un tournage permanent où les uns et les autres n’arrivent plus à distinguer le tournage des moments privés. Cette spontanéité, cette écriture au jour le jour, est pensée comme un manifeste. A vrai dire, nous la considérons plutôt comme l’éloge du vide. Dans Un + Une, il ne se passe strictement rien et l’innocuité des échanges vous plongera dans un ennui total. Si vous aimez les bons mots, votre maigre consolation ira se loger dans les quelques saillies humoristiques d’Antoine, mais on reste bien loin d’Audiard… Pour les groupies, le film sortira le 9 Décembre 2015 en salle.
Boeringer Rémy
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