Après son premier film "Une hirondelle a fait le printemps" (2001) le réalisateur semble se spécialiser dans l'historique après le joli "Joyeux Noël" (2005) dans les tranchées de 14-18 et "L'affaire Farewell" (2009) dans l'espionnage de la Guerre Froide. Cette fois il planche sur le grand Exode de mai 1940, période charnière à tous les niveaux. Au casting nous trouvons l'excellent Olivier Gourmet, la jeune Alice Isaaz, le méconnu August Diehl (vu dans d'autres films sur 39-45 dont le très bon "Les Faussaires" en 2007 de Stefan Ruzotz ky et "Inglourious Basterds" en 2009 de Quentin Tarantino), Jacques Bonnafé et le comique Laurent Gerra qui semble avoir du mal à retenir de rire et enfin Mathilde Seigner qui retrouve le réalisateur après "Une hirondelle..."... En prime la musique est signée du Maestro Ennio Morricone qui ne semble pas avoir été très inspirée pour une BO trémolo, jolie mais sans envergure. Pour ce film la production a fait appel aux témoignages afin d'étoffer le scénario. Sur ce point l'évidence est qu'effectivement un sérieux a été apporté au réalisme des faits comme sur les décors et costumes pour une reconstitution soignée, presque trop soignée au point que la violence n'est jamais choquante ou réaliste, à contrario de la beauté de l'imagerie de l'ensemble.
Note :Pour cette caravane qui fuit l'arrivée imminente des allemands nous avons droit à un beau panel gaulois qui va du Maire à l'institutrice en passant par la tenancière et l'ivrogne... Mais au final cette exode est étonnament secondaire puisque le récit se focalise avant tout sur cet allemand réfugié qui cherche à retrouver son fils. On est quasi en hors sujet, un comble, d'autant plus quand on lit certaines déclarations du réalisateur comme ... Le soucis est qu'on ne ressent jamais cette énergie, ni du côté des enfants qui sont très secondaires dans le film, ni dans la caravane plutôt endormie et qui est finalement peu traitée comparée aux personnages principaux que sont finalement le papa allemand et son fils. Et quand on a prend que l'une des références de Carion est Terrence malick (pour la référence sur l'espace et la nature) on sourit gentillement. On serait presque dans la potage de "Ma mère m'a dit que c'était un des plus beaux mois de sa vie. Le plus chaud du 20e siècle aussi ! Ils dormaient à la belle étoile. Elle était éclaireuse sur son vélo, comme l'institutrice dans le film. Comme elle, ma mère n'a pas toujours raconté ce qu'elle voyait. C'était un monde renversé. Mais pour quelqu'un qui avait 14 ans à l'époque cela avait quelque chose de formidable. J'ai essayé de toujours garder en mémoire cette énergie, cette envie de vivre, qui nous ont guidés à l'écriture du film"et aussi "Toutes proportions gardées, lorsque que nous regardons "Titanic" (1998) de James Cameron, nous savons bien qu'à la fin le bateau coule ! L'exode de mai 1940, c'est la France qui coule. Ce n'est certes pas très beau à voir, mais comme sur le Titanic, sur les routes de France il y a des gens qui veulent vivre, survivre. Ce qui m'intéresse c'est l'énergie de ces gens qui ne veulent justement pas couler. Je vous propose de faire un film à hauteur des Français qui étaient sur les routes et qui ne voulaient pas sombrer.""La rafle" (2010) de Rose Bosch. Heureusement les acteurs sont bons (à l'exception notable de Laurent Gerra), il y a une sincérité évidente et certaines scènes sont particulièrement efficaces (les chars allemands qui traversent les champs ou la photo trouvée par le papa allemand) et on apprécie qu'il n'y ait aucun manichéïsme même si c'est effectué au burin. On frôle la catastrophe, et même si on est généreux sur la note ça reste sans doute le film le plus décevant de Christian Carion.