Educateur reconverti en roi du stand up, trublion du paf dans la mini-série « Bref », auteur, rappeur, comédien, humoriste et aujourd’hui réalisateur… Kheiron n’en finit pas de nous surprendre à travers ses multiples talents.
Pour son premier long métrage, le jeune cinéaste rend un merveilleux hommage à ses parents dont il brosse le portrait avec une tendresse teintée de dérision et une délicatesse aux nuances d’admiration.
Voici donc Hibat (interprété par Kheiron), opposant au régime du Shah, incarcéré 7ans et demi pour avoir exprimé ses opinions politiques ; avocat n’ayant jamais pu exercer, cet infatigable résistant est un utopiste convaincu, un militant pacifiste qui aime son épouse autant qu’il la craint. Fereshteh (Leïla Bekhti) est tout aussi passionnée que son mari. D’une mauvaise foi irrésistible, elle manie sa verve redoutable avec éloquence et voue un amour absolu à sa famille.
De la lutte et des représailles en Iran à la fuite en Turquie, de l’année de clandestinité à l’accueil en France où il faut repartir de zéro, ce couple uni n’a de cesse de faire preuve de courage, de ténacité, de force de caractère, d’altruisme et d’espoir. Et l’arrivée en Seine-Saint-Denis ne va pas être de tout repos. « Mes parents n’ont jamais cessé de militer ; ils ont simplement mis leur énergie au service d’une autre cause » explique Kheiron. « Ils ont compris le danger de l’illettrisme, de l’inculture, la nécessité de la solidarité et de l’entraide pour se sortir de situations qui semblaient perdues d’avance ».
Au gré des dialogues inspirés et des situations cocasses mises en scène avec humour et bienveillance, Kheiron illustre la réelle possibilité de conjuguer la culture au pluriel grâce à l’écoute et au partage, sans verser dans un idéalisme stérile.
Nous Trois ou rien est un film personnel débordant d’amour et dénué de pathos, un récit rempli d’émotions traité avec esprit, un drame abordé sous l’angle de la comédie bourré de charme, qui invite à la réflexion et redonne espoir. Bref, on aime beaucoup.
Sortie le 4 novembre 2015.