Synopsis : "Récemment renvoyé par sa société, un capitaine de sous-marin est embauché pour trouver un trésor gisant au fond de la mer."
La distribution de Black Sea, tout un programme sur lequel on pourrait disserter pendant plusieurs heures. Sorti il y a plus de six mois, disponible sur Internet depuis à peu près la même date, le film vient à peine de sortir en France, et même pas en salles. Si cette destinée est commune pour des petites productions sans grande envergure, sur le papier, cela paraît plus surprenant pour un film de Kevin Macdonald, le réalisateur du Dernier Roi d'Écosse.
J'aime bien Kevin Macdonald. Si je n'adhère pas complètement à tous ses films (aucune attache émotionnelle avec son Marley, et je n'avais apprécié qu'une partie de son Aigle de la Neuvième Légion), à l'époque où j'ai découvert ses films, j'avais trouvé son travail très correct. Jusqu'à ce que je vois, aujourd'hui, son Black Sea. Pas que le film soit une catastrophe sur tous les points, mais il n'arrive jamais à briller ou à être vraiment de qualité.
J'évite toujours de mélanger argent et qualité quand on parle de box-office ou de distribution. En effet, je pense qu'un grand film pourra faire des résultats médiocres au box-office, et inversement. Mais il existe une expression assez drôle qui consiste à parler d'un film "tourné comme un dtv" pour qualifier sa médiocrité ou sa faiblesse visuelle. Et l'expression colle merveilleusement bien à ce Black Sea, tant le film est laid dans ses CGI et pas bien inspiré dans sa mise en scène. La réalisation de Macdonald n'est pas à proprement parlé mauvaise, mais elle manque cruellement d'efficacité ou d'innovation. On est dans le factuel total, et parfois même sans que cela marche bien. On se retrouve toujours à un moment ou à un autre dans des clichés scénaristiques renforcés par la réalisation de Macdonald, ce qui plombe le film.
Car oui, si la mise en scène n'est pas brillante, le scénario suit malheureusement. On est ici au milieu d'un heist-movie social d'un classicisme et d'une prévisibilité même que l'un des intérêts du film est de savoir à quelle minute exactement quel personnage va accomplir quelle action, tant il est certain que certaines choses vont arriver. Et ce qui est dommage, c'est que tout ce que l'on peut prévoir arrive. Si on rajoute à cela que les personnages sont globalement tous mal écrits, que le background de Jude Law est à peine effleuré, et que le contexte politique en or n'est quasiment jamais exploité, le film tient mal debout. Tant par son écriture, ses dialogues parfois d'une médiocrité gênante, ses CGI (qui ont dû être réalisés par des animateurs 3D au chômage depuis qu'ils ont fait les cinématiques des menus des DVD de Buffy) ou sa mise en scène qui surligne tout (et que je te fais des gros plans sur des gens pas contents pour essayer de créer une tension inexistante), Black Sea navigue entre le très mauvais et le pas trop hideux. Autrement dit, ce n'est pas très bon.
Mais Macdonald a embarqué avec lui de grands acteurs, et c'est cela qui le sauve. Si Ben Mendelsohn commence à s'enfermer dans des rôles de méchants psychopathes, Jude Law parvient à tirer son épingle du jeu en changeant son accent et son style de jeu pour délivrer une grosse performance. À ses côtés, Scoot McNairy (l'un des lead-roles masculins de la série Halt and Catch Fire) joue avec une image de bourgeois effrayé par les fonds marins (et les marins). Si son rôle est parfois très cliché, au moins il se débrouille bien avec, et c'est ce qui évite au film le naufrage complet.
En Conclusion :
À la fin, on se dit que c'est dommage. Dommage que Macdonald en soit venu à réaliser ce genre de choses. Dommage aussi qu'un film qui aurait pu se révéler efficace et divertissant soit finalement frustrant et un peu chiant sur les bords. Dommage que ses acteurs perdent un peu leur temps en faisant le film. Et dommage que l'on n'ait pas eu autre chose à regarder autour d'un chocolat chaud en plein automne.