En fait, il faudrait faire comme elle, disparaître une semaine et rencontrer une adolescente, pour passer du temps loin de toutes les contraintes vendues avec la vie d’adulte. Quelques jours à être insouciante, à se prendre pour une lycéenne, à fréquenter des jeunes et leurs problèmes. Girls Only n’exploite pas seulement ce fantasme de l’adulte régressant, mais également l’ado qui peut vivre des épreuves toutes aussi marquantes que nous, les grands. Sommes-nous définis par ce qu’on a vécu à l’école ? Nos amis rencontrés à cette époque ? Le film rapporte justement que nous avons nos propres décisions à prendre et qu’elles ne nous ont pas à être imposées par un groupe, sous prétexte qu’on se connait depuis des années et qu’on doit évoluer ensemble via un diktat social. Oui, il est possible de rencontrer de nouvelles personnes, ne pas faire comme tout le monde, ne pas grandir à la même vitesse que son entourage et surtout, ne pas avoir les mêmes attentes.
Malheureusement, ce cocon amical n’était pas obligé de ressortir à l’écran par des clichés, notamment par la meilleure amie, ultra parfaite, tirée à quinze épingles, perles aux oreilles, qui a déjà planifié sa vie (et celles de ses amies) sur 30 ans. Le personnage d’Allison est tellement agaçant et antipathique. Vous me direz que c’est fait exprès, mais était-ce vraiment nécessaire de pousser le cliché aussi loin ? Les relations de couple sont particulièrement mis à mal : entre les divorcés, les infidélités, l’hypocrisie, le « amour pour la vie » (ah oui ! Le petit ami, Anthony, joué par Mark Webber, le charisme d’un bulot, la naïveté en plus et le caractère en moins. Bon sang ce qu’il est niais ! Il est d’un chiant, on doit sacrément s’ennuyer avec un mec pareil). Ça donne envie de sa caser quand on fait un aussi joli portrait du couple.
Girls Only se laisse regarder, on comprend le traitement de l’adulte qui a du mal à grandir et qui ne sait pas trop quoi faire de sa vie, malmenée par son groupe d’amis qui lui rappelle sans cesse qu’elle n’a pas évoluée comme eux. C’est un film qui pousse à aller chercher ailleurs ce qu’on n’a pas réussi à trouver dans les vieux pots ou dans les acquis. Sortir de ses habitudes et de sa zone de confort pour trouver qui l’on est, tout en malmenant certaines valeurs. La présence de Sam Rockwell vient secouer un peu le tout. Les prestations de Knightley et Chloe Moretz sont loin d’être étourdissantes.
À regarder si on se sent perdu.
Bonus (très belle qualité d’image):
- Making of (11 minutes) : Les 3/4 de ce segment sont consacrés à la réalisatrice, Lynn Shelton, pourquoi elle a choisi ce scénario, pourquoi Seattle et surtout, c’est une succession de commentaires très élogieux de la part de l’équipe, à quel point elle est formidable, le tournage décontracté, etc. Aucune utilité.
- Interview décalée – Keira Knightley par Sam Rockwell (2 minutes) : Tous les deux à prendre un petit déjeuner, Rockwell pose des questions préparées à Knightley. Concept amusant qui manque de spontanéité.
Sortie en vidéo le 18 novembre.