Synopsis : "Un message cryptique surgi du passé entraîne James Bond dans une mission très personnelle à Mexico puis à Rome, où il rencontre Lucia Sciarra, la très belle veuve d'un célèbre criminel. Bond réussit à infiltrer une réunion secrète révélant une redoutable organisation baptisée Spectre.
Pendant ce temps, à Londres, Max Denbigh, le nouveau directeur du Centre pour la Sécurité Nationale, remet en cause les actions de Bond et l'existence même du MI6, dirigé par M. Bond persuade Moneypenny et Q de l'aider secrètement à localiser Madeleine Swann, la fille de son vieil ennemi, Mr White, qui pourrait détenir le moyen de détruire Spectre. Fille de tueur, Madeleine comprend Bond mieux que personne...
En s'approchant du cœur de Spectre, Bond va découvrir qu'il existe peut-être un terrible lien entre lui et le mystérieux ennemi qu'il traque..."
Il a 52 ans, mais depuis quelques années, ce personnage iconique a décidé de s'offrir une cure de rajeunissement. Daniel Craig a réussi en quatre films à prouver que l'on peut s'accaparer un personnage incarné par plusieurs acteurs successivement. Il est devenu James Bond. Ce dernier est devenu plus froid, suite à des évènements contés, essentiellement dans le premier film. Casino Royal cherchait à mettre en place et à développer les origines du personnage. Quantum of Solace a essayé tant bien que mal de se placer en temps que suite directe du précédent film. Malheureusement, son scénario brouillon, ses scènes d'action rappelant un Jason Bourne sous LSD et son méchant aux revendications risibles ont simplement réussi à faire de lui, le pire film de la saga. Sur 23 films à l'époque, une belle prouesse. Après un Skyfall prodigieux, tant sur le plan esthétique que scénaristique, comment Sam Mendes envisage-t-il l'avenir de l'agent secret le plus connu au monde ? La nouvelle ère bondienne que l'on vit actuellement serait-elle sur le point de s'achever ?
Rassurez-vous, l'on ne va rien vous dévoiler sur la fin du film, ni sur ses principaux rebondissements. Puisque oui, à l'image de Skyfall et à l'instar des deux films qui ont précédé ce dernier, Spectre possède ses quelques rebondissements. Qui sont véritablement ces personnages ? Pour le compte de qui agissent-ils ? Des rebondissements que l'on verra venir au préalable, mais qui permettent au film de maintenir un rythme qui ne faiblit pas durant 2h30 de rang. Avec cette nouvelle ère bondienne instaurée en 2006, les producteurs de la franchise semblent vouloir donner un souffle nouveau à la saga. Alors que Casino Royale instaurait la mise en place d'un nouveau James, un Bond athlétique, froid et anarchiste, car réfutant la haute autorité, mais pas celle d'une mère protectrice, Skyfall allait dans son opposition. La déchéance d'un homme qui doit voir la mort en face pour accepter de devenir un pion. On a connu les débuts et la fin de ce personnage qui est maintenant redevenu celui que l'on connaissait auparavant. Un séducteur invétéré, roi de la gâchette, mais qui a su conserver cet esprit rebelle qui lui colle à la peau. James Bond est de retour, mais avec 007 Spectre on nous prouve que l'envie première n'est plus de se vouloir moderne et aux antipodes de la saga, mais dans une logique de continuité. Envie de faire de cette ère bondienne, une ère à part qui se forge sa propre identité en exploitant des codes déjà assimilés par les la saga. Est-ce que le scénario de ce 007 Spectre apporte des éléments majeurs permettant de bâtir les fondements qui vont permettre à certains films de la saga de se connecter les uns aux autres ?
Non, mais Sam Mendes confirme vouloir exploité les fondamentaux des opus premiers de la licence. Spectre est un nom bien connu des spectateurs qui ont déjà vu certains films James Bond (notamment les 7 premiers films). Avec 007 Spectre, Sam Mendes et les producteurs de la franchise, ressuscitent le Spectre et lui offre un second souffle. James Bond a toujours été une licence qui s'adapte à son temps. Chaque ère bondienne possède une identité bien à elle et avec Daniel Craig on a découvert un Bond froid, dont le pire ennemi, n'est autre que lui-même. Un protagoniste qui est à l'image de notre société, qui évolue en même temps qu'elle. Le Spectre est donc l'élément parfait à inclure en 2015. Une organisation dont l'objectif est de créer la peur chez le commun des mortels. Mettre en place une anarchie par le contrôle des plus hautes autorités et pouvant utiliser les moyens technologiques adéquats pour arriver à leur fin. Conquérir le monde de l'intérieur, tout en restant dans l'ombre. C'est ce qu'on appelle le terrorisme 2.0, pouvant amener à la paranoïa collective.
Au-delà de cette résurrection intéressante du Spectre, les scénaristes (qui sont plus de six à avoir collaboré sur ce film) s'en servent pour recoller les morceaux et permettre à ce film de devenir le corps de l'araignée. Enfin, James Bond fait face à un némésis à sa taille. Un ennemi qui sur le papier se nomme Franz Oberhauser, dirigeant du Spectre, mais qui en réalité pourrait être autre. Métaphore qui pousserait à croire en la paranoïa collective et déclamant que l'ennemi est partout, inatteignable. Malgré quelques problèmes d'écriture et notamment dans sa narration, le scénario de se 007 Spectre s'avère intéressant dans son sous-texte et judicieux dans la construction de quelques-un de ses personnages. Les personnages tertiaires sont absolument quelconques et n'ont comme seule utilité de faire progresser le récit ( Andrew Scott, Monica Belluci), mais certains personnages secondaires s'avèrent modernes, car dans la veine d'un certains Mission Impossible : Rogue Nation. Les rapprochements sont évidents, que ce soit les utilisations respectives des personnages ou dans la façon de mettre en scène leurs oppositions ou alliances. Une mise en scène inégale, mais suffisamment efficace pour donner du cachet au scénario et faire de ce 007 Spectre un excellent cru.
007 Spectre est un film qui peut être vu et apprécié en tant que pur divertissement, mais qui se place surtout dans une logique. La logique de vouloir replacer James Bond dans une continuité avec des éléments, ainsi que des personnages connus des adeptes, qui font de nouveau leurs apparitions. Judicieusement placées et utilisées, le scénario n'est pas bâti intégralement autour de ces références, n'entachant pas le plaisir du spectateur lambda, venu simplement voir un divertissement hollywoodien. Puisque oui, un film James Bond, c'est avant tout du divertissement et 007 Spectre en est un de très bonne qualité. Au-delà de son scénario de plus ou moins bonne qualité, on attend d'un James Bond, un film qui mêle l'action à l'aventure. Des scènes d'actions spectaculaires qui font traverser le monde au spectateur. De ce point de vue là, 007 Spectre est une réussite. Grâce à une narration qui place avec astuce les scènes d'action de manière à ce qu'elles ponctuent de longues séquences de dialogues, ces dernières relancent sans cesse le film. Impressionnantes par leurs chorégraphies, c'est par le montage que les courses-poursuites et les combats gagnent en dynamisme et en intensité.
En Conclusion :
Le véritable problème de 007 Spectre, et ce, même en terme d'action, est de passer après Skyfall. Sam Mendes était d'avantage investi dans le développement du précédent opus et s'avérait beaucoup plus inspiré en termes de mise en scène. Même si tout ce qui est mis en place et effectué dans ce 007 Spectre est de qualité, il manque à chacune des séquences la pointe d'ingéniosité d'un metteur en scène inspiré. On ne retrouve pas les money shots du précédent film. On retrouve cependant une réalisation maladroite qui paradoxalement peut enchaîner le plan-séquence de l'année avec de la shaky cam désespérante. 007 Spectre, est un divertissement spectaculaire et intense de près de 2h30. Mélangeant humour british, romance et action avec plus ou moins d'intelligence, le scénario fonctionne bien si on prend la peine d'aller voir au-delà de la simple couche du divertissement. Néanmoins, il manque ce petit truc qui aurait permis au film d'être plus qu'un très bon James Bond. Artistiquement le long-métrage est réussi, même si le talent du directeur de la photographie est bridé par l'envie de faire du Roger Deakins, mais sans la maestria de Roger Deakins. Musicalement c'est une autre affaire. Thomas Newman se contente simplement de compositions qui servent à enjoliver l'image. De simples musiques d'ambiance, qui n'ajoutent rien aux séquences et qui au contraire, vont venir télescoper la tension mise en place par la mise en scène. Ça résume finalement bien ce 007 Spectre, qui est encore une fois très bon, mais dont les défauts viennent entacher, des qualités qui auraient pu être encore plus belles et impressionnantes.