[Critique] Les Anarchistes, ou l’art du conventionnalisme

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Réalisé par : Elie Wajeman
Avec :
Adèle Exarchopoulos, Tahar Rahim et Swann Arlaud 
Sortie :
11 Novembre 2015 

Durée: 1h41 min
Budget:
Distributeur :
Mars Film 

3D: Oui – non

Synopsis :
 
Paris 1899. Le brigadier Jean Albertini, pauvre et orphelin, est choisi pour infiltrer un groupe d’anarchistes. Pour lui, c’est l’occasion de monter en grade. Mais, obligé de composer sans relâche, Jean est de plus en plus divisé. D’un côté, il livre les rapports de police à Gaspard, son supérieur, de l’autre, il développe pour le groupe des sentiments de plus en plus profonds.

2 Stars


Notre avis :

Les Anarchistes, ou le scénario imaginaire. Voila le sous titre qu’aurait pu avoir le nouveau film d’Elie Wajeman, une ouverture de la semaine de la critique à Cannes audacieuse, mais illusoire. Alors que ces deux derniers mois ne manquaient pas de films politiques sous fond romantique, les Anarchistes semble avoir lui tiré à coté de son sujet.

Alors même que le film s’ouvre sur un générique prometteur et esthétiquement marqué, il ne décollera jamais. Nous restons dans l’attente que le drame se produise, et que le film s’anime enfin d’un souffle anarchiste. Elie Wajeman occulte délibérément la trajectoire de la fresque historique, et essaye de bâtir son drame historique à partir de détails intimistes, qui tisseraient une surface réfléchissante intensifiant les représentations. Or, rien ne se reflète dans le miroir. Le réalisateur n’arrive pas à rendre matière dramaturgique à son sujet, la faute peut être à un discours politique plaqué, et qui se contente de fausses réflexions.

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Wajeman semble si peu convaincu de sa narration qu’il crée un faux rythme de rencontre entre Jean ( Tahar Rahim) et son superviseur, qui rend compte toutes les vingt minutes de sa mission, prétexte postiche pour une récapitulation de l’action pour le spectateur. Et comme si cela ne suffisait pas, il vient ajouter un deuxième fil rouge, les entretiens entre Marie-Louise Chevandier et les membres du groupe anarchiste. Ces séquences, censées rythmer le film, offrent l’opportunité au réalisateur de développer l’intériorité des personnages. Mais elles restent trop brèves, et finalement tombent à l’eau. Le réalisateur aurait dû économiser ces minutes de tuteur pour enrichir le scénario, qui manque malheureusement de contenu. Il y a, dans ce film, un net problème de temporalité. Tout semble se dérouler dans une même action, et ne rend pas assez compte du long processus d’infiltration que demande la mission de Jean, alors peu crédible. Ce personnage ne rencontre aucun obstacle, on a  la sensation d’un non aboutissement de l’intrigue, qui vient se réfugier derrière une fin à l’arrachée.

L’unique promesse tenue par le film est celle du casting. Drame de complot de chambre à la James Gray, le trio Adèle Exarchopoulos, Tahar Rahim Swann Arlaud s’avère efficace. C’est parce que toutes leurs apparitions sont intenses qu’on peut finalement se laisser aller au jeu de l’anarchie.

Pour célébrer l’anarchie, il ne faudra donc pas compter sur Elie Wajeman, qui signe la révélation d’un jeune couple du cinéma français prometteur, Tahar Rahim et Adèle Exarchopoulos, plutôt qu’un film politique.

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