Un sujet pertinent et évident servi par deux actrices profondément complices.
En voulant s’attaquer à un sujet trop grand pour elle, Pascale Pouzadoux signe un film utile, certes, mais dépourvu – ou presque – de tout intérêt cinématographique. Adapté du roman éponyme de Noëlle Châtelet, La Dernière leçon montre comment Madeleine (Marthe Villalonga), 92 ans, décide de mettre fin à ses jours, alors qu’elle est encore intellectuellement alerte et bien portante. Ses enfants, Diane (Sandrine Bonnaire) et Pierre (Antoine Duléry), réagissent alors à cette décision de manière dubitative ou violente. La liberté de choisir sa fin de vie, débat terriblement d’actualité, est peu abordée au cinéma. Comme dans Les Invasions Barbares, le suicide assisté n’est souvent envisagé qu’en cas de maladie. La force du film est d’aborder ici cette question du point de vue d’une femme déterminée à ne pas voir sa propre déchéance.
Difficile alors pour l’entourage de concevoir la décision sans chercher une raison. Madeleine a-t-elle Alzheimer ? Est-elle dépressive ? Non, elle affirme son droit à choisir comment et quand mourir. Comme Sandrine Bonnaire le résume très bien, La Dernière leçon est un film « utile, solaire, un hymne à la vie ». Le duo d’actrices, la mère et la fille, Marthe Villalonga et Sandrine Bonnaire, transmet une grande complicité et une sincérité absolument touchante. De nombreuses scènes caustiques renforcent la puissance et le courage du geste décidé par Madeleine, transformant ce sujet grave en sujet profondément humain, avec ses moments joyeux et irrésistibles tout comme ses tristesses. Certains détails, filmés en gros plan, émeuvent et renvoient à la vie personnelle de n’importe quel spectateur : des bibelots rassemblés, des mains fripées, un corps vieillissant qui s’use… On pense alors tous à sa propre fin ou à celle d’un proche. Malheureusement, la portée du film se voit amoindrie par un manque d’inspiration de mise en scène, de subtilité dans le ton ou les dialogues. Le film suit une voie bien tracée, sans grande originalité, servie par une photographie digne d’un bon téléfilm. Petite bulle d’air pur, un beau soleil baigne Sandrine Bonnaire portant Marthe Villalonga sur son dos, dans une scène lumineuse. Mais certaines ficelles du scénario sont amenées avec de gros sabots inutiles ou foncent droit dans le clichés (le personnage de l’aide soignante, Victoria, en est un !). La Dernière leçon n’est donc pas une leçon de cinéma, loin de là. Il n’est reste pas moins que le sujet, fort et universel, parvient à nous toucher. En cela Pascale Pouzadoux fait mouche. On doute néanmoins de ses qualités de cinéaste ou de directrice d’acteurs…
La Cinéphile Éclectique (http://carnetscritiques.over-blog.com/)
Réalisé par Pascale Pouzadoux, avec Sandrine Bonnaire, Marthe Villalonga, Antoine Duléry…
Sortie le 4 novembre 2015.